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Victoria Hall
05/23/2012 -  
Samuel Barber: Essay n° 2, opus 17
George Gershwin: Concerto pour piano
Dimitri Chostakovitch: Symphonie n° 5, opus 47

Jean-Yves Thibaudet (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Leonard Slatkin (direction)


L. Slatkin (© Steve J. Sherman)


L’Orchestre de la Suisse Romande continue son parcours des symphonies de Dimitri Chostakovitch. Après avoir entendu Neeme Järvi dans la Dixième, Marek Janowski dans la Quinzième (en attendant l’an prochain la Quatorzième) et Vasily Petrenko dans la Septième «Leningrad», c’est au tour de Leonard Slatkin de s’attaquer à la Cinquième, connue pour son contexte historique puisque Chostakovitch avait dû à sa publication faire publiquement son autocritique suite aux représentations de son opéra Lady Macbeth de Mzensk qui avait subi les foudres de Staline. Contrairement à sa Quatrième Symphonie, l’œuvre se doit de conclure par un finale d’un triomphalisme dans un esprit de positivisme assez artificiel alors que les premières pages plus personnelles contiennent des sommets.


Après l’exceptionnelle exécution de la Symphonie «Leningrad», il faut regretter que le dispositif des rideaux latéraux n’ai pas été repris pour cette soirée. Certes, il y a moins de musiciens sur scène dans cette Cinquième mais les tutti du premier mouvement manquent de netteté. Les plans sonores sont moins clairs et les bois et cordes s’équilibrent moins bien. Slatkin et ses musiciens construisent avec soin et éloquence le sublime Largo. Ce n’est pas un hasard, c’est le mouvement dont l’orchestration est la plus légère. Dans ces conditions, les musiciens sont plus précautionneux et cette musique si forte perd de son caractère lyrique pour devenir plus abstraite. Le niveau instrumental reste élevé et il faut souligner les superbes interventions du hautbois de Jérome Capeille et au piano de Xavier Dami.


La première partie était consacrée à la musique américaine dont Leonard Slatkin s’est fait un infatigable champion de par le monde. Il y a un style d’orchestration à l’américaine bien spécifique avec des équilibres entre cuivres et cordes uniques, un recours au registre medium des violons, … Slatkin est dans son domaine comme Petrenko l’était dans la musique de Chostakovitch. Sous sa baguette, les musiciens le suivent sans aucun accent romand. Samuel Barber est mondialement connu pour son célébrissime Adagio. Le Deuxième Essay for orchestra qu’a souvent joué un autre chef américain partageant le même prénom que Slatkin est une œuvre plus dramatique mais aussi concentrée et caractérisée qui mériterait d’être jouée avec plus de régularité.


Le Concerto en fa de George Gershwin a toute l’originalité et le brillant de la Rhapsody in Blue et devrait aussi bénéficier de la même notoriété. Au lieu de faire une œuvre d’un seul tenant, Gershwin a ici composé un concerto en trois mouvements. La forme est classique mais les harmonies, l’orchestration et les rythmes sont directement inspirés du jazz et du ragtime. Jean-Yves Thibaudet a souvent joué ce concerto swingue avec panache et élégance. Il a un très beau toucher et la pulsation qu’il imprime à la musique sont bien plus idiomatiques et convaincants que ce que faisant dans ce même répertoire Fazil Say quelques mois plus tôt avec la même formation. La seule petite remarque que l’on pourrait lui faire est peut-être de ne pas concevoir l‘œuvre avec suffisamment de continuité. A l’orchestre, Slatkin imprime sa marque. Son enthousiasme et son optimisme dans l’Allegro initial sont communicatifs. L’Andante con moto central quant à lui rêveur, la trompette en sourdine de Stephen Jeandheur aguichant le piano dans un solo plein de poésie avant que ne se déchaine l’énergie débridée de l’Allegro agitato.


Lyon, dont Slatkin est directeur musical de l’Orchestre national, est à moins d’une heure de Genève. Le répertoire symphonique américain est vaste et il reste tant à découvrir. A quand les symphonies de Charles Ives par ces mêmes interprètes?



Antoine Leboyer

 

 

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