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Rideau

Strasbourg
Opéra national du Rhin
06/17/2012 -  et 20, 23, 25, 28* juin (Strasbourg), 6, 8 juillet (Mulhouse)
Richard Strauss : Der Rosenkavalier, opus 59
Melanie Diener (La Maréchale), Wolfgang Bankl (Ochs), Michaela Selinger (Octavian), Werner Van Mechelen (Faninal), Daniela Fally (Sophie), Sophie Angebault (Marianne Leitmetzerin), Hilke Andersen (Annina), Enrico Casari (Valzacchi), Dimitri Pkhaladze (Le Commissaire), Yuriy Tsiple (Le Notaire), Stefan Pop (Le Chanteur italien)
Chœurs de l’Opéra national du Rhin, Petits Chanteurs de Strasbourg, Maîtrise de l’Opéra national du Rhin, Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marko Letonja (direction)
Mariame Clément (mise en scène), Julia Hansen (décors et costumes),
Philippe Berthomé
(lumières),
Mathieu Guilhaumon (chorégraphie)


(© Alain Kaiser)


Pourquoi tenter de faire du neuf avec Le Chevalier à la rose alors que tout dans cet opéra est délibérément vieux, d’une coquetterie «ancien régime» qui fait l’essentiel du charme du sujet ? Tant Richard Strauss, qui pour l’occasion atténuait pour la première fois dans sa carrière l’envergure moderniste de sa musique, qu’Hugo von Hofmannstahl avec son style viennois si délibérément passé de mode, y ont joué la carte du clin d’œil daté, de la poussière savamment accumulée sur des émotions distanciées. Donc gare au maniement trop vigoureux du chiffon ou du balai, sous peine de révéler sur le chef-d’œuvre beaucoup de surfaces vides qui ont perdu leur patine.


Et c’est bien ce qui vient de se passer à l’Opéra du Rhin. Julia Hansen, décoratrice quasiment attitrée de Mariame Clément, a dessiné quelques beaux costumes d’époque pour les principaux protagonistes (encore que la Maréchale soit peu flattée par les tissus qu’on lui fait porter) et laissé tout le reste à l’état d’ébauche. Quelques rideaux clairs tendus en travers d’une scène vide délimitent des espaces rudimentaires. Tous les personnages secondaires sont occultés par les masques de carnaval vénitiens qu’on les oblige à porter... Voilà l’essentiel du concept, particulièrement facile à résumer. Dès que le rideau se lève sur la soi-disant chambre à coucher de la Maréchale, on a déjà l’impression de se trouver dans l’auberge louche du troisième acte, espace sans agrément aucun qui ne variera guère au cours de la soirée, à quelques pans de tissu blanc près. Côte mise en scène, les personnages ne sont guère fouillés, souvent laissés les bras ballants, quelques petits détails montés en épingle ici ou là servant d’alibi intellectualiste à ce travail qui paraît surtout d’une faiblesse criante. Plaignons les membres les plus jeunes du public, génération présente en assez grand nombre dans la salle ce soir là, de devoir découvrir le Chevalier à la rose dans des conditions aussi frustes.


Du côte de la distribution, le trio féminin a été choisi avec soin mais sans pressentir l’incompatibilité de ces trois voix, pas du tout assorties en timbre, dont les duos et encore davantage le sublime trio du troisième acte ne fonctionnent jamais jusqu’à l’envoûtement attendu. Les émissions restent trop disparates, la perception des nuances et l’investissement dans l’articulation du texte aussi. Séparément la Sophie de Daniela Fally est attachante, voix plutôt petite mais bien timbrée, l’Octavian de Michaela Selinger disposant quant à lui d’un instrument qui tire trop vers les couleurs sombres, avec un contrôle de la justesse devenant aléatoire dans les aigus, quant à la Maréchale de Melanie Diener, elle abuse de coquetteries dans la prononciation du texte qui altèrent parfois la beauté de sa ligne de chant. Envisagées séparément ces dames sont de bonnes recrues. Simultanément elles ne construisent rien de vraiment brillant.


Ensemble par ailleurs sans reproche, avec le Baron Ochs davantage baryton que basse de Wolfgang Bankl, personnage élégant, voire trop distingué pour incarné le nobliau rustaud attendu, le Faninal d’une santé resplendissante de Werner Van Mechelen, voire toute une brochette de seconds rôles qui se marchent continuellement sur les pieds dans l’espace trop réduit que le décor leur laisse.


L’Orchestre philharmonique de Strasbourg est lui aussi à l’étroit. Mais il a l’habitude de cette configuration de fosse de l’Opéra du Rhin à Strasbourg où dès que l’effectif augmente il faut rogner sur le nombre de cordes pour que chacun puisse encore disposer d’un espace minimal pour bouger son archet ou sa coulisse. Sous la baguette experte de Marko Letonja, l’ouvrage sonne bien, avec peu d’accidents de parcours. Mais son substrat viennois et son élégance si particulière restent davantage esquissés que réellement assimilés. La technicité et les efforts de concentration réels accomplis par tous viennent un peu occulter le charme d’un ouvrage qui devrait paraître respirer plus librement. Une soirée compétente mais qui ne laissera pas de souvenir impérissable.



Laurent Barthel

 

 

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