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Parfums germaniques

Montreux
Auditorium Stravinski
09/01/2012 -  
Carl Maria von Weber : Euryanthe, opus 81, J. 291: Ouverture
Wolfgang Amadeux Mozart : Concerto pour violon n° 5, K. 219
Johannes Brahms : Symphonie n° 2, opus 73

Arabella Steinbacher (violon)
Royal Philharmonic Orchestra, David Zinman (direction musicale)


D. Zinman (© Prisca Ketterer)


Pour ce troisième soir de résidence du Royal Philharmonic, David Zinman prend le relais de Charles Dutoit, et ouvre avec l’Ouverture d’Euryanthe. La générosité de la musique de Weber sied à merveille à l’orchestre britannique. Le directeur musical de celui de la Tonhalle à Zurich trouve d’emblée ses marques et imprime une grande vigueur à la partition, laquelle décline avec un sens certain de la narration plusieurs des motifs-clefs de l’opéra. D’architecture apparemment linéaire, elle n’en réserve pas moins une remarquable péroraison finale, couronnement organiquement préparé par le chef américain.


Tout en élégance scintillante dans sa robe de bleu galbée, Arabella Steinbacher se distingue par le raffinement de son archet dans le Cinquième Concerto de Mozart. Fluide, parfois légèrement grumeleux pour enrichir la texture, il s’accorde avec la tonalité galante de l’ouvrage, pour rendre la succession des climats de l’Allegro aperto au milieu duquel la soliste s’épanche dans un Adagio aux accents plus intimistes. La cadence fait ressortir l’évidente musicalité de la concertiste, qui ne s’attarde pas sur l’émotion. Le deuxième mouvement, noté Adagio, témoigne de cette expressivité policée, qui se laisse aller à des coups plus martelés dans le finale. Il faut reconnaître que la célèbre section alla turca du Rondo, qui ménage des clins d’œil envers L’Enlèvement au sérail, prend des tours percussifs que ne manque pas d’exagérer quelque peu la battue de David Zinman, trop confiant peut-être dans l’ampleur du Royal Philharmonic pour entrer dans les canons désormais établis du XVIIIe siècle viennois. En bis, «Obsession», premier mouvement de la Deuxième Sonate d’Ysaÿe, démontre une exubérante virtuosité à partir d’une compilation hétéroclite de thèmes qui rend hommage à Bach – on reconnaît sans peine les premières mesures de la Troisième Partita, suffisamment récurrentes pour structurer cette partition d’une impressionnante difficulté technique.


Dans la Deuxième Symphonie de Brahms, les forces de l’orchestre britannique affirment une fois de plus leur plénitude sonore. David Zinman n’hésite pas d’ailleurs à laisser s’épanouir la carrure de l’Allegro non troppo, sans reculer devant l’allure imposante que prend alors la section fuguée à la fin du mouvement. C’est un sens de l’architecture héritée d’une certaine tradition souvent qualifiée de germanique et qui se laisse aujourd’hui supplanter par une approche plus dynamique de la musique de Brahms – et cet Opus 73 considérée comme sa Pastorale qui a la faveur des programmateurs ne se montre pas rétive à un tel point de vue. Après un Adagio non troppo nourri et un Allegretto grazioso plus pictural qu’animé, le finale, Allegro con spirito, déverse une énergie littéralement beethovénienne. La cadence conclusive, insistante, se place sous les auspices de l’illustre aîné, ce que n’ignore pas le maestro américain. Selon une coutume établie, une des Variations Enigma du compatriote Elgar vient gratifier le public suisse.

Le site de David Zinman
Le site d’Arabella Steinbacher



Gilles Charlassier

 

 

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