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Dérèglements musicaux Vienna Grande salle du Musikverein 04/14/2012 - et 15 (Wien), 16 (St. Pölten) avril 2012 Carl Maria von Weber : Aufforderung zum Tanz, opus 65, J. 260 (orchestration Felix Weingartner)
Robert Schumann : Concerto pour violon et orchestre
Maurice Ravel : Daphnis et Chloé (Suite n° 2) – La Valse
Baiba Skride (violon)
Tonkünstler-Orchester Niederösterreich, Mario Venzago (direction)
M. Venzago
Le programme du concert proposé en ce dimanche viennois triste et pluvieux dans la grande salle du Musikverein de Vienne était consacré à deux dérèglements musicaux, hommages un brin ironiques à la ville, la célèbre Invitation à la valse (1819) de Carl Maria von Weber (1786-1826), ronflante et roborative jusqu’à l’excès au travers de l’orchestration de Felix Weingartner, moins connue que l’orchestration d’Hector Berlioz de l’original pour piano, et La Valse (1920) de Maurice Ravel (1875-1937), caricature de la danse symbolisant musicalement la capitale du défunt empire d’Autriche-Hongrie, encadrant le Concerto pour violon (1853) de Robert Schumann (1810-1856) et la Seconde Suite de Daphnis et Chloé (1912) de Maurice Ravel.
Après un début incertain, notamment du côté des cuivres, et quelques difficultés de mise en place, le chef suisse Mario Venzago fournit une lecture très fouillée de l’Invitation, l’acoustique proprement inouïe de la salle permettant d’apprécier la qualité de tous les pupitres de l’orchestre naturellement disposé à la viennoise.
Le Concerto de Schumann était l’occasion d’entendre la violoniste lettone Baiba Skride, premier prix lors du concours Reine Elisabeth en 2001. L’artiste, peu connue en France mais entendue à ses débuts, à Deauville en 2006, à la grossesse bien engagée, s’en sortit beaucoup mieux dans le mouvement central (Langsam), faisant alors preuve d’une simplicité et d’un charme indéniable correspondant à ce mouvement introverti, comme si l’interprète pensait à l’enfant qu’elle portait, le temps paraissant presque suspendu. Dans les mouvements extrêmes, l’artiste fut beaucoup moins convaincante, peinant à s’imposer, manquant à la fois de puissance et de virtuosité, voire de précision dans les aigus, et surtout ne semblant pas savoir où aller dans cette œuvre il est vrai assez déconcertante, débringuée et ingrate, tardivement redécouverte en 1937. Le public qui avait curieusement applaudi à l’issue du premier mouvement ne la retint d’ailleurs pas pour un bis.
Après la pause permettant une petite visite, à l’étage, du petit musée rappelant les impressionnantes gloires passées au Muzikverein – ainsi Gustav Mahler écrivant que sa famille ne pouvait payer ses études avant d’être chaudement recommandé pour l’obtention d’une bourse –, Mario Venzago imprima une belle lecture, quoique sans concession, voire dure du côté des percussions, de Daphnis et Chloé en choisissant un tempo très retenu. Le concert s’acheva par une valse ravélienne menée dans le même esprit et tirée au cordeau, implacable jusqu’au bout, jusqu’à l’effondrement.
Le site de Mario Venzago
Le site de Baiba Skride
Le site de l’Orchestre de Basse-Autriche
Stéphane Guy
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