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Un Orphée abscons et sans Eurydice

Saint-Etienne
Opéra-Théâtre
06/13/2012 -  et 15, 17 juin 2012
Christoph Willibald Gluck : Orphée et Eurydice (révision Hector Berlioz)

Varduhi Abrahamyan (Orphée), Ingrid Perruche (Eurydice), Maïlys de Villoutreys (Amour)
Ballet national de Marseille, Chœur lyrique Saint-Etienne Loire, Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire, Giuseppe Grazioli (direction musicale)
Frédéric Flamand (mise en scène, chorégraphie et lumières), Hans Op de Beeck (scénographie, décors, costumes et lumières)


(© Cyrille Cauvet)


Après Nantes, en mars, et Bordeaux, le mois passé, c’est à Saint-Etienne qu’on pouvait voir l’Orphée et Eurydice de Gluck dans la version remaniée en 1859 par Hector Berlioz. Réalisée en coopération avec le Ballet national de Marseille, la production a tout naturellement été confiée à Frédéric Flamand – son directeur depuis 2004 – qui signait à la fois la mise en scène, la chorégraphie et les lumières.


Si le dédoublement – voire la multiplication – des trois protagonistes n’a rien de neuf (qu’on se rappelle la production que Pina Bausch créa pour l’Opéra national de Paris), la gestique des danseurs et danseuses nous a paru, quant à elle, bien absconse, sans qu’on puisse jamais la relier à l’action et au livret. On peut légitimement se demander si l’incessante agitation générée par tous ces artistes – par ailleurs talentueux – ne vient pas contredire la volonté de Gluck avec cet ouvrage d’un genre nouveau à l’époque et qui recherchait avant tout la simplicité, la clarté et une certaine forme de rigueur. De même, la scénographie de Hans Op de Beeck - si elle gratifie l’œil de fort belles images -, nous semble participer de cette même contradiction par sa surcharge et sa complexité.


En Orphée, la mezzo arménienne Varduhi Abrahamyan s’avère très crédible tant par la voix que par le jeu – quoiqu’elle ait tendance à assombrir un peu trop, sans doute pour faire plus mâle – tout en semblant plus à l’aise dans la déploration («Objet de mon amour» et «J’ai perdu mon Eurydice») que dans l’émerveillement («Quel nouveau ciel»), ou la virtuosité («Amour, viens rendre à mon âme»), où elle perd un peu de son assise rythmique et mélodique, malgré des coloratures habilement simplifiées par Berlioz à l’intention de Pauline Viardot. Déception, en revanche, avec l’Eurydice de la soprano française Ingrid Perruche dont la voix n’est plus que l’ombre d’elle-même, avec des aigus violant systématiquement nos tympans. Enfin, Maïlys de Villoutreys parvient à donner un minimum d’épaisseur et de musicalité au personnage de l’Amour, à qui Gluck n’a décidemment pas confié des pages inoubliables.


A la tête de l’Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire, le chef italien Giuseppe Grazioli dirige avec une rare précision dans les attaques, une nervosité de bon aloi – malgré quelques tempi parfois excessivement lents – et parvient à faire sonner sa formation avec autant de légèreté qu’un ensemble baroque... sans rien perdre de la qualité du son des musiciens stéphanois.



Emmanuel Andrieu

 

 

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