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Le triomphe de Marianne Crebassa

Bordeaux
TnBA (Grande salle Vitez)
05/09/2012 -  et 10, 11, 12, 13 mai 2012
Christoph Willibald Gluck : Orphée et Eurydice (révision Hector Berlioz)

Marianne Crebassa*/Agata Schmidt(Orphée), Elisa Cenni*/Ilona Krzywicka (Eurydice), Elisa Cenni*/Olivia Doray (Amour)
Chœur de l’Opéra National de Bordeaux, Ensemble vocal du Conservatoire de Bordeaux, Orchestre symphonique du Conservatoire de Bordeaux, Geoffroy Jourdain (direction musicale)
Dominique Pitoiset & Stephen Taylor (mise en scène), Dominique Pitoiset (décors), Camille Pénager (costumes), Christophe Pitoiset (lumières)


M. Crebassa, C. Yuan (© Mirco Magliocca)


Proposée à la MJC 93 de Bobigny l’an passé, cette production d’Orphée et Eurydice, signée par le duo Dominique Pitoiset/Stephen Taylor, est venue investir cinq jours d’affilée – et avec deux casts différents – le Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine, dont Pitoiset préside aux destinées depuis 2004. Issues de l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris, les trois artistes réunies en cette soirée de première se sont révélées toutes de magnifiques chanteuses-actrices, avec un éloge de tout premier ordre à l’endroit de Marianne Crebassa, qui a déjà tout d’une grande.


Après nous avoir émerveillé au dernier Festival de Radio France et Montpellier dans le rôle-titre de La Magicienne de Fromental Halévy, la mezzo montpelliéraine a interprété un Orphée devant lequel les Enfers ne pouvaient que s’incliner – ainsi que le public. Elle possède, en plus d’une indiscutable élégance scénique, toute l’étendue et l’étoffe vocales que requiert ce rôle difficile, dont les «accents déchirants» passent par des exigences de puissance, de couleur et de virtuosité peu communes. C’est peu dire que Crebassa affronte crânement ces exigences, notamment dans le redoutable air pyrotechnique «L’espoir renaît dans mon âme». Elle se montre enfin bouleversante dans le célèbre «J’ai perdu mon Eurydice», à tel point qu’à la fin aucun applaudissement ne fuse, tant l’auditoire est sous le coup de l’émotion. Un grand Orphée!


Face à elle, la soprano chinoise Chenxing Yuan ne démérite pas en Eurydice, avec sa voix ronde, pleine et sensuelle. On pourrait néanmoins lui conseiller de soigner un peu plus sa diction, d’autant que le spectacle n’était pas surtitré. L’Amour est défendu avec les beaux moyens – plus opulents que de coutume dans ce rôle – de la jeune chanteuse italienne Elisa Cenni. Il faut saluer également le travail du chef français Geoffroy Jourdain qui parvient à obtenir de l’Orchestre du Conservatoire de Bordeaux – qu’on imagine peu rompu à ce répertoire – une transparence et une incisivité rythmique remarquables. De même, les chœurs conjugués de l’Opéra et du Conservatoire s’investissent avec une ardeur et un élan accomplis.


Sur le plan théâtral, c’est une conception pour le moins originale du chef d’œuvre de Gluck que livre le tandem de metteurs en scène. Transposée de nos jours, l’action débute dans un appartement moderne où Orphée fait signer à un Chœur chaussé de lunettes noires, dans la cuisine, un registre de condoléances, tandis qu’Eurydice gît, un peu plus loin, sur le lit conjugal. Grâce à un plateau tournant, on accède à la salle de bain du couple où a été retrouvée, assassinée, la belle Eurydice. Ce décor, froid et clinique, sert également de lieu d’action à la scène des Enfers. Contre toute attente, le parti pris fonctionne, notamment dans la longue scène de déploration initiale d’Orphée, où la froideur du mobilier qui l’entoure renvoie immanquablement à la solitude du personnage.



Emmanuel Andrieu

 

 

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