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Des Noces sous forte influence

Montpellier
Opéra Comédie
06/18/2012 -  et 20, 22, 24, 26, 28 juin, 14, 15* juillet 2012
Wolfgang Amadeus Mozart : Le nozze di Figaro, K. 492

Adam Plachetka (Il Conte Almaviva), Erika Grimaldi (La Contessa Almaviva), Hélène Guilmette (Susanna), Konstantin Wolff (Figaro), Rachel Frenkel (Cherubino), Antonio Abete (Bartolo), Virginie Pochon (Marcellina), Loïc Félix (Don Basilio), Thomas Bettinger (Don Curzio), Omo Bello (Barbarina), Peter Longauer (Antonio)
Chœurs de l’Opéra national de Montpellier, Noëlle Gény (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Montpellier, Sascha Goetzel (direction musicale)
Jean-Paul Scarpitta (mise en scène et décors), Jean-Paul Gaultier (costumes), Georg Veit (lumières)


(© Marc Ginot)


Seul opéra en version scénique du Festival de Radio France et Montpellier, Les Noces de Figaro – signées par Jean-Paul Scarpitta, avec la collaboration de Jean-Paul Gaultier pour les costumes – étaient reprises pour deux soirées, après avoir clos la saison 2011-2012 de l’Opéra national de Montpellier. Suite à une motion de défiance votée contre lui par 83% de l’ensemble du personnel de l’OONM (Opéra Orchestre National de Montpellier), la colère gronde toujours et c’est avec plus d’une demi-heure de retard – et un discours d’un choriste réclamant, en substance, le départ de Scarpitta – qu’a débuté la représentation. Relevons qu’il s’est d’ailleurs pris une bonne volée de bois vert au moment des saluts ce qui, sans doute, venait sanctionner le directeur d’opéra plus que l’homme de théâtre...


Mais revenons à sa casquette de metteur en scène, qui nous concerne en premier lieu ce soir. Rendant hommage à son mentor de toujours Giorgio Strehler, le travail de Scarpitta n’est pas sans rappeler un spectacle de légende: les inoubliables et inapprochables Nozze imaginées par le metteur en scène italien, en 1973, pour l’Opéra Royal de Versailles. Les décors, conçus par Scarpitta lui-même, se réfèrent explicitement – avec le quasi même trompe-l’œil architectural – à ceux que créa Ezio Frigerio, scénographe privilégié de Strehler. A son crédit, le résultat final dégage une émotion que l’on a cherché en vain à l’Opéra Bastille, lors de leur récente résurrection «repensée» selon les exigences d’une salle qui s’avère l’exact contraire du Théâtre Gabriel de Versailles. Seuls les costumes du couturier star Jean-Paul Gaultier, absolument splendides, nous ont éloignés de la «version originale», tandis que les éclairages imaginés par Georg Veit, crépusculaires et tamisés, s’inspiraient également de ceux réglés à l’origine par Vinicio Cheli. Fait seulement défaut à ces Noces montpelliéraines une direction d’acteurs capable d’aider des interprètes – inégalement doués pour la scène – à donner une âme à leur personnage.


Tel est le cas de la Comtesse interprétée par Erika Grimaldi. Certes, la soprano italienne chante souvent très bien, même si on peut ne pas goûter son timbre, assez terne, et ses aigus souvent métalliques. Et si toutes les notes sont à leur place, elle ne semble néanmoins pas très bien comprendre la pulsation du phrasé mozartien, et surtout n’arrive pas à conférer à son émission, la noblesse indispensable à tout serviteur du compositeur salzbourgeois. Le baryton tchèque Adam Plachetka est un Comte mordant, manquant peut-être d’une tenue aristocratique qui convient à ce protagoniste, mais la voix est assez sonore pour conférer la majesté requise par son grand air «Vedro mentr’io sospiro».


Konstantin Wolff est un Figaro à la personnalité chaleureuse et attachante, très présent, urgent, voire extravagant. Il affronte sa journée avec aplomb et une vérité psychologique admirablement affûtée. La voix, porteuse d’émotion, admirablement timbrée, forte et jubilatoire, s’attache, elle, à définir le personnage. La Suzanne de la soprano canadienne Hélène Guilmette séduit d’emblée : enlevée, haute en couleur, amoureuse (voilà pour le drame), délicieuse, nuancée, suffisamment onctueuse (voilà pour la voix). Elle délivre un poignant «Deh vieni non tardar».


Autre délice, le Chérubin de la mezzo israélienne Rachel Frenkel se montre pudique, espiègle, gauche, empruntée, vocalement expressive. Si Virginie Pochon ne laisse pas une Marcelline inoubliable – dont on a, pour une fois, conservé l’air – Antonio Abete a naturellement le métier et l’autorité de Bartolo. Une mention enfin pour les «petits» rôles: le Basile acéré de Loïc Félix, la Barberine corsée d’Omo Bello, le Don Curzio volubile de Thomas Bettinger et le désopilant Antonio de Peter Longauer, dont l’incarnation se situe dans la meilleure tradition de la commedia dell’arte. Tous ont reçu un chaleureux accueil à l’issue du spectacle.


Au pupitre, Sascha Goetzel impose une conception un peu trop prussienne de la musique de Mozart, avec des tempi parfois brusques et d’allure militaire, qui ne conviennent qu’à certains moments de la partition, comme le fameux «Non più andrai». Le rideau tombe sur l’ensemble «Ah! Tutti contenti», enfin baigné de poésie, mais hélas bien tard.


Le site du festival de Radio France et Montpellier



Emmanuel Andrieu

 

 

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