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Bertrand Chamayou ou comment ne pas perdre au change Besançon Kursaal 09/19/2012 - César Franck : Prélude, Choral et Fugue
Claude Debussy : D’un cahier d’esquisses – Masques – Préludes (Second Livre): «Ondine», «La Terrasse des audiences du clair de lune» et «Feux d’artifice»
Franz Liszt : Années de pèlerinage (Deuxième année. Italie): «Sposalizio», «Il Penseroso», «Sonetto 104 del Petrarca», «Sonetto 123 del Petrarca» et «Après une lecture de Dante» Bertrand Chamayou (piano)
Se tenant du 14 au 23 septembre, la soixante-cinquième édition du festival de Besançon célèbre la jeunesse «sur scène et dans la salle» pour reprendre les termes de David Olivera qui cède son poste de directeur à Jean-Michel Mathé en charge jusque-là de celui de La Chaise-Dieu. La programmation met donc à l’honneur des talents prometteurs (Nikolaus Rexroth, Yuki Kakiuchi, Andrey Baranov pour en citer quelques uns), mêle les disciplines et propose des activités pour les enfants. «Artiste associé» et vainqueur du Concours de jeunes chefs d’orchestre de 1957, Gerd Albrecht souhaite «promouvoir la musique auprès des jeunes» et «encourager la nouvelle génération de musiciens». Voilà un festival bien de son temps : susciter les jeunes adultes et ceux de demain à se rendre au concert et donner sa chance à la nouvelle génération.
Une étoile montante pour remplacer Krystian Zimerman annoncé souffrant. Bertrand Chamayou débute par un Prélude, Choral et Fugue (1884) de Franck remarquablement tenu. Pondérée et naturelle, son interprétation repose sur une approche sérieuse sans être austère et sur une sonorité savoureuse. Suivent quelques pièces de Debussy, figure obligée cette année : D’un cahier d’esquisses (1903), Masques (1904) et trois Préludes extraits du Second livre (1910-1912), «Ondine», «La Terrasse des audiences du clair de lune» et «Feux d’artifice». Le pianiste en restitue la poésie et le climat avec tact sans baigner cette musique dans un flou impressionniste dont elle n’a pas besoin.
B. Chamayou (© Richard Dumas)
Le piano agile et délicat de Bertrand Chamayou peut se montrer particulièrement décidé et éloquent comme l’illustrent quelques pages tirées du deuxième cahier (1837-1849) des Années de pèlerinage de Liszt dont il a réalisé un enregistrement de premier ordre (voir ici). Creusée en profondeur, organisée avec rectitude et d’une formidable hauteur de vue, «Après une lecture de Dante» tend à éclipser les autres pièces qui la précèdent, comme si «Sposalizio», «Il Penseroso», «Sonetto 104 del Petrarca» et «Sonetto 123 del Petrarca» n’avaient pas d’autre but que de l’introduire. Krystian Zimerman n’aurait probablement pas accordé de bis mais le jeune homme se plie volontiers à l’exercice. Avant d’enchaîner une mélodie de Chopin arrangée par Liszt, une Etude de Saint-Saëns et «La Fille aux cheveux de lin» de Debussy, Bertrand Chamayou affirme être «flatté» de remplacer son «idole». Les Bisontins, en tout cas, n’ont pas perdu au change.
Le site du festival de Besançon
Sébastien Foucart
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