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Bienvenue, Maestro Järvi Geneva Victoria Hall 09/13/2012 - et 14 septembre 2012 Richard Strauss: Tod und Verklärung, opus 24
Gustav Mahler: Das Lied von der Erde
Paul Groves (ténor), Thomas Hampson (baryton)
Orchestre de la Suisse Romande, Neeme Järvi (direction) (© Antoine Leboyer)
Ce concert de rentrée marque l’arrivée officielle de Neeme Järvi à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande pour une période de trois ans. A cette occasion, de nombreuses affiches ornent les murs de Genève pour fêter son arrivée. La télévision était présente pour capter ce concert. Enfin, Metin Arditi, président de l’orchestre, a fait lever le public pour rendre hommage au chef estonien.
Le choix d’un compositeur comme Richard Strauss, que Marek Janowski a beaucoup dirigé, permet de prendre conscience des différences de conception entre les deux chefs. Les solistes aux bois, un des points forts de l’orchestre, ressortent avec plus de netteté. Les tempi de Järvi sont plus amples et moins stricts que ceux de Janowski, donnant ainsi plus de liberté aux bois. Il demande en revanche un son plus riche aux cordes, qu’elles ne peuvent pas toujours fournir face à des cuivres assez puissants. Mais on ne change pas le son d’un orchestre en une soirée et il sera fascinant de voir comment les instrumentistes s’adapteront aux exigences de leur nouveau directeur musical. Les pages finales de l’œuvre sont quant à elles superbes de construction et de splendeur sonore. Ajoutons enfin que Neeme Järvi est peut-être un lecteur de ConcertoNet, puisque les rideaux latéraux dont l’éloge a été fait précédemment étaient à nouveau utilisés.
Thomas Hampson avait laissé la saison dernière un souvenir inoubliable dans des lieder sous la direction attentive de Vasily Petrenko. C’est avec plaisir et un certain orgueil que public et orchestre retrouvent le baryton américain pour une nouvelle soirée à Victoria Hall. Les années ont peut-être une certaine emprise sur Hampson, qui est un peu moins à son aise dans certains aigus, mais la qualité de la technique, la beauté de son timbre, l’attention au texte (partition en main, il respecte scrupuleusement les portamentos indiqués par Mahler) et surtout la qualité du phrasé en font un chanteur de lieder mahlérien simplement idéal. Son partenaire Paul Groves est moins en situation. C’est un ténor léger, un Tamino plus qu’un Tristan, qui n’arrive pas à passer au-delà l’orchestre si dense de la «Chanson à boire». Même s’il est plus à l’aise dans «L’ivrogne au printemps», il ne devrait pas fréquenter un répertoire aussi dur dans lequel il risque d’abîmer sa voix.
Par rapport à d’autres ensembles internationaux, l’OSR a peu joué Gustav Mahler. Fabio Liusi a dirigé une Neuvième qui ne convainquait que dans le dernier mouvement. Marek Janowski n’avait pas été très à son aise dans une Symphonie «Résurrection» trop sèche. Il faut reconnaitre à Järvi de connaître et de maîtriser son sujet. Son Mahler est éloquent, dramatique et passionné. L’«Abschied» final, si délicat, est dirigé avec beaucoup de sûreté. Mention également à l’excellente flûtiste de l’OSR, Sara Rumer, véritable troisième soliste de cette œuvre.
L’OSR retrouvera très bientôt Marek Janowski, qui dirigera plusieurs programmes avec en particulier la Quatorziième Symphonie de Chostakovitch et la suite de son itinéraire brucknérien. Charles Dutoit fera une tournée en Suisse avec Emmanuel Pahud en soliste. Semyon Bychkov dirigera la Première Symphonie de Mahler. Neeme Järvi reviendra pour des programmes Dvorák, Mozart, Berlioz, Mendelssohn et un cycle Rachmaninov. Kazuki Yamada, principal chef invité, reviendra pour diriger des œuvres de Ravel, Fauré et Stravinsky, répertoire dans lequel il a déjà montré sa maîtrise, et nombreux écouteront avec attention également comment il dirigera la Symphonie «Héroïque» de Beethoven.
Le site de l’Orchestre de la Suisse Romande
Antoine Leboyer
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