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Divine Sandrine Piau Prades Abbaye Saint-Michel de Cuxà 08/09/2012 - Felix Mendelssohn : Hexenlied, opus 8 n° 8 – Nachtlied opus 71 n° 6 – Neue Liebe, opus 19 n° 4 – Schlafloser Augen Leuchte, WoO 4 n° 2
Richard Strauss : Morgen, opus 27 n° 4 – Das Geheimnis, opus 17 n° 3 – Die Nacht, opus 10 n° 3 – Ständchen, opus 17 n° 2
Franz Liszt : Oh quand je dors – Lorelei – Fischerknabe
Franz Schubert : Auf dem Strom, D. 943 – Ich schleiche bang und still herum, D. 787 n° 2 – Der Hirt auf dem Felsen, D. 965
Sandrine Piau (soprano), Michel Lethiec (clarinette), Radovan Vlatkovic (cor), Susan Manoff (piano)
Ce n’est rien de moins que son soixantième anniversaire que fêtait, cet été, le festival Pablo Casals, entièrement consacré – on le sait – à la musique de chambre. Chaque année, cependant, un récital lyrique vient ponctuer la manifestation : après Laurent Naouri l’an passé, c’est la divine Sandrine Piau qui venait faire résonner, de sa voix céleste, les voûtes et les parois de la magnifique abbaye catalane. Elle était accompagnée de sa partenaire de toujours, la non moins magnifique pianiste Susan Manoff.
En première partie de concert, les deux artistes ont essentiellement repris des titres qui sont inclus dans le dernier cd qu’elles ont enregistré ensemble, «Après un rêve», paru en 2011 chez Naïve. Elles débutent ainsi le concert avec des mélodies de Mendelssohn, dans lesquelles nostalgie et exaltation alternent remarquablement. La cantatrice française fait immédiatement basculer l’auditoire dans un merveilleux univers de conte, dans le bien nommé «Chant des sorcières», après avoir réussi avec brio le tour de force imposé par l’écriture presque instrumentale de «Nouvel amour». Elle continue ensuite de nous envoûter avec des pièces de Richard Strauss, «Demain!», «La Nuit» ou encore «Le Secret», déclamées avec une fantaisie et une magie aussi poétiques que rares. Elle termine cette première partie avec des lieder de Liszt, dont la superbe mélodie Oh, quand je dors (sur un poème de Victor Hugo) qui s’avère être un véritable moment de grâce.
La seconde partie est entièrement consacrée à Schubert. Chez ce compositeur, comment éviter que la pianiste prenne parfois le pas sur la chanteuse, tant l’écriture la sollicite? Mais la fusion voix/piano opère à nouveau dans la «Romance d’Hélène», tirée de son opéra Les Conjurées, qui nous emporte à nouveau bien loin, grâce à son intense pouvoir lyrique. La deuxième pièce, Sur le fleuve, est écrite pour voix de ténor – le texte est celui d’un homme s’adressant à une femme – mais l’œuvre est parfois interprétée par des sopranos, la tessiture exigée par ce morceau montant très haut dans les aigus. A noter que les deux femmes sont cette fois accompagnées par le corniste Radovan Vlatkovic, puisque Schubert voulait y inclure cet instrument, afin de créer une ambiance à la fois funèbre et élégiaque. Le dernier lied n’est autre que le fameux Pâtre sur le rocher, dans lequel la luminosité du timbre de Sandrine Piau, l’intelligibilité de sa diction, l’éclairage particulier apporté à certains mots et son infinie palette de couleurs, font merveille. Cette fois-ci, c’est Michel Lethiec, clarinettiste de talent et directeur artistique de la manifestation catalane, qui entre dans la danse et donne au morceau des allures de petit air d’opéra.
En bis, pour répondre aux nombreuses sollicitations du public, les deux femmes, accompagnées par leur deux comparses pour certains numéros, ont fait entendre quatre autres mélodies: d’abord le sublime Après un rêve de Fauré puis, de Poulenc, «La Reine de cœur» (extrait de La courte paille), «Voyage à Paris» (extrait des Banalités) et «C» (premier des Deux Poèmes de Louis Aragon).
Le site du festival Pablo Casals
Emmanuel Andrieu
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