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L’Italie via Orléans

Orléans
Théâtre (salle Pierre-Aimé Touchard)
04/13/2012 -  et 14, 15* avril 2012
Ferruccio Busoni : Concerto pour piano, opus 39, BV 247
Ottorino Respighi : Pini di Roma

Christopher Falzone (piano)
Chœur symphonique du Conservatoire d’Orléans, Elisabeth Renault (chef de chœur), Brass band Val de Loire, Orchestre symphonique d’Orléans, François-Xavier Bilger (direction)


C. Falzone (© Jean-Baptiste Millot)


Fondé en 1921, l’Orchestre symphonique d’Orléans a été frappé voici maintenant quinze mois par le décès aussi subit que prématuré de Jean-Marc Cochereau (1949-2011), qui en était le directeur musical depuis 1987. Mais la formation bientôt centenaire a su faire face à l’adversité: non seulement un nouveau directeur artistique et musical, Jean-Jacques Kantorow, a été nommé pour trois ans et sera en fonctions dès novembre prochain, mais la programmation prévue pour 2011-2012 a été intégralement maintenue. Comme de coutume, elle est organisée, hormis le traditionnel concert de Noël, autour d’un thème: c’est cette saison un «Voyage en Italie» qui est proposé aux mélomanes de la région au travers de cinq programmes donnés chacun à trois reprises. On y retrouve, bien sûr, les plus célèbres compositeurs originaires de ce pays – Rossini, Paganini, Verdi, Puccini (fin mai) – mais aussi des choix plus inattendus: le poème symphonique D’Italie de R. Strauss et même, pour le quatrième concert, Busoni et Respighi: une audace qu’on n’est hélas pas près de trouver dans la capitale voisine d’à peine plus de 100 kilomètres mais qui ne semble pas effrayer un public visiblement fidèle, à en juger par l’excellent remplissage des 900 places de la salle Pierre-Aimé Touchard du théâtre d’Orléans en ce dimanche après-midi.


Les auditeurs n’ont pas craint d’affronter une rareté aussi monumentale que le Concerto pour piano (1904) de Busoni, où l’Allemagne (de Brahms), du moins dans les mouvements impairs, le dispute à l’Italie. L’occasion méritait d’autant moins d’être ratée que le soliste en était Christopher Falzone (né en 1985), vainqueur de la neuvième édition du concours international de piano d’Orléans (mars 2010). Abordant ce monstre par cœur, il ne déçoit pas les espoirs que permettaient de fonder tant son récital de l’automne dernier à l’Athénée que son disque paru au même moment chez Sisyphe, même si son approche paraît parfois excessivement tendue, voire raide et bousculée, comme dans l’entrée du piano, pourtant l’une des plus majestueuses du répertoire. Point ne lui était pourtant besoin de faire étalage d’une technique que chacun, surtout en cette ville, sait transcendante. Du coup, il tend curieusement à tirer la partition vers une modernité un peu sèche à la Prokofiev, alors qu’elle est volontiers lisztienne dans son écriture pianistique comme dans sa conclusion mystique, évoquant immanquablement la Faust-Symphonie, avec son chœur d’hommes chantant (en allemand) un extrait d’Aladin (1805) du romantique danois Adam Oehlenschläger. Cela étant, le pianiste américain sait heureusement aussi prendre son temps, notamment dans un très beau mouvement central.


Remplaçant presque au pied levé Philippe Ferro, souffrant, François-Xavier Bilger assure une mise en place satisfaisante, à la tête d’un orchestre dont certaines sections ne sont pas avantagées par une acoustique très absorbante, à commencer par les cordes, qui donnent l’impression de ne pas avoir ôté les sourdines, mais aussi les percussions. Une sonorité moins sèche, plus ample aurait mieux convenu à ces pages généreuses voire démesurées, mais les musiciens relèvent globalement le défi posé par la nouveauté et par la dimension de l’œuvre. Entrés en scène dans les dernières minutes du quatrième mouvement, les trente-neuf hommes du Chœur symphonique du Conservatoire d’Orléans sont amplifiés, ce qui procure l’effet curieux de les voir derrière l’orchestre mais de les entendre comme s’ils étaient devant le piano. Après 65 minutes d’une partie exceptionnellement exigeante, Falzone offre en bis, comme si de rien n’était, une adaptation du Finale du Deuxième Concerto (1901) de Rachmaninov.


Il fallait ensuite une musique qui ne soit pas écrasée, même après un entracte, par un aussi ample déferlement de notes: dans le répertoire italien, Les Pins de Rome (1924) remplissent sans peine cette condition. Le lieu ne favorise pas la mise en valeur des détails de la somptueuse orchestration de Respighi, mais Bilger s’attache à faire ressortir la poésie des «Pins du Janicule», dans un esprit assez proche du Prélude à l’après-midi d’un faune. Renforcé in fine par douze membres du Big band Val de Loire, l’orchestre s’en sort avec les honneurs, et même mieux pour certains soli – la clarinette d’Alain Laloge ou la trompette de Jean-Paul Leroy.


Le site de l’Orchestre symphonique d’Orléans



Simon Corley

 

 

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