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Un soleil éblouissant

Lausanne
Opéra
10/26/2012 -  
Jean-Baptiste Lully: Phaëton
Emiliano Gonzalez Toro (Phaëton), Gaëlle Arquez (Libye), Isabelle Druet (Théone, Astrée), Ingrid Perruche (Clymène), Andrew Foster-Williams (Epaphus), Frédéric Caton (Mérops, Jupiter, Automne), Benoît Arnould (Protée, Saturne), Cyril Auvity (Le Soleil, Triton, La Déesse de la Terre), Virginie Thomas (Une Heure, Une Bergère égyptienne)
Chœur de Chambre de Namur, Les Talens Lyriques, Christophe Rousset (clavecin et direction musicale)


(© Daniel Muster)


Créé en 1683, Phaëton est la huitième tragédie lyrique issue de la fructueuse collaboration entre Jean-Baptiste Lully et son fidèle librettiste Philippe Quinault. L’ouvrage a été, en son temps, l’un des plus populaires du compositeur. Pour l’ouverture du Festival Bach de Lausanne, il a été présenté en version de concert, avec les Talens Lyriques placés sous la baguette de Christophe Rousset. Pour la petite histoire, on signalera que le chef avait déjà proposé à Lausanne Roland en 2004, sous forme scénique cette fois. Bach (né deux ans après la composition de Phaëton) et Lully? Les responsables du Festival sont partis du postulat que le premier aurait été influencé par le second. Quoi qu’on en pense, le prétexte aura en tout cas permis d’entendre une partition très rarement jouée.


L’action de Phaëton est tirée de la mythologie grecque: le vaniteux Phaëton, fils d’Apollon, veut conduire le char du Soleil à la place de son père. Mais dans sa course folle autour du monde, l’imprudent incendie les pays qu’il survole. Pour arrêter la catastrophe, Jupiter envoie la foudre sur le malheureux, qui meurt projeté au sol. A 55 ans, à l’apogée de sa carrière, Lully glorifie, dans son ouvrage, son maître et mécène, Louis XIV. Dans une monarchie qui a fait de son souverain le «Roi Soleil», le message est pourtant à peine voilé: le char de l’Etat ne peut être conduit que par des mains expertes et légitimes. L’allégorie est encore plus mordante quand on sait que Phaëton s’interroge sur sa filiation. Louis XIV n’a-t-il pas fini par légitimer les nombreux «bâtards» royaux?


Tout a contribué à faire de cette soirée une réussite, sanctionnée par de vifs applaudissements du public. A la tête des Talens Lyriques, Christophe Rousset a proposé une lecture d’une précision et d’une netteté qui ont forcé l’admiration. Les différentes scènes se sont enchaînées avec fluidité et souplesse. Tout au plus pourrait-on regretter que le chef ait voulu privilégier la beauté du son au détriment de la tension dramatique, qui s’est parfois essoufflée. Le Chœur de Chambre de Namur, maillon essentiel de l’ouvrage, a livré une prestation impeccable, où la justesse le disputait à la fraîcheur. Le plateau vocal était parfaitement homogène. On retiendra notamment la prestance et le port royal de Gaëlle Arquez en Libye au beau timbre sombre et cuivré, ainsi que la Théone particulièrement émouvante et sensible d’Isabelle Druet. La noble Clymène d’Ingrid Perruche a aussi fait forte impression, avec ses accents des plus expressifs. Chez les messieurs, on a admiré la fougue et l’énergie de Cyril Auvity en Soleil, malgré une tessiture plutôt tendue, ainsi que la force et l’engagement de Benoît Arnould en Protée élégant et sonore. Emiliano Gonzalez Toro a une belle voix claire pour Phaëton, même si elle manquait quelque peu de mordant et de projection. Une soirée remarquable à tous points de vue!



Claudio Poloni

 

 

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