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A quoi sert un chef d'orchestre?

Paris
Cité de la musique
11/04/2000 -  


Arnold Schönberg : Symphonie de chambre n° 1, opus 9
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano et orchestre n° 17, K. 453
Anton Webern : Cinq mouvements, opus 5
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 1, opus 21


Esther Budiardjo (piano)
Orchestre de chambre Orpheus

Maglré la légèreté de l’accompagnement (cinq instruments), on n’imagine pas le Concerto pour clavecin de Manuel de Falla sans chef d’orchestre. Il en est de même, a fortiori, de la Première symphonie de chambre de Schönberg. Mais l’inquiétude qui envahit le spectateur alors que les musiciens s’installent a en même temps quelque chose de délicieux. Chacun sait en effet qu’Orpheus fait partie de ces rares réussites dans un exercice musicalement et socialement périlleux dans un siècle qui a véritablement consacré la personne du chef d’orchestre. Et l’on se félicite donc que la Cité de la musique ait eut la judicieuse idée d’inviter cet ensemble désormais âgé de vingt-huit ans.


Certes, les premières mesures justifient une certaine perplexité : si les attaques sont franches et la mise en place incontestable, la clarté n’est pas toujours au rendez-vous. Mais il est vrai que la polyphonie de Schönberg se caractérise par sa richesse et sa densité, tandis que l’acoustique de la salle des concerts de la Cité est peu analytique. Toutefois, l’engagement individuel des musiciens et la perfection technique emportent rapidement la conviction. L’interprétation est cohérente, à la fois techniquement et esthétiquement, choisissant une conception romantique et symphonique, brillante et virtuose, conquérante et extravertie, viennoise même. On ne saurait crier au contresens, bien au contraire.


La pianiste américaine Esther Budiardjo offre ensuite un Mozart définitivement sage et lisse, sans histoires ni fautes de goût, sans poésie ni mystère non plus. Ceci dit, elle s’intègre idéalement à un orchestre très allégé (seize cordes), parfois un rien raide, qui peine à donner un sens aux moments pour lesquels il ne suffit pas de s’appuyer, avec une énergie communicative, sur les temps forts. En un mot comme en cent, un manque de direction…


Webern offre un contraste saisissant et bienvenu. Autant leur Schönberg avait été post-romantique, autant les musiciens, jouant sur une très vaste échelle d’intensités, proposent une vision expressionniste, raréfiée, tendue à l’extrême de cette musique qui ne sort du presque rien que pour de brefs et violents éclats.


Dans Beethoven, certains des ingrédients d’une interprétation à "l’ancienne" sont réunis : effectif restreint (vingt-et-une cordes), dynamique contrastée, lisibilité et vivacité, respect des reprises indiquées sur la partition. Cette approche convient parfaitement au menuetto (en fait, un scherzo), d’ailleurs justement bissé. La sonorité d’ensemble et l’équilibre entre les pupitres sont plus que satisfaisants, mais cette vision souffre des mêmes inconvénients que celle du concerto de Mozart : certains passages manquent de phrasé, de rebond ou de caractérisation.


A quoi sert donc un chef d’orchestre ? Par exemple à aller toujours plus loin que la simple lecture de la partition.


Diffusion prochaine sur Radio Classique.




Simon Corley

 

 

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