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Tragique fait-divers

Antwerp
Vlaamse Opera
03/23/2012 -  et 25*, 27, 29, 31 mars, 12, 15, 17, 20 avril 2012 (Gand)
Christian Jost : Rumor (création)
Agneta Eichenholz (Adela), Florian Hoffmann/Gijs Van der Linden* (Ramón), Ursula Hesse von den Steinen (Die Geliebte), Gregg Baker (Der Fremde), Friedemann Röhlig (Der Alte), Michael Kraus (Der Schlachter), Erin Caves (Der Jäger), Letitia Singleton (Die Gefährtin), Werner Van Mechelen (Der Vater/Der Richter), Julia Juon (Die Mutter/Die Wirtin/Witwe)
Koor van de Vlaamse Opera, Franz Klee (chef du chœur), Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera, Martyn Brabbins (direction)
Guy Joosten (mise en scène), Bettina Meyer (décor), Eva Krämer (costumes), Manfred Voss (lumières)


(© Annemie Augustijns)


Peu connu hors d’Allemagne, Christian Jost (né en 1963) est un compositeur prolifique: sept opéras en sept ans. Si la création des six premiers a eu lieu dans son pays natal (Death Knocks à Erfurt et Vipern à Düsseldorf en 2005, Angst à Berlin en 2006, Die arabische Nacht à Essen en 2008, Hamlet en 2009 et Mikropolis en 2011, ces derniers à Berlin), le septième a vu le jour au Vlaamse Opera d’Anvers en ce mois de mars. Le musicien en a rédigé lui-même le livret d’après un roman de Guillermo Arriaga (né en 1958), Un dulce olor a muerte (1994), et a intitulé plus simplement son ouvrage Rumor afin d’éluder le contexte sud-américain du propos.


L’histoire débute comme un fait-divers : installée depuis peu dans un village avec sa famille, Adela a été retrouvée assassinée. Le jeune Ramón en a découvert le corps dénudé. La communauté entend se venger même si le meurtrier reste pour l’heure inconnu. La rumeur selon laquelle Ramón était l’amant de la jeune fille enfle progressivement mais celui-ci ne l’admirait que de loin. Néanmoins, les villageois le persuadent qu’il lui revient de tuer le meurtrier. Au village, un étranger – un afro-américain dans cette production – entretient une relation passionnée avec une femme mariée. Le coupable est donc tout trouvé. Convaincu de son amour pour Adela, le jeune homme traque l’étranger pour venger celle qu’il aime.


Cet opéra en un acte et d’une centaine de minutes a ceci de particulier que six des quinze scènes se déroulent en parallèle (la septième et la huitième, la douzième et la treizième, la quatorzième et la quinzième). Le décor conçu par Bettina Meyer permet de suivre l’action simultanée puisqu’il consiste en un parallélépipède comportant cinq cellules séparées par des parois à travers lesquelles les chanteurs passent comme s’ils se prenaient pour des fantômes. Dense mais claire, plutôt consonante, comportant son lot de passages fracassants, cette musique ne se positionne pas à l’avant-garde mais elle ne regarde pas en arrière pour autant, même si les ressources, la ligne de chant et la structure restent plutôt traditionnelles : effectif orchestral classique, contenu mélodique généreux, alternance traditionnelle d’arias, duos, trios et ensembles. Cet ouvrage efficace – terme souvent galvaudé mais ici approprié – cherche moins à innover sur le plan de la forme, de l’instrumentation et de la sonorité qu’à exprimer le drame de façon optimale. A l’image d’un bon film, Rumor soutient l’intérêt jusqu’à son terme mais, si son langage s’avère suffisamment personnel pour convaincre, il ne s’impose pas comme un chef-d’œuvre, à cause peut-être d’un manque de variété et de contrastes, mais, tout au plus, comme une honorable réussite. Une reprise ou un enregistrement discographique permettra de confirmer si cet opéra possède suffisamment de vertus pour affronter l’épreuve du temps.


La mise en scène de Guy Joosten est conforme à ce que le public du Vlaamse Opera a l’habitude de voir : du sang, des étreintes passionnées, à la limite parfois de la copulation bestiale, et un peu de nudité pour faire moderne, mais quelques idées intéressantes, ou du moins marquantes, émergent, comme ce taureau suspendu par une de ses pattes, ces femmes mystérieusement masquées par une tête... de taureau et cet étranger adossé sur une paroi dans la position du Christ en croix. La prestation musicale se hisse à la hauteur grâce à un orchestre inspiré et concentré sous la direction compétente de Martyn Brabbins, spécialiste de la musique d’aujourd’hui, et une distribution remarquable dans laquelle se distinguent tout particulièrement Gijs Van der Linden (Ramón), jeune chanteur formé à Anvers et pour lequel tous les espoirs sont permis, Agneta Eichenholz (Adela ou du moins sa représentation), Gregg Baker (L’étranger) et Ursula Hesse von den Steinen (La femme mariée).


Le site de Christian Jost



Sébastien Foucart

 

 

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