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A 40 ans, le chevalier séduit toujours autant

Geneva
Grand Théâtre
03/29/2012 -  et 1er, 3*, 5, 10, 12 avril 2012
Richard Strauss: Der Rosenkavalier, opus 59
Soile Isokoski (La Maréchale), Alice Coote (Octavian), Kerstin Avemo (Sophie), Alfred Reiter (Le Baron Ochs), Lionel Lhote (Monsieur de Faninal), Margaret Chalker (Marianne), Doris Lamprecht (Annina), Paul Kaufmann (Valzacchi), Michail Milanov (Le Commissaire de police), Atalya Ayan/Gaston Rivero* (Un chanteur italien), Bisser Terziyski (Le Majordome de la Maréchale), Fabrice Farina (Le Majordome de Faninal), Wolfgang Barta (Un notaire), Manfred Fink (Un aubergiste), Cristina Presutti, Mariana Vassileva, Martina Möller-Gosoge (Trois orphelines), Magali Duceau (La Modiste), Rémi Garin (Le Marchand d'animaux), Romaric Braun, Phillip Casperd, José Pazos, Terige Sirolli (Quatre domestiques de la Maréchale), Nicolas Carré, Peter Baekum Cho, Seong-Ho Han, Terige Sirolli (Quatre Maîtres d'hôtel)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Ching-Lien Wu (direction), Orchestre de la Suisse Romande, Niksa Bareza (direction musicale)
Otto Schenk (mise en scène), Martina Weber (assistante à la mise en scène), Jürgen Rose (décors et costumes), Michael Bauer et Simon Trottet (lumières)
Création de la Bayerische Staatsoper de Munich


(© GTG/Vincent Lepresle)


Le Grand Théâtre de Genève a choisi de présenter Der Rosenkavalier dans la production mythique de la Bayerische Staatsoper. Datant de 1972, la mise en scène d'Otto Schenk, avec des décors et des costumes de Jürgen Rose, est toujours à l'affiche à Munich, où elle sera reprise une nouvelle fois cet été, avec Renée Fleming dans le rôle de la Maréchale. Le spectacle a été immortalisé en DVD sous la direction de Carlos Kleiber en 1979 et a vu défiler de nombreux chanteurs de renom. A Genève, le lever de rideau suffit à déclencher les applaudissements du public, manifestement sous le charme de ces décors rococo et chargés de la Vienne de l'impératrice Marie-Thérèse. L'immense chambre à coucher de la Maréchale avec ses tapisseries luxueuses au premier acte et le salon du palais de M. de Faninal avec son grand escalier et ses buffets remplis de vaisselle au deuxième acte respirent la pompe et le faste d'une époque révolue. Les costumes sont tout aussi somptueux, un délice pour les yeux. Malgré ses 82 ans, Otto Schenk a tenu à faire le déplacement pour régler sa mise en scène. Homme de théâtre «à l'ancienne», il reste scrupuleusement fidèle au livret, livrant une lecture claire et littérale. Mais le spectacle ne sent pas la naphtaline, car les personnages «vivent» véritablement chaque situation. N’ayons pas peur de l’avouer: voilà qui fait du bien après tant de transpositions hasardeuses et d’élucubrations tarabiscotées de metteurs en scène qui se prétendent «modernes».


Musicalement, l'ouverture ne laisse rien présager de bon, avec des décalages fréquents entre les pupitres et des accents lourds et brouillons. Pour une partition qui regorge de valses, c'est fâcheux. On se dit que l'Orchestre de la Suisse Romande n'a pas ce répertoire dans le sang, au contraire du Philharmonique de Vienne, qui, lorsqu'il est dans la fosse de la Staatsoper, n'a pas besoin de répétitions pour venir à bout des quatre heures du chef d'œuvre de Richard Strauss. A mesure que la soirée avance cependant, les choses s'améliorent, même si la direction de Niksa Bareza n'est pas des plus précises ni des plus subtiles. Vocalement, la soirée est dominée par le splendide Octavian d'Alice Coote, qui incarne à merveille l'adolescent fougueux et passionné imaginé par le librettiste Hugo von Hofmannsthal, avec sa belle voix juvénile, ronde et pleine, bien projetée. Scéniquement, la Maréchale de Soile Isokoski peut paraître un peu pâle, sans la sensualité qui caractérise le personnage, et la comédienne est visiblement empruntée, mais quelle musicienne, capable de rendre justice à chaque mot et à chaque note de la partition, avec une palette infinie de couleurs et de nuances, notamment des pianissimi proprement renversants. La Sophie de Kerstin Avemo ne leur cède en rien, touchante de simplicité et de naïveté, avec sa voix claire et évanescente. Le baron Ochs d'Alfred Reiter laisse, quant à lui, une impression plus mitigée, car le chanteur manque de projection et n'arrive pas à imposer son personnage, qui reste bien loin du goujat et du sot du livret. Malgré quelques petites réserves, une grande soirée lyrique à Genève.



Claudio Poloni

 

 

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