Back
Trop Fazil Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 09/07/2012 - Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n°21, K. 467
Fazil Say : Concerto pour piano n°3, opus 11 «Silence of Anatolia»
Serge Rachmaninov : Symphonie n°2, opus 27 Fazil Say (piano)
Orchestre national de Belgique, Dmitri Liss (direction)
F. Say (© Marco Borggreve)
Certains musiciens sortent de l’ordinaire. Fazil Say, par exemple. Tenue décontractée et manches retroussées, il semble trouver le temps long durant l’introduction orchestrale du Vingt-et-unième Concerto (1785) de Mozart. Pour quelle raison plonge-t-il la tête dans le couvercle du piano ? Que penser de cette manière inquiétante de regarder le public, l’air hagard et les bras ballants ? Le pianiste fredonne, marque le rythme en tapant du pied et, parfois, lorsque le cœur lui en dit, fait mine de diriger d’une main un orchestre imaginaire. Tout cela lui est probablement naturel mais comment prendre ce Mozart au sérieux, surtout que, même en fermant les yeux, l’interprétation ne présente rien de particulièrement intéressant ni d’original, à l’exception des cadences (de son cru) et de quelques accents qui relèvent plutôt du gag? Dirigé par un Dmitri Liss amusé et conciliant, l’Orchestre national de Belgique assure un accompagnement fonctionnel, sans plus. Passons, il existe suffisamment de grandes références discographiques pour s’en remettre une fois rentré chez soi.
Créé par Eliahu Inbal et l’Orchestre national de France en 2002, le Troisième Concerto «Silence of Anatolia» nous réconcilie avec Fazil Say qui l’a composé en 2001 – le quatrième mouvement s’intitule d’ailleurs « 11.09.2001 ». Synthèse de la tradition musicale de l’Occident et de l’Orient, cet ouvrage classiquement ordonné, accessible (ce qui ne signifie pas simpliste) et au message explicite suscite une certaine émotion. Une pièce de jazz en guise de bis : finalement, ce répertoire ne convient-il pas mieux à cette personnalité peut-être moins iconoclaste qu’elle en a l’air ? Le public, qui ne tient manifestement pas rigueur de toutes ces excentricités, réserve de chaleureux applaudissements à ce pianiste opposé, à ses risques et périls, au gouvernement de son pays.
La Deuxième Symphonie (1907) de Rachmaninov occupe la seconde partie de ce concert qui s’achève bien au-delà de l’heure indiquée dans le programme (22 heures). Malgré sa vitalité et ses remarquables qualités, au premier rang desquelles des cordes denses, des bois limpides et des cuivres solides, l’orchestre n’habite pas tous les recoins de cette vaste partition dont Dmitri Liss exalte néanmoins le lyrisme et le souffle. Malgré des couleurs parfois ternes et une dynamique sans grand relief, le résultat reste dans l’ensemble positif. Walter Weller lègue ainsi à son successeur, Andrey Boreyko, une phalange en excellent état de marche. Rendez-vous le 12 octobre pour le premier concert du nouveau directeur musical dans un couplage sans risque : le Concerto pour violon de Brahms avec Sergey Khachatryan suivi de la Symphonie fantastique de Berlioz.
Le site de Fazil Say
L’Orchestre national de Belgique
Sébastien Foucart
|