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Lille
Opéra
05/15/2012 -  et 18, 20*, 22, 24, 26, 29 mai 2012
Jules Massenet : Cendrillon
Renata Pokupic (Cendrillon), Gaëlle Arquez (Le Prince charmant), Marie-Ange Todorovitch (Madame de la Haltière), René Schirrer (Pandolfe), Kathleen Kim (La Fée), Valérie Condoluci (Noémie), Sarah Jouffroy (Dorothée), Christophe Fel (Le Roi), Artavazd Sargsyan (Le doyen de la faculté), Jean-Michel Ankaoua (Le surintendant des plaisirs), Maxime Cohen (Le premier ministre)
Chœur de l’Opéra de Lille, Yves Parmentier (chef du chœur), Orchestre national de Lille, Claude Schnitzler (direction musicale)
Laurent Pelly (mise en scène, costumes), Benoît De Leersnyder (reprise de la mise en scène), Jean-Jacques Delmotte (costumes), Barbara de Limburg (décors), Duane Schuler (lumières), Laura Scozzi (chorégraphie), Karine Girard (reprise de la chorégraphie)


(© Frédéric Iovino)


Cette Cendrillon (1899) deviendrait-elle un classique ? La question effleure l’esprit en quittant l’Opéra de Lille qui accueille cette coproduction du Royal Opera House, de la Monnaie et du Gran Teatre del Liceu. Preuve de son succès, un DVD récemment paru chez Virgin immortalise les représentations londoniennes de ce spectacle monté pour la première fois en 2006 à l’Opéra de Santa Fe dans une configuration légèrement différente. Si une autre approche de cet ouvrage est sans doute possible, il paraît difficile de surpasser la mise en scène de Laurent Pelly, complétée par la chorégraphie pleine d’esprit de Laura Scozzi et inscrite dans des décors absolument féeriques – c’est bien le mot – de Barbara de Limburg. Eclairée par Duane Schuler, qui réalise d’admirables contrastes, notamment entre le faste de la cour royale et la modestie de la chambre de Cendrillon, la scénographie joue la carte du divertissement et de la nostalgie : qui ne se souvient avec émotion de ces livres de contes joliment illustrés, de ces personnages délicieusement croqués, de cette atmosphère singulière, propice aux rêves, de cet humour absolument dépourvu de vulgarité, de cet alliage subtil d’émotions ? Les spectateurs revivent tout cela grâce à des idées malicieuses qui fonctionnent toujours aussi bien. Décidément, le défilé des demoiselles devant le prince, qui doit choisir sa fiancée parmi elles, est une merveille, de même que l’essai de la pantoufle de vair, qui met le public en joie. Autre idée dont l’originalité s’impose davantage lors de cette reprise : lors du sommeil de Cendrillon apparaissent, comme par magie, une multitude de sœurs jumelles, chacune portant une petite lampe de chevet, principe reproduit au troisième acte lorsque c’est au tour du prince d’être multiplié de la sorte.


Distribution renouvelée. Sans effacer le souvenir d’Anne-Catherine Gillet à Bruxelles, la mezzo-soprano (sic) croate Renata Pokupic – bonne diction, solide métier – évolue avec autant d’aisance dans les habits fatigués de la souffre-douleur que dans la somptueuse robe de bal de la future princesse. Pour le prince, la Monnaie offrait le choix : soit la version avec ténor, soit celle, prévue par Massenet, avec une voix de femme, en l’occurrence ici une soprano. Disposant d’un timbre riche et déployant une ligne vocale ouvragée, Gaëlle Arquez confère au personnage l’aspect d’un adolescent qui s’éveille à l’amour : cela coule tellement de source qu’il est désormais difficile d’imaginer ce rôle interprété par un homme, aussi jeune soit-il. Un bémol : à ses côtés, Cendrillon paraît davantage jeune femme que jeune fille. Pour sa première apparition (tardive) à l’Opéra de Lille, Marie-Ange Todorovitch prend un plaisir manifeste à incarner une Madame de la Haltière qu’on adore détester : hypocrite, odieuse et d’une monumentalité factice. Absolument impayables dans leur robe verte et rose bouffie à la taille, Valérie Condoluci et Sarah Jouffroy croquent deux sœurs délicieusement insupportables. La Fée impeccable de Kathleen Kim (voix claire, vocalises nettes) et le Pandolfe idéal de René Schirrer – timbre moins riche mais chant de haute tenue – complètent, pour les rôles principaux, un plateau sans maillon faible. Scrupuleusement préparés, comme d’habitude, par Yves Parmentier, les choristes endossent avec conviction une galerie diversifiée de personnages tandis que sous la direction de Claude Schnitzler, un Orchestre national de Lille affûté traduit avec poésie et éclat une musique qui mérite d’être considérée avec autant d’égards.



Sébastien Foucart

 

 

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