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Fin de saison pleine d’esprit

Paris
Opéra national de Paris
06/18/2012 -  et 20, 21, 23, 25, 26, 28, 30 juin, 3, 5, 6, 10, 11, 12, 13, 14, 15* juillet 2012
Louis-Joseph-Ferdinand Hérold : La Fille mal gardée

Myriam Ould Braham/Muriel Zusperreguy/Mélanie Hurel/Mathilde Froustey* (Lise), Josua Hoffalt/Emmanuel Thibault/Florian Magnenet/Alessio Carbone/Pierre-Arthur Raveau* (Colas), Stéphane Phavorin*/Aurélien Houette/Eric Monin (Mère Simone), Simon Valastro/Allister Madin/Adrien Couvez/François Alu*(Alain)
Frederick Ashton (chorégraphie), Osbert Lancaster (décors et costumes), George Thomson (lumières), Christopher Carr (répétitions), John Lanchbery (arrangements musicaux)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Phillip Ellis (direction musicale)


P.-A. Raveau, M. Froustey
(© Julien Benhamou/Opéra national de Paris)



Divertissement parfois décrié pour ses facilités, La Fille mal gardée referme la saison de ballet de l’Opéra de Paris sous le signe de la légèreté et de l’humour, médecine que ni les aficionados, ni le public de manière générale ne dédaignent – avec raison.


Au répertoire du Royal Ballet depuis 1960, la production de Frederick Ashton a été intronisée au Palais Garnier en juin 2007. L’argument de Jean Dauberval, l’éternel conflit entre la mariage arrangé pour des raisons financières et les sentiments de jeunes gens amoureux, très en vogue à la fin du dix-huitième siècle, y reçoit une lecture colorée, à la limite du kitsch avec les décors d’Osbert Lancaster, et une inventivité chorégraphique qui retient le meilleur de la tradition pantomimique. Le personnage de la marâtre Simone constitue un sommet du genre auprès de laquelle celle de Cendrillon fait terne figure – son numéro de la danse des sabots s’inscrit autant que la musique dans l’anthologie, qui plus est lorsqu’il est interprété comme en cette matinée par Stéphane Phavorin, lequel semble s’être approprié ce rôle fouettard et ridicule à la fois. Sans pouvoir être exhaustif, on pourrait citer le numéro des poulets ou encore celui du joueur de flûte narguant le pauvre Alain.


François Alu se glisse remarquablement dans le costume de ce garçon simple d’esprit terrorisé par une promise d’un monde inconnu. Son style aérien se marie agréablement avec la gaucherie du caractère, évitant toute redondance comique, et suscitant chez le spectateur une certaine commisération. Le lyricomane goûtera à l’occasion le clin d’œil à la sortie du Mohammed du Rosenkavalier dans celle d’Alain venu récupérer son parapluie oublié.

Selon un usage établi, La Fille mal gardée donne sa chance aux jeunes solistes de la troupe. Si elle n’est plus une débutante, Mathilde Froustey n’en ravit pas moins dans sa Lise pleine de fraîcheur, et soutient les premier pas de Pierre-Arthur Raveau dans le rôle de Colas. Nonobstant parfois une certaine timidité technique, entre autres dans les portés, exercice redoutable avec lequel la jeune génération manque parfois de familiarité, le jeune danseur rend touchante la juvénilité insouciante de son personnage, et forme avec sa partenaire un sympathique duo.


L’autre heureuse surprise de cette ultime matinée réside dans la performance musicale. A la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Paris, Phillip Ellis décline avec une précision aussi jubilatoire qu’inespérée la verve de la partition de Hérold compilant ou pastichant généreusement les succès de son époque. On aura reconnu plus d’une tournure rossinienne évoquant l’ouverture de La gazza ladra ou encore citant la tempête de La Cenerentola – sans doute rien moins qu’un hasard. Ajoutons que les arrangements de John Lanchbery se mettent au diapason d’une chorégraphie chaloupée qui ne manque pas de se souvenir de Balanchine et Robbins. N’ayons pas peur de paraître mauvais goût: on en redemande!



Gilles Charlassier

 

 

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