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Un parfum de mélancolie

Nancy
Salle Poirel
03/15/2012 -  et 16 mars 2012
John Adams : Short Ride in a Fast Machine
Sir Edward Elgar : Concerto pour violoncelle en mi mineur, opus 85
Antonín Dvorák : Symphonie n° 9 en mi mineur «Du nouveau monde», opus 95

Ophélie Gaillard (violoncelle)
Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, Tito Munoz (direction musicale)


O. Gaillard (© Caroline Doutre)


C’est un programme anglo-saxon que nous propose ce soir Tito Munoz à la tête de son Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, avec un découpage fort usuel.


Short Ride in a Fast Machine tient lieu d’ouverture. Fanfare pour grand orchestre, la page de John Adams concentre en moins de cinq minutes une course-poursuite aux cuivres d’une efficacité rythmique et d’une bonne humeur prenantes. La grande virtuosité dans la succession des entrées s’avère un défi que le directeur musical de la formation lorraine négocie avec un tact certain. Si l’on pourrait attendre un supplément d’ivresse de cette partition tourbillonnante, elle constitue en tout cas un exercice d’un grand intérêt, tant pour l’orchestre que pour l’auditeur. A décharge des interprètes, on avancera l’exposition un peu crue pour les cuivres qui pénalise la motricité des cordes, et appauvrit la perspective acoustique.


Changement de décor avec le Concerto pour violoncelle d’Elgar, qui jette un regard mélancolique sur un monde finissant. Composé de quatre mouvements, articulés en deux parties, l’ouvrage s’ouvre sur une cantilène introductive confiée au soliste, teintée d’accents brahmsiens, mais d’une rigueur qui regarde aussi vers Bach. Ophélie Gaillard y imprime une nervosité grave, voire âpre, qui fédère autour d’elle l’ensemble du plateau. L’interrogative et frémissante attente du Lento s’enchaîne sans transition sur un Allegro molto animé et fait contraster la discrétion des pizzicati du premier avec la mâle épaisseur de l’orchestre dans le second. Morceau d’une grande intériorité, mêlée à un lyrisme généreux, l’Adagio sonne sous l’archet de la française comme un réconfort, avant un roboratif final Allegro ma non troppo, qui résume les forces de la formation lorraine. En contrepoint et hommage au Cantor de Leipzig, la violoncelliste française donne en bis la Sarabande de la Première Suite.


On reste dans la tonalité de mi mineur après l’entracte, avec la Neuvième Symphonie de Dvorák, et dans une parente fragrance de mélancolie – du «Nouveau Monde», mais portant un regard sur le «Vieux», chatoyé de rayons crépusculaires. Si l’Allegro molto initial, précédé d’une introduction Adagio bien dramatisée, bénéficie d’une dynamique vigoureuse, c’est dans les deux mouvements centraux que Tito Munoz obtient le meilleur de ses musiciens. La section centrale du Largo se déploie avec un sens admirable de la texture et témoigne d’une délicate caractérisation des couleurs de la partition, qui embrume jusqu’à une reprise frôlant l’évanescence – on soulignera en particulier le travail réalisé avec les cordes. Le scherzo, Molto vivace, rugit sous la franche netteté des attaques, qui lui imprime une urgence dramatique plutôt captivante. Le célébrissime finale s’en tient à confirmer les solides progrès de l’orchestre nancéen sous la houlette de son nouveau directeur musical.


Le site d’Ophélie Gaillard



Gilles Charlassier

 

 

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