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Une musique plus cérébrale que séduisante

Bruxelles
Théâtre national
04/01/2012 -  et 3, 5, 6, 10, 11* avril 2012
Oscar Bianchi : Thanks to my Eyes
Hagen Matzeit (Aymar), Brian Bannatyne-Scott (The father), Anne Rotger (The mother), Keren Motseri (A young woman in the night), Fflur Wyn (A young blonde woman), Antoine Rigot (A man with long hair)
Ensemble de musique de chambre de la Monnaie, Franck Ollu (direction)
Joël Pommerat (mise en scène), Eric Soyer (scénographie et éclairages), Isabelle Deffin (costumes), Dominique Bataille (dispositif électro-acoustique)




Créé le 5 juillet dernier au Festival d’Aix-en-Provence, Thanks to my Eyes d’Oscar Bianchi (né en 1975) est repris au Théâtre national de Bruxelles pour six représentations. Le compositeur italo-suisse a collaboré avec Joël Pommerat (né en 1963), qui a conçu à la fois le livret, d’après sa pièce Grâce à mes yeux (2002), et la mise en scène. Pour les besoins de ce premier opéra, le français a été préféré à l’anglais et le texte a fait l’objet d’une adaptation pour aboutir à vingt-quatre courtes scènes. Simple en apparence, l’argument se concentre sur six personnages : un père (baryton), «le plus grand artiste comique que le monde ait connu», Aymar, son fils (contre-ténor), destiné à prendre la relève (sans conviction), sa mère, souffrante (rôle parlé mais exceptionnellement en français), deux jeunes femmes (soprano), qui admirent le jeune homme, et un homme aux cheveux longs (rôle muet). Les rapports entre le père et le fils s’avèrent conflictuels tandis que les jeunes femmes ne semblent exister que dans l’esprit de ce dernier. Pour un fil conducteur aussi ténu et un propos aussi désespérément dépourvu d’action, l’idée d’un opéra de chambre s’impose d’elle-même : douze musiciens. Autre caractéristique remarquable, le recourt à des instruments inhabituels – flûte à bec Paetzold, tubax (saxophone contrebasse), cornet à bouquin, accordéon – ainsi qu’à un dispositif électroacoustique pour produire des sons étranges.



(© Elisabeth Carecchio)


Si Joël Pommerat manifeste son admiration pour Maeterlinck et Tchekhov, Oscar Bianchi se dit influencé par la musique ancienne et baroque pour la voix ainsi que par Wagner pour la dramaturgie, ce qui, dans une certaine mesure, se perçoit. Excluant la virtuosité au profit de l’évocation et de l’expressivité, le traitement vocal peut être qualifié de moderne au même titre que le langage, dissonant et concentré, au point de manquer de diversité. Le concept s’impose par sa cohérence et la scénographie, contrastée, ainsi que les éclairages, étudiés, d’Eric Soyer constituent une indéniable réussite mais les personnages ne suscitent aucune compassion, à cause d’une distanciation trop accusée, d’un jeu scénique figé et, surtout, d’une musique plus cérébrale que séduisante. Par conséquent, ce spectacle d’une heure et quart met de toute évidence les nerfs d’une partie du public à rude épreuve, au point que certains quittent en cours de représentation la salle plongée dans le noir, si besoin en faisant se lever d’autres spectateurs. Une telle production possède-t-elle de quoi drainer un nouveau public vers un genre dont la vitalité ne doit du reste plus être démontrée ? Rien n’est moins sûr.


Riche de son expérience dans la musique d’aujourd’hui, Franck Ollu dirige un Ensemble de musique de chambre de la Monnaie concerné et au point. Si le timbre et la ligne vocale de Hagen Matzeit (Aymar) séduisent modérément, la prestation de Brian Bannatyne-Scott (le père) et des deux sopranos, Keren Motseri et Fflur Wyn, procure plus de satisfaction, surtout cette dernière qui apporte à cette soirée une fraîcheur bienvenue.


Le site d’Oscar Bianchi



Sébastien Foucart

 

 

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