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Stradella le héros

Liège
Théâtre royal
09/19/2012 -  et 21, 23*, 25, 27, 29 septembre 2012
César Franck : Stradella (orchestration Luc Van Hove)
Marc Laho (Stradella), Isabelle Kabatu (Léonore), Werner Van Mechelen (Spadoni), Philippe Rouillon (Le Duc), Xavier Rouillon (Pietro), Giovanni Iovino (Michael), Patrick Mignon (Beppo), Roger Joakim (Un officier)
Chœurs et Maîtrise de l’Opéra royal de Wallonie, Marcel Seminara (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Paolo Arrivabeni (direction)
Jaco Van Dormael (mise en scène), Vincent Lemaire (décors), Olivier Beriot (costumes), Nicolas Olivier (lumières)





Une façade blanche, une cage technique, un foyer éclatant, des couloirs rafraîchis, une salle rénovée, des sièges confortables : fermé durant deux ans et demi, le Théâtre Royal de Liège ouvre de nouveau ses portes après d’importants travaux soutenus par l’Union européenne et la Région wallonne. Une telle initiative ne peut que rejaillir sur l’image d’une ville stimulante et, ainsi modernisé de fond en comble, l’Opéra royal de Wallonie entend renforcer sa position non seulement en Belgique mais aussi en Europe. L’exil au Palais Opéra a constitué une agréable parenthèse mais que le chapiteau paraît loin aujourd’hui : la satisfaction se lit sur le visage des spectateurs pour cette ouverture de saison.



Théâtre royal(© J. Croisier)


Un choix audacieux et inattendu : Stradella du jeune Franck. L’enfant du pays n’a pas achevé son premier opéra, probablement composé en 1841 et dont il ne subsiste que la partie piano et chant. Les trois actes reposent sur un livret d’Emile Deschamps et Emilien Pacini qui développent une version romancée de la vie du compositeur Alessandro Stradella (1639-1682) assassiné par un tueur à gages. Il s’agit d’une histoire d’amour contrariée comme tant d’autres et qui inspira un peu plus tard Friedrich von Flotow. A Venise, le Duc commande à Spadoni d’enlever une orpheline prénommée Léonore et dont il est épris. Evidemment, la belle préfère nettement Stradella qui l’aime en retour, ce que, pour corser le tout, le Duc ignore. Rien de bien original mais qu’en est-il de la musique ? Elle s’écoute avec bienveillance et un certain intérêt, parfois avec plaisir grâce à son invention thématique. Inutile d’y déceler les prémisses de la Symphonie en ré mineur, de la Sonate pour violon et piano ou des Variations symphoniques. Comme l’explique Joël-Marie Fauquet dans le programme de salle, l’ouvrage s’avère plutôt conventionnel par sa structure, son écriture et ses dimensions vocales. L’orchestration adroite de Luc Van Hove (né en 1957) restitue les couleurs de la musique du milieu du XIXe siècle en accordant toutefois une certaine importance aux vents mais sans passerelle vers la modernité comme dans Le Duc d’Albe complété par Giorgio Battistelli et représenté il y a peu au Vlaamse Opera (voir ici).



(© J. Croisier)


Ferme et rigoureux, Paolo Arrivabeni confère du relief à cette œuvre qui aurait pu paraître empesée et languissante avec un chef moins inspiré. L’orchestre retrouve enfin une acoustique plus appropriée que celle du Palais Opéra en ce sens que le son se perçoit nettement. Franck sollicite abondamment les chœurs qui se distinguent surtout dans la scène finale. Des chanteurs belges assurent trois des quatre rôles principaux. Marc Laho livre un Stradella de haute tenue : timbre clair, ligne maitrisée, chant compréhensible et nuancé. Endossant celui de Spadoni, Werner Van Mechelen témoigne de ses qualités habituelles au rang desquelles une diction soignée et une voix homogène. Isabelle Kabatu évolue à l’étroit dans le personnage de Léonore qui nécessite peut-être une voix moins musclée et vibrante tandis que le Duc de Philippe Rouillon prouve que la tradition du chant français n’est pas tout à fait perdue.


Jaco Van Dormael n’a pas eu la tâche facile mais l’auteur de Toto le héros, du Huitième jour et de Mr. Nobody s’en sort honorablement : malgré une direction d’acteur convenue, cette première expérience lyrique en appelle une deuxième. Le cinéaste instille un peu de son univers : au tragique s’ajoutent la fantaisie et la tendresse. Un plan d’eau recouvre la scène mais à force d’y patauger, les chanteurs ralentissent toutefois le mouvement général. Eclairés par Nicolas Olivier, les décors de Vincent Lemaire privilégient l’intemporalité et comportent de bien beaux effets visuels grâce notamment aux jeux de miroir. Quelques idées, parfois amusantes – la jeune femme nue qui réalise des bulles de savon géantes, la lune sur laquelle se détache un visage, le nuage qui dissimule une fenêtre, le poisson volant – et une image forte à la fin lorsque Stradella et Léonore s’enlacent sous l’eau.


Pour ce retour au théâtre, plus d’un attendait un spectacle festif et grandiose mais en ressuscitant ce Stradella, l’Opéra royal de Wallonie a fait œuvre utile. Avec L’Officier de fortune en version de concert le 20 octobre et Guillaume Tell en juin, la saison mettra à l’honneur un autre Liégeois, André-Modeste Grétry, dont la statue orne la place en face de l’édifice.


Le site de l’Opéra royal de Wallonie



Sébastien Foucart

 

 

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