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Pelléas en version de chambre

Dijon
Grand-Théâtre
10/13/2012 -  et 23 (Saint-Nazaire), 29 (Antwerpen) septembre, 14* (Dijon), 19 (Bruxelles) octobre, 1er (Tromsø), 5 (Sandnes), 6 (Kristiansand), 8 (Halden), 9 (Moss) novembre 2012
Claude Debussy : Pelléas et Mélisande (arrangement Annelies Van Parys)
Florian Just (Pelléas), Mijke Sekhuis (Mélisande), Andreas Jankowitsch (Golaud), Knut Stiklestad (Arkel), Marie-Noëlle Vidal (Geneviève), Matthis Perreaux (Yniold)
Oxalys, Marit Strindlund (direction musicale)
Wouter Van Looy (adaptation, mise en scène, décors), Thomas Verachtert (lumières), Johanna Trudzinski (costumes), Vivian Cruz, Hectór Cruz, Wouter Van Looy (vidéo)


(© Hector Cruz)



Selon une habitude qu’il a désormais consacrée, l’Opéra de Dijon aime à ponctuer sa saison de mini-festivals, à l’instar des «bartokiades» au début de cette année, ou des «debussyades» cet automne, commémoration oblige, dont le point culminant et conclusif à la fois est ce Pelléas et Mélisande en version de chambre présenté au Grand-Théâtre. Arrangée musicalement par Annelies Van Parys pour une dizaine d’instrumentistes, la pièce est aussi adaptée d’un point de vue dramatique par Wouter Van Looy, directeur artistique du Muzietheater Transparant, structure productrice du spectacle. D’un peu moins de deux heures et joué sans entracte, il fait l’économie de certaines séquences jugées secondaires, telles la recherche de la bague dans la grotte ou le début du cinquième. De manière générale, l’intrigue se trouve resserrée autour de Mélisande, Pelléas et Golaud – et dans une moindre mesure Arkel – tandis que le personnage du médecin disparaît tout simplement. On y gagne en efficacité théâtrale ce que l’on perd en atmosphère évocatrice. Modernisée çà ou là, la langue court-circuite les circonvolutions de Maeterlinck et son génie du vague avec lequel il noie les certitudes dans les brumes froides d’Allemonde. Les questions du mari jaloux se font plus pressantes et exposent plus crûment leur violence. Par ailleurs la chronologie subit quelques remaniements – la lettre de Golaud ouvre le premier acte, reléguant la rencontre avec Mélisande, sensiblement raccourcie, à un statut de flash-back. L’objet ainsi obtenu conserve l’essentiel du «drame lyrique» de Debussy, mais par la modification du rythme interne, il le réduit, voire le trahit parfois.


La réécriture musicale ne dispose quant à elle plus des ressources du halo sonore et fascinatoire, hérité de Parsifal, que l’original avait à sa disposition. Cela étant, si les couleurs s’affirment avec plus de franchise, elles n’en perdent pas pour autant leur mystère et leur fragilité – peut-être même accentuée par la réduction de l’effectif –, et ne manquent pas de signaler avec plus d’évidence sans doute quelque ascendance wagnérienne inavouée. Partageant la scène avec les chanteurs, les musiciens de l’ensemble instrumental Oxalys réalisent un travail d’une fine expressivité, sous la conduite attentive de Marit Strindlund. Quoique non francophone, la distribution vocale affirme une remarquable maîtrise linguistique. Fragile jusqu’à une relative acidité, Mijke Sekhuis souligne la juvénilité innocente de Mélisande, aux côtés du Pelléas bien présent de Florian Just. Titulaire du rôle le plus riche, Andreas Jankowitsch assoie son incarnation de Golaud sur une voix solide et équilibrée. Knut Stiklestad réserve à Arkel de paternels accents. Marie-Noëlle Vidal satisfait dans le rapport épistolaire où se résume Geneviève et Matthis Perreaux circonscrit Yniold dans une blancheur idéale de naïveté plus que de vocalité.


Le dispositif scénographique choisi par Wouter Van Looy, et dont dépendent tous les protagonistes musicaux, fait procéder l’éclairage par un triptyque vidéographique où se succèdent des images en négatif pour la plupart nocturnes – on relève quelques beaux clairs de lune – tandis que sur les panneaux latéraux défilent, intégrés, les surtitres, d’une nécessité et d’une précision discutables, tout comme le concept, nonobstant sa cohérence qui ne l’est pas. Si dans sa réduction pour piano présentée en juin 2004 au musée d’Orsay l’opéra de Debussy livrait sa vérité toute nue, la proposition de Wouter Van Looy ne le dévêtit qu’approximativement.


Le site de Mijke Sekhuis
Le site de Florian Just
Le site d’Andreas Jankowitsch
Le site de Knut Stiklestad
Le site de Muziektheater Transparant
Le site d’Oxalys



Gilles Charlassier

 

 

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