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Rotterdam aux Champs-Elysées

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/03/2012 -  
Johannes Brahms : Concerto pour piano n°1 en ré mineur op. 15 – Symphonie n°2 en ré majeur op. 73
Anton Webern : Cinq Pièces pour orchestre op. 10

Nicholas Angelich (piano)
Rotterdams Philharmonisch Orkest, Yannick Nézet-Séguin (direction)


Y. Nézet-Séguin (© Marco Borggreve)


Yannick Nézet-Séguin, que nous avait révélé, à Salzbourg, un fort beau Roméo et Juliette de Gounod, fait aujourd’hui une carrière brillante, qui le conduit régulièrement à Paris. Son concert à la tête de la Philharmonie de Rotterdam, dont il est le directeur depuis quatre ans, laisse pourtant une impression parfois mitigée, ne serait-ce qu’à cause du niveau assez moyen de l’orchestre : les différents pupitres ne parviennent pas toujours à s’équilibrer et leur sonorité peut laisser à désirer.


Les cordes, par exemple, patinent au début du Premier Concerto de Brahms. La direction a du mal à s’arracher à la terre, n’évitant pas toujours la confusion entre la puissance et la lourdeur, surtout dans le Maestoso-Poco più moderato initial. Progressivement, les choses tendent heureusement à se décanter. Le chef canadien, en revanche, réussit l’intégration du piano dans l’orchestre pour cette partition assez symphonique d’esprit. Nicholas Angelich, de son côté, y donne le meilleur de lui-même, lui qui entretient avec Brahms une relation privilégiée : toucher profond, sonorité dense, jeu concentré et pensé, assez intériorisé, surtout dans un Adagio où il privilégie la contemplation plutôt que l’effusion. La transition, du coup, s’opère naturellement avec les deux dernières Scènes d’enfants de Schumann, d’une poésie empreinte de gravité, où l’on sent, plus que l’esprit d’enfance, une sorte de mélancolie nostalgique.


On se demandait, à l’inverse, comment les Cinq Pièces de Webern, où le chef, sans obtenir de son orchestre des sonorités séduisantes, révèle ses talents de coloriste, s’enchaîneraient avec la Deuxième Symphonie du compositeur hambourgeois. La chose, curieusement, semble aller de soi – alors qu’il passe directement de l’une à l’autre. La Symphonie, au demeurant, respire mieux que le Concerto. Sans charme viennois, sans opulence hédoniste, sans grandeur épique : Yannick Nézet-Séguin entend visiblement alléger, clarifier les textures, avec d’abord un Allegro non troppo énergique, très tenu, aux arêtes vives, où il faut attendre le second thème pour que les lignes s’incurvent, puis un Adagio non troppo très dramatique, traversé de sombres menaces dans sa partie centrale. L’orchestre bissera, à la fin du concert, unAllegretto grazioso à la fausse nonchalance. Le finale convainc moins : alors que le chef cravache, l’orchestre accuse ses limites, sacrifiant un peu la polyphonie à l’ivresse rythmique. Mais il aura, dès le début, adhéré avec enthousiasme à cette lecture tonique et sans concession.



Didier van Moere

 

 

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