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Brass band au Montreux Palace

Montreux
Fairmont Le Montreux Palace (Salle des Congrès)
08/31/2012 -  
Andrea Gabrieli : Ricercar del duodecimo tuono
Giovanni Gabrieli : Canzon n° 1 «La Spiritata» – Canzon Septimi Toni n° 1
Johann Sebastian Bach : Fantaisie en do mineur, BWV 562
Anonyme : Trois chansons folkloriques anglaises
Jan Koetsier : Kinderzirkus
Folke Rabe : Basta
Anton Bruckner : Deux Chorals
Raymond Premru : Prélude et Danse
Henri Tomasi Suite pour trois trompettes
Petr Eben: Quintette
Camille Saint-Saëns : Le Carnaval des animaux (extraits)

Royal Philharmonic Orchestra Brass Ensemble: Michael Allen, Adam Wright, Niall Keatley (trompettes), Lawrence Davies, Jonathan Bareham, Philip Woods, Andrew Fletcher (cors), Matthew Gee, David Price, Roger Argente (trombones), Kevin Morgan (tuba)




Après le concert d’ouverture la veille dans le vaste auditorium Stravinski, la salle des Congrès du Montreux Palace permet d’entendre une partie des cuivres du Royal Philharmonic réunis au sein d’un brass band. A tour de rôle, les musiciens introduisent les pièces qui vont être jouées – le cadre plus intimiste se prête très bien à cette interactivité avec le public.


Pour deux trompettes et deux trombones, le Ricercar del duodecimo tuono d’Andrea Gabrieli ménage au sein même de cette alcôve qu’est le salon du grand hôtel des effets de perspective, plus sensibles encore dans la Canzon de son neveu Gabrieli. Appariés, les solistes se répondent, dans une spatialisation concertante conçue pour l’acoustique des églises. La pièce s’ouvre sur un appel des trompettes, avant des variations rythmiques haute en couleurs. Fidèle à leur «son», l’intonation se caractérise par sa solidité, limitant les effets de rusticité aux intentions expressives. A 8, la Canzon Septimi Toni enrichit le dispositif avec entre autres un tuba, témoin de l’apparition de la basse continue, dont le compositeur italien est l’un des initiateurs.


Symptôme du répertoire restreint pour ce genre de formation, la Fantaisie en do mineur de Bach, transcrite à partir de l’orgue, restitue fidèlement les différents registres originels, avec une certaine compacité analogue à l’instrument princeps, perceptible en particulier à la fin du morceau. Puis les interprètes ménagent un intermède avec trois chansons folkloriques venues des confins anonymes de la Renaissance anglaise – on y reconnaît une parenté avec la mélancolie des Pavanes de Dowland ou l’énergie plus charpentée d’une gaillarde non dénuée d’humour, aux fragrances populaires identifiables dans l’inspiration.


Dernière œuvre avant l’entracte, Kinderzirkus de Jan Koetsier a été spécialement conçue pour brass ensemble, dédicace suffisamment rare pour être soulignée par le soliste présentant la pièce. Neuf séquences se succèdent, comme des esquisses d’humeur qui se souviennent vaguement de Schumann – ne serait-ce que le titre. Le plus souvent néotonale, l’écriture séduit l’auditeur par sa manière humoristique de suggérer l’atmosphère d’un cirque aux relents felliniens que l’on soupçonne imaginaire.


Avec Basta, le compositeur suédois Folke Rabe (né en 1935) a ménagé des attentions particulières au trombone, seul en scène pour cette page qui tire parti de l’idiome de l’instrument. Le premier des deux Chorals de Bruckner qui suivent contraste par sa simplicité avec le second, davantage structuré. Prélude et Danse de Raymond Premru (1934-1998) imprime un rythme efficace à partir de motifs descendants. La Suite pour trois trompettes de Tomasi se souvient du Sacre du printemps, dont elle pastiche le début – l’effet de transposition du thème initial à la flûte est saisissant – ou de Pétrouchka, avec sa sapidité trapue.


Après un Quintette de Petr Eben (1929-2007), la formation se réunit au grand complet pour de réjouissants extraits du Carnaval des animaux de Saint-Saëns. L’assise harmonique des basses évoque magistralement la marche royale du lion et la chair impassible des contrebasses, comme la pachydermique allure de l’éléphant. Les hémiones perdent un peu de leur mordant, tandis que les tortues rutilent sous le soleil des cuivres anglais. Les pianistes se retrouvent un peu défavorisés par un système d’émission passablement contradictoire avec l’écriture du morceau. Les fossiles de l’enfance semés de parodies divertissent joyeusement avant un finale dont on a habilement ôté les digitalités récapitulatives. Un zeste de Blue march, en bis, referme la soirée.



Gilles Charlassier

 

 

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