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Lui, Elle et les autres

Bruxelles
La Monnaie
08/30/2012 -  et 31 août, 2*, 4, 5 septembre 2012
Pascal Dusapin : Passion
Barbara Hannigan (Elle), Georg Nigl (Lui), Edivaldo Ernesto, Virgis Puodziunas, Zaratiana Randrianantenaina, Yael Schnell, Xuan Shi, Niannian Zhou (danse)
Vocalconsort Berlin, Orchestre de chambre de la Monnaie, Franck Ollu (direction)
Sasha Waltz (chorégraphie, mise en scène, décors), Hussein Chalayan (costumes), Thilo Reuther (décors, éclairages), Thierry Coduys (dispositif électroacoustique)


(© Bernd Uhlig)


La musique de Pascal Dusapin se porte bien, merci pour elle. Créé au Festival d’Aix-en-Provence en 2008, Passion a fait l’objet d’une nouvelle production deux ans plus tard au Théâtre des Champs-Elysées, que la Monnaie reprend pour inaugurer sa nouvelle saison. Après Medea, Sasha Waltz conjugue à nouveau son langage avec celui du compositeur, qui réinterprète cette fois le mythe d’Orphée. Elle et Lui vivent une passion commune mais le dialogue se rompt et leur chemin se sépare – pas d’action mais des états d’âme. En recourant dans son livret (en italien) à des phrases laconiques, Pascal Dusapin concentre des sentiments complémentaires et contradictoires, l’amour (bien sûr) mais aussi la peur, le ravissement, la tristesse, la colère, le désir, autant d’affects contenus dans les opéras de Monteverdi. Le compositeur affirme s’en être inspiré pour en restituer la teneur mais cet héritage se manifeste moins dans le nombre de protagonistes, deux seulement, que dans la convergence entre texte et musique ainsi que dans la réduction de l’effectif vocal et instrumental : dix-huit musiciens, dont un joueur de clavecin et de oud, auxquels s’ajoute un chœur de six chanteurs.


Recherchée sur le plan de la forme et du son, tantôt douce et dépouillée, tantôt âpre et fournie, l’écriture montre une véritable sensibilité qui s’exprime néanmoins avec une certaine distance. Le recours à l’électroacoustique apporte un contrepoint évocateur et organique, lorsque, par exemple, elle amplifie et transforme la respiration, mais son utilisation, assez discrète, n’apporte rien de neuf. Après Thanks to me eyes d’Oscar Bianchi la saison dernière, ouvrage autrement plus hermétique, Franck Ollu, familier de cette Passion pour l’avoir créée sous le ciel aixois, dirige un Orchestre de chambre de la Monnaie aiguisé et décidément à l’aise dans l’idiome contemporain. Le Vocalconsort Berlin, dont quelques membres quittent à un moment la fosse pour la scène, se charge avec conviction de la partie chorale.


A chacun d’admirer la chorégraphie continuellement présente et en mouvement de Sasha Waltz, qui interprète cette thématique avec tendresse, sensualité et violence dans un dispositif scénique dénudé. Le concours de Georg Nigl, interprète du rôle-titre dans Faustus, the Last Night, et Barbara Hannigan constituent une aubaine pour la chorégraphe allemande, tant le baryton et plus encore la soprano, excellents chanteurs et bons danseurs, se plient à ses exigences avec talent tout en conservant un chant de haute tenue. Elle ne mérite que des louanges : beauté, legato, finesse de la voix et malléabilité de la ligne. Georg Nigl reviendra sur cette scène dès le 10 septembre dans O Mensch!, un cycle de lieder conçu par Dusapin (voir ici), tandis que sa partenaire incarnera Lulu le mois prochain dans la vision de Krzystof Warlikowski – un des moments très attendus de la nouvelle saison. Dans le programme de salle, le texte de Pascal Dusapin est intitulé Lui, Elle et les autres : les autres, ce sont six danseurs de la compagnie de Sasha Waltz qui livrent de bien belles images durant ce spectacle cohérent et abouti. Une question subsiste néanmoins : s’agit-il d’une représentation de danse ou d’opéra ? Une réponse policée consisterait à affirmer qu’il s’agit d’un alliage équilibré des deux mais, à la sortie, plus d’un spectateur pourra sans doute penser que la balance penche du côté de la danse.


Le site de la Monnaie



Sébastien Foucart

 

 

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