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Hallelujah

Versailles
Château (Chapelle royale)
07/10/2012 -  et 11 juillet 2012
Georg Friedrich Händel : Messiah, HWV 56

Julia Doyle (soprano), Diana Moore (alto), Joshua Ellicott (ténor), David Wilson-Johnson (basse)
Choir and Orchester of The King’s Consort, Robert King (direction)


R. King (© Keith Saunders)


C’est dans le cadre d’une vaste opération de charité (le secours aux détenus de plusieurs prisons et le soutien au Mercer’s Hospital de Stephen’s Street ainsi que de l’infirmerie de charité de l’Inns Quay) que fut créé, le 12 avril 1742, Le Messie, oratorio emblématique de Georg Friedrich Händel (1685-1759). Composée en un temps record (Händel en avait l’habitude) sur un livret de l’incontournable Charles Jennens (1700-1770), l’œuvre bénéficia immédiatement d’un grand succès qui ne s’est jamais démenti depuis. Aussi était–il inévitable que le «festival Händel» organisé au château de Versailles depuis les premiers jours du mois de juin rende hommage à cet oratorio qui, même si on peut le regretter, éclipse assez facilement tous les autres écrits par le compositeur saxon. De façon assez logique, c’est dans le cadre de la Chapelle royale, où l’on avait pu entendre il y a quelques jours un somptueux Israël en Egypte, que Robert King et les siens se produisirent. Même si la scène, placée sur une vaste estrade, pouvait sembler a priori quelque peu étroite, elle réussit à accueillir sans peine la vingtaine d’instrumentistes et les dix-huit chanteurs (six sopranos, les altos, ténors et basses par quatre), soit un effectif plus réduit que celui qui, selon les témoignages de l’époque, a créé cette vaste fresque. En effet, point d’unité à attendre ici! Le livret ne se réfère pas à un unique épisode de la Bible, non plus qu’à un seul personnage comme ce put être le cas dans Theodora ou Saül. En vérité, ce sont divers épisodes, pris çà et là, qui forment Le Messie, sans autre volonté que de raconter une belle histoire, ce qui a d’ailleurs fait dire à Jennens lui-même qu’il s’agissait avant tout d’un divertissement.


Grand spécialiste de Händel dont il enregistra nombre de versions de référence, Robert King, doté d’une gestique tour à tour saccadée et extrêmement souple (notamment à l’adresse des vents), livra du Messie une version habitée de bout en bout. Servi par un orchestre du plus haut niveau (que ce soient les violons à la vélocité stupéfiante dans l’air «Rejoice greatly» dans la première partie ou l’ensemble des cordes dans l’air «I know that my Redeemer liveth» au début de la troisième partie , sans oublier, bien sûr, la trompette solo dans le fameux air de basse «The trumpet shall sound»), Robert King ne relâche jamais la tension, ni l’attention d’ailleurs: chaque air, chaque récitatif fait l’objet d’un soin extrême, qui contribue à donner pleinement vie à l’histoire qui se déroule sous nos yeux. Ayant un rôle moins important que dans d’autres oratorios (on pense en premier lieu à Israël en Egypte mais aussi à Hercule ou Judas Maccabée) le chœur du King’s Consort fut exceptionnel. Dans le passage «And the glory of the Lord» (dans la première partie) où transparaît toute la générosité dont Händel était capable dans ses mélodies, ou dans le magnifique «And with His stripes» au début de la deuxième partie, les voix emplirent idéalement la Chapelle royale dont on soulignera encore une fois l’acoustique magnifique, dotée d’une très faible réverbération.


Seule véritable déception, les solistes furent quelque peu inégaux. Si elle affirme d’emblée une voix claire et sûre, la soprano Julia Doyle manque néanmoins de présence dans son premier air «But who may abide»; elle gagne progressivement en confiance, notamment dans un «Rejoice greatly» de toute beauté. Diana Moore fut, pour sa part, excellente de bout en bout, sa voix chaude et expressive culminant dans l’air «He was despised» (au début de la deuxième partie), tout à fait prenant. Si le ténor manqua fréquemment de retenue et ne marqua guère les esprits, on s’attardera un peu plus sur la basse, David Wilson-Johnson. S’il lui est arrivé d’être léger techniquement (le fameux «The trumpet shall sound» connut ainsi de petits décalages avec l’accompagnement ainsi qu’un rubato destiné à pallier un souffle parfois court), il compensa cette relative déficience par un sens du théâtre extrêmement poussé, habitant son rôle comme aucun des trois autres chanteurs et rendant à l’épopée toute sa vie et tout son intérêt.


Concluant l’œuvre en bissant le fameux «Hallelujah» (le public ayant été invité à fredonner l’air par Robert King, ce que certains firent à leurs risques et périls), les musiciens permirent ainsi aux spectateurs de repartir le cœur léger et plein d’entrain, décidément la marque de fabrique de ces grands oratorios dont on ne peut que souhaiter qu’ils soient davantage donnés en concert.


Le site du King’s Consort
Le site de Julia Doyle
Le site de Diana Moore
Le site de Joshua Ellicott
Le site de David Wilson-Johnson



Sébastien Gauthier

 

 

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