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Eclatante fin de saison pour l’ONL

Lyon
Auditorium Maurice Ravel
06/28/2012 -  et 29, 30 juin 2012
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 9 en mi bémol majeur, opus 70
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9 en ré mineur, opus 125

Lisa Milne (soprano), Bea Robein (mezzo), Christian Elsner (ténor), Morten Frank Larsen (baryton)
Coro Gulbenkian, Orchestre national de Lyon, Leonard Slatkin (direction)


L. Slatkin (© Donald Dietz)


Après une enthousiasmante exécution de la Huitième Symphonie de Chostakovitch en mars, l’Orchestre national de Lyon a clos sa saison – dédiée en grande partie au maître russe – avec la Neuvième. Créée en 1945, elle est la troisième et dernière symphonie composée durant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, alors que les Septième et Huitième durent plus d’une heure et nécessitent un effectif imposant, la Neuvième requiert une masse orchestrale «classique» et dure à peine moitié moins. Mais surtout, elle délaisse l’héroïsme patriotique des deux précédentes pour faire place à des airs enjoués, inspirés de danses rustiques. On sait qu’elle provoqua l’ire de Staline – au point que le compositeur dut craindre pour sa vie – qui s’attendait à une œuvre apothéotique, composée expressément pour sa propre gloire ainsi que pour celle des troupes soviétiques victorieuses du nazisme. Soutenus par les solistes souvent splendides d’un orchestre dont la réputation internationale ne cesse de croître, son nouveau directeur musical Leonard Slatkin développe une approche emplie d’un humanisme chaleureux, mais sans gommer l’aspect grinçant et sarcastique de cette superbe partition. Il faut souligner l’extraordinaire présence de la petite harmonie, notamment les premiers flûte, clarinette et basson, qui ont prodigué des sonorités prodigieuses. Dans ce trio de solistes, on savoure la spécificité sonore de chaque registre ainsi qu’un remarquable sens du legato. On admire enfin leur remarquable cohérence, qui emmène la symphonie vers sa juste conclusion dans le crescendo final.


En miroir – rappelons que le Petit père des peuples avait justement commandé à Chostakovitch une symphonie qui s’en inspire –, c’est la célébrissime Neuvième de Beethoven que l’orchestre donne à entendre. Il suffit de quelques minutes à l’ensemble des musiciens – on note huit contrebasses et des bois doublés – pour que le courant passe et que le sortilège opère. L’ultime œuvre symphonique du maître allemand est exécutée avec une incroyable énergie, ce qui n’empêche pas, de la part de Slatkin, une attention aiguë portée aux moindres détails. Il opte pour un tempo «normal» pour les trois premiers mouvements (le mouvement lent s’avère d’une poésie toute crépusculaire) avant de livrer un «Hymne à la joie» dans une exaltation absolue. Slatkin surprend alors par l’urgence étourdissante et le tempo haletant qu'il imprime aux pages chantées, et embarque chœurs (extraordinaire Chœur de la Fondation Gulbenkian!) comme solistes dans une véritable ivresse finale. Mais las, les voix réunies ce soir ne sont pas toutes de la même trempe. Si le solo du ténor allemand Christian Elsner réjouit par son enthousiasme vocal et son timbre bravache, si la soprano écossaise Lisa Milne séduit par la pureté cristalline de ses aigus, nous déchantons avec un baryton (Morten Frank Larsen) aux extrémités de registre inexistants et une mezzo (Bea Robein) qui fait, elle aussi, ce qu’elle peut pour passer l’orchestre, dans une tessiture par ailleurs bien trop grave pour elle. Cependant, le rayonnement de l’orchestre, la vitalité du chœur et le charisme du chef effacent grandement ces légers bémols, comme en témoignent d’interminables ovations.



Emmanuel Andrieu

 

 

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