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Colline inspirée

Paris
Auvers-sur-Oise (Eglise Notre-Dame)
06/23/2012 -  
Ludwig van Beethoven : Sonates pour violon et piano n° 6, opus 30 n° 1, et n° 7, opus 30 n° 2
Pascal Zavaro : Spirale
Béla Bartók: Sonate pour violon et piano n° 1, sz. 75
Maurice Ravel : Tzigane

Valeriy Sokolov (violon), Evgeny Izotov (piano)




Cette nouvelle édition du festival d’Auvers-sur-Oise continue sur la lancée des trente-et-une précédentes: pourquoi Pascal Escande, son fondateur et directeur, changerait-il une formule gagnante, qui, crise ou pas, attire un nombreux public sur cette «colline inspirée»? Car du 1er juin au 6 juillet, cet «opus 32», pour reprendre la terminologie auversoise, ne déroge pas à la règle, en l’église Notre-Dame immortalisée par van Gogh et dans les communes voisines: succession d’artistes prestigieux (Khatia Buniatishvili, Michel Corboz, Hélène Grimaud, les sœurs Labèque, Nemanja Radulovic, le Trio Wanderer, l’ensemble Amarillis) et accueil d’un compositeur en résidence, cette année Pascal Zavaro (né en 1959), dont bon nombre d’œuvres sont données, y compris la création de L’Annonciation pour soprano, baryton et chœur mixte.


Une grande absente, toutefois, Brigitte Engerer, décédée, moins de deux semaines après un ultime concert à Paris, le jour même de ce récital de Valeriy Sokolov (né en 1986) et Evgeny Izotov (né en 1979), que Pascal Escande dédie à sa mémoire, elle qui est si souvent venue à Auvers, comme en 2004 avec Boris Berezovsky.



V. Sokolov (© Simon Fowler/EMI)


L’Ukrainien et le Russe consacrent la première partie d’un programme à la fois copieux et original à deux des Sonates de Beethoven, pour une fois ni «Le Printemps» ni l’«A Kreutzer», mais les deux premières des trois l’Opus 30 (1802). Dans la Sixième Sonate, Sokolov s’impose d’emblée par une grande sûreté, un beau sens de la couleur et une impeccable ligne de chant: une séduction sonore qui se double, dans ces pages d’esprit encore mozartien, d’une certaine prudence interprétative avant de trouver davantage de personnalité dans les variations finales. A ses côtés, Izotov, tout en rondeur, est à l’unisson, sans demeurer trop en retrait. L’ut mineur de la Septième Sonate inspire ensuite aux interprètes un engagement plus marqué, beethovénien, en un mot.


En début de seconde partie, Zavaro vient lui-même présenter Spirale (1994), une pièce relativement ancienne de son catalogue: cinq minutes durant, les promesses du titre entraînent les deux protagonistes dans une activité frénétique, hormis les valeurs longues confiées au violon dans la partie centrale. Mobile et minimaliste, cette musique qui revêt le premier Nyman d’harmonies debussystes porte avec un mélange de panache et de naïveté les engouements de son époque et ne prend pas à rebrousse-poil le public d’Auvers-sur-Oise. Cela aurait en revanche pu être le cas de la redoutable Première Sonate (1921) de Bartók, que les artistes, à leur tour, dédient à la mémoire de Brigitte Engerer. Mais la passion et l’intensité déployées par Sokolov ne peuvent que susciter l’adhésion, malgré un équilibre avec son partenaire qui tend parfois à lui être défavorable. Allegro appassionato comme une protestation, Adagio élégiaque, Allegro final tenant d’une danse macabre: dans ce contexte, la partition prend un relief tout particulier. Avec un archet tout aussi brûlant et fulgurant, Tzigane (1924) de Ravel parachève ce magnifique récital.


Bruno Monsaingeon, qui a consacré un film au jeune violoniste (Un violon dans l’âme), n’est pas le dernier à exprimer son bonheur et les musiciens offrent deux bis – la Méditation de Thaïs (1894) de Massenet, puis la «Mélodie», dernière pièce du triptyque Souvenir d’un lieu cher (1878) de Tchaïkovski – qu’un tempo allant éloigne résolument de toute dérive sentimentaliste.


Le site du festival d’Auvers-sur-Oise
Le site d’Evgeny Izotov
Le site de Pascal Zavaro



Simon Corley

 

 

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