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Parfums d’Ecosse

Lyon
Auditorium Maurice Ravel
03/22/2012 -  
Benjamin Britten : Sérénade pour ténor, cor et cordes, opus 31
Peter Maxwell Davies : An Orkney Wedding with Sunrise, opus 120a#
Felix Mendelssohn Bartholdy : Symphonie n°3 en la mineur, opus 56, «Ecossaise»

Robert Murray (ténor), Guillaume Tétu (cor), Gunther Haussknecht (cornemuse)
Orchestre national de Lyon, Paul McCreesh (direction)


R. Murray (© Sussie Ahlburg)


La venue de Paul McCreesh à l’Auditorium Maurice Ravel fait souffler sur l’Orchestre national de Lyon un souffle d’Ecosse. La Sérénade pour ténor, cor et cordes n’est toutefois peut-être pas la pièce la plus septentrionalement connotée de la soirée et témoigne de l’attachement de Britten à la tradition musicale britannique. Cycle de six mélodies, encadrées par un prologue et un épilogue pour cor solo, l’ensemble collationne des poèmes des plus grands aèdes de la littérature anglais – Blake, Keats entre autres – et s’ouvre sur un appel du cor solo, comme un écho de la solitude humaine au cœur de la forêt ou au milieu des landes de ces contrées balayées par les vents. Si les réminiscences wagnériennes ne se dissimulent pas – Siegfried – la parenté ne va guère au-delà. La déclamation chantée renoue plutôt avec l’esthétique élisabéthaine ou même d’un Purcell: la clarté exigée ainsi que l’attraction vers le haut de la tessiture trouvent en Robert Murray un interprète au fait du style et au timbre idoine, même si les aigus font entendre quelques tensions dans l’émission. On apprécie la délicatesse des pizzicati dans la «Pastoral» de Charles Cotton, avant le lyrisme du «Nocturne» de Tennyson – un séduisant dialogue entre le cor et le ténor. L’«Elegy» de William Blake n’est pas dépourvue de touches mahlériennes tandis que le «Chant funèbre» anonyme du XVe siècle se vêt d’une austérité bien circonstanciée. La finesse des mélismes de l’«Hymn» de Ben Jonson souffre parfois d’un manque de relief et fait partir le cor en coulisses. Le «Sonnet» de Keats se termine sur un point d’orgue avant l’épilogue au cor sonnant du lointain. En huit morceaux, Britten réussit une dramaturgie subtile, tissant des liens au cœur d’un matériel composite, et Paul McCreesh en retrace les étapes avec une belle intelligence, retenant la formation lyonnaise de s’abandonner à un sentimentalisme que la facture orchestrale – uniquement des cordes – pourrait appeler malgré soi.


Peter Maxwell Davies fait partie de ces compositeurs contemporains qui ne dédaignent point la popularité – phénomène assez courant suer les terres anglo-saxonnes mais complètement étranger aux mœurs continentales, françaises entre autres. An Orkney Wedding with Sunrise emprunte ainsi au folklore traditionnel des Orcades, et évoque les festivités nuptiales. La ligne mélodique et les entrées tendent peu à peu à chalouper, reproduisant l’effet du whiskey (et non whisky) sur les participants, dans une sorte de crescendo de bonne humeur, avant que la musique ne s’assoupisse – les convives rentrant alors chez eux. C’est alors que les sonorités d’une cornemuse des Highlands – autre terre fameuse de single malt – se font entendre de la salle: kilt et mérinos écossais, Gunther Haussknecht descend vers l’estrade, au rythme d’harmonies roboratives et d’une sapidité revigorante, annonçant le lever du soleil. L’effet de surprise est particulièrement réussi, secouant la torpeur des spectateurs, qui se déversent en applaudissements nourris.


On ne pouvait passer à côté de la Troisième Symphonie de Mendelssohn pour conclure cette soirée écossaise. La clarté dans l’étagement des pupitres retient l’attention. A l’inverse de certains confrères venus du baroque, Paul McCreesh s’abstient d’accuser les ruptures de climats, et fait procéder la nervosité de l’Allegro un poco agitato de la douceur de l’Andante con moto qui l’introduit. Cet effet d’étalement de la masse sonore pour ensuite la ramasser fonctionne particulièrement dans l’Adagio. La transparence presque liquide des clarinettes a quelque chose de bien français, quand le mélange de retenue et de vigueur dans la battue favorise une certaine verticalité appréciable dans l’élan du finale. On ne peut que regretter l’insuffisant remplissage de l’auditorium pour un concert pourtant digne d’intérêt.


Le site de Gunther Haussknecht



Gilles Charlassier

 

 

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