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Saint-Céré

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Label hellène

Saint-Céré
Halle aux sports
08/04/2012 -  et 9 (Saint-Céré), 12* (Cahors), 15, 18 (Saint-Céré) août, 14 octobre (Tarascon), 24 novembre (Juvisy-sur-Orge) 2012
Jacques Offenbach : La Belle Hélène

Brigitte Antonelli (Hélène), Raphaël Brémard (Pâris), Eric Vignau (Ménélas), Jean-Claude Sarragosse (Agamemnon), Eric Perez (Calchas), Agnès Bove (Oreste), Yassine Benameur (Achille), Samuel Oddos (Ajax I), Julien Fanthou (Ajax II), Flore Boixel (Baachis)
Chœur et Orchestre Opéra éclaté, Thierry Weber (direction musicale)
Olivier Desbordes (mise en scène), Patrice Gouron (décors, costumes, lumières)




Trente-deuxième édition pour le festival de Saint-Céré, sous la direction artistique de son fondateur, Olivier Desbordes: du 19 juillet au 18 août, dans la petite cité du Haut-Quercy et les châteaux environnants (Castelnau, Montal), mais aussi dans trois régions (Midi-Pyrénées, Limousin et Auvergne), d’Aurillac à Cahors en passant par Beaulieu-sur-Dordogne, les spectacles, si variés soient-ils, sont réunis par un projet artistique et culturel qui confère depuis l’origine son identité à cette manifestation. On va à la recherche de tous les publics, notamment grâce à un petit «off» à entrée libre qui se déroule à Saint-Céré même et dans trois villages alentours, et on ne bronze pas idiot: non seulement les productions lyriques, toujours au cœur de la programmation, sont replacées dans une perspective sociale et historique, donnant ainsi à réfléchir, mais elles sont prolongées et complétées par certains des concerts qui les entourent (récital «De Chopin à Gershwin» de Paul Posnak, mélodies afro-américaines par Anandha Seethanen).


A l’image d’une affiche très «United Colors», c’est le métissage qui définit peut-être le mieux ce millésime, avec ses Quatre Saisons revues par le «nouveau tango» de Piazzolla et l’accordéon de Julien Gonzalès à la rencontre du violon oriental de Marwan Fakir («A cord’Orient») ou du chant de Dalila Khatir («Accordéon blues»). Quant aux quatre principaux spectacles, «dans un fraternel espoir d’harmonie», ils se rattachent respectivement à l’Egypte – une reprise de l’excellente Flûte enchantée mise en scène d’Eric Perez créée en 2010 –, au Japon et à l’Afrique du Sud – de nouvelles productions de Madame Butterfly et de Lost in the Stars de Weill – et aussi à la Grèce, pas celle de la crise de l’euro (encore que...), mais au travers d’une reprise de La Belle Hélène (1864).


Présentée pour la dernière fois en 2004, cette production méritait indéniablement d’être reprise, car tout le talent joyeusement iconoclaste et coloré d’Olivier Desbordes s’y ébroue sans réserve, à la grande joie du public. Certes, le livret de Meilhac et Halévy est dépouillé de sa partie de jeu de l’oie au II et la partition d’Offenbach réduite pour un effectif instrumental passablement improbable (flûte, hautbois, clarinette, cornet, percussion, trois violons et violoncelle), disposé à l’arrière de la scène et sonnant un peu léger en plein air dans la cour de l’Espace Caviole à Cahors (mais sans doute mieux adapté à la Halle aux sports de Saint-Céré). Ce ne sont toutefois que vétilles au regard des deux heures de délire que tous font souffler sur les spectateurs, avec de véritables moments d’anthologie, comme au dernier acte le «trio patriotique» («Lorsque la Grèce est un champ de carnage»).


Entre deux colonnes évoquant schématiquement l’Antiquité, le dispositif scénique par Patrice Gouron est simple est malléable, à base d’éléments emboîtables qui, aisément déplacés d’un acte à l’autre, suggèrent tour à tour un palais, une chambre ou une piscine. Il est également l’auteur de costumes où le loufoque – Achille chaussé d’une palme – côtoie le poétique – la robe à la traîne interminable qu’Hélène, au deuxième acte, revêt pour tenter de ne pas succomber. Curés en soutane, militaire, symboles républicains, berger landais, colombe en patins à roulettes, rois de la Grèce en fustanelle, Oreste rappeur bling-bling suivi par son père Agamemnon et son blouson Pelle Pelle, Ménélas golfeur, skieur puis tennisman, Calchas en chauffeur de salle: les époques et les styles se télescopent avec force anachronismes, bien dans l’esprit de cette parodie. Même les musiciens portent un pull marin rayé (et une casquette au dernier acte) et le chef, Thierry Weber, en aube et surplis puis en uniforme de capitaine façon La Croisière s’amuse, va et vient devant leurs pupitres installés à la manière d’un big band.


Cet Offenbach regarde donc davantage vers la revue et le cabaret que vers la tradition raffinée de l’opérette française, mais nul ne s’en plaindra, car les voix ne sont pas négligées pour autant. Hélène tour à tour virago bourgeoise face à son mari et midinette émoustillée face à son amant, Brigitte Antonelli chante ainsi fort bien et Raphaël Brémard (né en 1976), Tamino en 2010, est un Pâris clair et vaillant, qui s’affirme au fur et à mesure de la représentation. A leurs côtés, les fidèles de Saint-Céré font mouche, toujours aussi impayables: Eric Vignau en Ménélas dépassé et pusillanime, Eric Perez en Calchas gourmand et retors, Jean-Claude Sarragosse en Agamemnon pompeux et débonnaire. Quant à la composition d’Agnès Bove en Oreste, elle restera dans les annales pour la conciliation inattendue qu’elle parvient à opérer entre la prosodie de ses couplets et la scansion hip-hop.


Le site du festival de Saint-Céré



Simon Corley

 

 

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