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Seville, Ohio

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Vlaamse Opera
06/10/2012 -  et 12, 13, 15, 16, 17, 19 juin (Antwerpen), 27, 28, 29, 30 juin, 1er*, 3, 5 juillet 2012 (Gent)
Georges Bizet : Carmen
Viktoria Vizin/Anna Goryachova* (Carmen), Roberto Saccà*/Gordon Gietz (Don José), Aris Argiris*/Roberto Tagliavini (Escamillo), Alexandra Coku*/Hanne Roos (Micaëla), Andrew Ashwin (Moralès), Laura Nicorescu (Frasquita), Letitia Singleton (Mercédès), Gijs Van der Linden (Remendado), Nabil Suliman (Dancairo), Jaco Huijpen (Zuniga)
Koor van de Vlaamse Opera, Yannis Pouspourikas (chef du chœur), Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera, Dmitri Jurowski/Yannis Pouspourikas* (direction)
Daniel Kramer (mise en scène), Soutra Gilmour (décors), Gabrielle Dalton (costumes), Charles Balfour (éclairages), Lucy Burge, Tim Claydon (chorégraphie)


(© Annemie Augustijns)


Daniel Kramer transpose sa Carmen (1875) à Seville. En Andalousie ? Non, dans l’Ohio, aux Etats-Unis. La cigarière de Bizet et Mérimée devient ouvrière dans une manufacture quelconque mais elle provient bel et bien d’un milieu en marge comme Frasquita et Mercédès vêtues à la mode des années ’80. Le metteur en scène reste malgré tout fidèle à la psyché de cette héroïne que l’opéra a porté au rang de mythe universel : le destin de cette fille du quart monde américain rejoint bien celui de la bohémienne entrée dans l’inconscient collectif. Don José n’échappe pas à cette relecture : souffre-douleur de Zuniga, il est déculotté par Escamillo qui urine sur lui – Wozzeck n’est pas loin. Hors de question bien sûr de parler de tauromachie : le toréro se transforme ici en chef de gang qui, accompagné d’un chien de combat, provoque chez les jeunes filles décervelées une hystérie grotesque et déplacée.


Quant à la population locale, elle consomme sans retenue et tombe dans le voyeurisme. Le tableau final offre d’ailleurs une image saisissante : assis en cercle, les citadins assistent, comme s’il s’agissait d’un spectacle, au déchirement tragique de Carmen et Don José en jetant leurs gobelets de soda au milieu de cette arène improvisée. Traitée comme un vulgaire déchet, l’héroïne finira en sous-vêtements – panem et circenses. Bref, cette production comporte son lot de vulgarité et de violence comme dans l’incroyable Mahagonny de Calixto Bieito en début de saison, la nudité en moins, mais, dans les deux cas, la direction d’acteur s’avère de premier ordre. Reste que Daniel Kramer jette un regard féroce sur la société américaine qui n’en sort pas grandie et, pour répondre aux besoins de sa dramaturgie, écarte quelques numéros : la marche et le chœur des gamins du premier acte, le quintette du deuxième acte et l’introduction du troisième acte. Les amateurs les connaissent de toute façon par cœur mais tant pis pour les novices.


Le théâtre est toutefois mieux servi que la musique. La distribution vocale, qui chante un français incompréhensible, se hisse à un niveau moyen. Anna Goryachova possède le timbre et le format requis pour le rôle-titre mais le style lui fait encore défaut bien qu’elle incarne Carmen avec aisance et engagement. Bien peu de soleil émane de la voix de Roberto Saccá qui interprète un Don José sans grand relief et fâché avec les nuances. Pour compléter le plateau l’Escamillo massif mais sans élégance d’Aris Argiris, la Micaëla peu soucieuse de la ligne d’Alexandra Coku (qui se laissera docilement peloter au premier acte), un Zuniga brut mais bien joué de Jaco Huijpen et un duo Frasquita/Mercédès sans histoire de Laura Nicorescu et Letitia Singleton. Yannis Pouspourikas, qui remplace Dmitri Jurowski pour quelques représentations, obtient d’un Orchestre symphonique du Vlaamse Opera un peu paresseux un niveau de finition correct mais les couleurs manquent d’éclat, les timbres de finesse et la mise en place de netteté. Le chœur, quant à lui, n’apporte aucun soulagement quant à la prononciation et il paraît parfois un peu débraillé. Les productions du Vlaamse Opera ne laissent décidément jamais indifférents : à défaut de toujours susciter l’enthousiasme et une adhésion unanime, elles invitent au moins à la réflexion. En tout cas, le public de ce dimanche après-midi à Gand ne manifeste aucune animosité, au contraire.



Sébastien Foucart

 

 

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