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La ferveur de Gardiner

Paris
Salle Pleyel
10/08/2012 -  et 28 (Pisa), 30 (Köln) septembre, 1er (Amsterdam), 3 (Luxembourg), 5 (Baden-Baden), 9 (Bern), 13 (Wien), 15 (Budapest), 17 (London) octobre, 14 (Chapel Hill), 16, 17 (New York), 19, 20 (Costa Mesa) novembre 2012
Ludwig van Beethoven : Missa Solemnis, opus 123

Lucy Crowe (soprano), Daniela Lehner (alto), James Gilchrist (ténor), Matthew Rose (basse)
The Monteverdi Choir, Orchestre Révolutionnaire et Romantique, John Eliot Gardiner (direction)


J. E. Gardiner (© Maciej Gozdzielewski)


John Eliot Gardiner a l’habitude des marathons. Maître d’œuvre du désormais célèbre «Bach Pilgrimage» qui l’a conduit à donner, il y a quelques années, l’intégrale des Cantates de Bach, le voici maintenant qui dirige la Missa Solemnis de Ludwig van Beethoven (1770-1827) au cours d’une série de concerts qui doivent se dérouler à travers toute l’Europe (Vienne, Paris, Berne, Londres, Madrid) jusqu’à New York (Carnegie Hall) et la Californie (Costa Mesa), et ce du 28 septembre au 20 novembre. Rien que pour cela, chapeau bas au chef et à son indéfectible équipe de l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique et du Chœur Monteverdi.


Ayant signé une magnifique intégrale des Symphonies de Beethoven avec ce même orchestre au début des années 1990, on était impatient d’entendre ce que cela allait donner dans la Missa Solemnis (1818-1822). On a pu entendre des versions plus solennelles, avec Sir Colin Davis voilà près d’un an , des versions plus pieuses, comme celle qu’a pu donner Philippe Herreweghe en novembre 2011, des versions plus hiératiques comme l’illustre le fantastique concert dirigé en 1978 à Salzbourg par Herbert von Karajan … Ce soir, on aura plutôt entendu une version essentiellement marquée par la ferveur du discours.


Ferveur des instrumentistes qui, même s’ils étaient en effectif relativement modeste (seulement quatre contrebasses par exemple), sonnent pourtant très bien même si les vents sont parfois couverts par les cordes, notamment les clarinettes à la fin de l’Agnus Dei. Les accords des cuivres consécutifs à la lente introduction des cordes au début du Sanctus sont magnifiques de retenue; plus tard, ce sont les cors et les bassons qui confèrent au «Miserere», dans l’Agnus Dei, toute sa dramaturgie, Gardiner instillant une vraie théâtralité à l’ensemble. Ce caractère se retrouve bien évidemment du côté de la prestation du toujours excellent Chœur Monteverdi Choir, impressionnant dans le Kyrie et au début au début du Gloria («Et in terra pax»). N’ayant évidemment pas choisi ce type d’approche au hasard, Gardiner n’hésite pas à adopter un tempo de tous les diables lorsqu’il aborde l’« Et resurrexit » du Credo, accentuant ainsi le changement de climat avec ce qui précède. De même, dans une fulgurante accélération à laquelle nous ne sommes pas habitués dans cette œuvre, le chœur s’anime avec une étonnante vivacité lorsqu’il entonne le «Pleni sunt caeli» du Sanctus. Si cela marche en l’espèce, ce n’est pas toujours le cas néanmoins et l’on ne peut que regretter, dans certains passages qui auraient mérité à notre sens davantage de retenue (dans le Kyrie en particulier), une précipitation qui en est parfois même venue à mettre les instrumentistes en difficulté.


Quant aux solistes, s’ils ont globalement été bons, le résultat n’a pas toujours été probant. Si les voix féminines s’en tirent très bien (l’entrée de Lucy Crowe dans l’Agnus Dei fut d’une pureté tout à fait exceptionnelle, la jeune alto Daniela Lehner méritant également des louanges même si sa douce voix aurait gagné à avoir davantage de volume), leurs partenaires masculins sont plus irréguliers. Si elle n’émeut pas dans le pourtant si plaintif «Miserere», la basse Matthew Rose s’en tire honnêtement; certes, sa voix lui échappe en grande partie dans ce même passage mais, d’un autre côté, la douleur et la colère peuvent correspondre au climat ainsi souhaité. En revanche, le ténor James Gilchrist est trop souvent hors sujet, la forte projection de sa voix ne le fondant nullement dans le quatuor de solistes, sa justesse étant au surplus vacillante en quelques occasions.


Finalement, et hormis la prestation encore une fois excellente du chœur, c’est surtout la direction alerte, tout en souplesse et en implication de John Eliot Gardiner qui convainc et qui justifia l’ovation du public parisien, doublée par une standing ovation tout de même méritée. Dans un autre répertoire qu’il connaît tout aussi bien, on attend donc avec impatience le retour du chef anglais sur cette même scène le 7 avril prochain, avec cette fois-ci ses English Baroque Soloists, pour un autre monument: la Messe en si de Bach.


Le site de l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique et du Chœur Monteverdi
Le site de Daniela Lehner
Le site de James Gilchrist
Le site de Matthew Rose



Sébastien Gauthier

 

 

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