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Romantisme tatar

Paris
Salle Gaveau
03/16/2012 -  
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 14 «Clair de lune», opus 27 n° 2
Robert Schumann : Fantaisie, opus 17
Frédéric Chopin : Ballades n° 1, opus 23, et n° 4, opus 52 – Deux Nocturnes, opus 27 – Scherzo n° 4, opus 54

Roustem Saïtkoulov (piano)


R. Saïtkoulov


La salle Gaveau accueille le pianiste Roustem Saïtkoulov (né à Kazan en 1971) dans un programme qui aurait pu mobiliser un public plus fourni mais a le grand mérite d’offrir un cadre intimiste et propice à l’écoute attentive et silencieuse (... n’était une malheureuse sonnerie de téléphone qui oblige l’interprète à retarder le début du dernier mouvement de la Fantaisie de Schumann).


Astucieusement construite comme une arche en six parties (le premier mouvement de la Sonate «Clair de lune» répondant au dernier de l’Opus 17 de Schumann), la première partie du récital laisse pourtant un sentiment mitigé. Il faut dire que le jeu avare en nuances (le registre n’étant que rarement pianissimo, même dans Schumann) et particulièrement tendu de Saïtkoulov exacerbe les violences et les rugosités au détriment de la respiration et de l’émotion. Deux jours après Stephen Hough, l’Opus 27 n° 2 (1801) de Beethoven bénéficie à nouveau d’une lecture noire et sans concession. La lenteur du tempo dans les deux premiers mouvements fait de l’Adagio sostenuto un moment grave et solennel mais génère des longueurs dans l’Allegretto. Le contraste n’en est que plus fort avec le Presto agitato, où le pianiste donne le sentiment de l’inexorabilité des choses – conjuguant vivacité dans la pulsation et pesanteur dans le toucher. Presque en apnée, la frappe est tellement appuyée sur le Yamaha de concert qu’elle n’évite pas quelques petites scories, jusqu’aux deux accords terminaux – implacables mais presque hystériques aussi. La Fantaisie (1836) de Schumann est abordée selon le même principe, dont les qualités résident dans la tonitruance du geste (le tempo très irrégulier dans le «Durchaus phantastisch und leidenschaftlich» n’altère nullement la concentration du geste) et les défauts dans une sonorité trop étouffante (le «Mässig, durchaus energisch» oublie de respirer et le «Langsam getragen» – admirablement bien construit – manque de douceur et finalement d’émotion).


Heureusement, la seconde partie – consacrée à Chopin jusque dans l’Etude «Révolutionnaire» qui conclut le récital – infirme cette impression de monolithisme anguleux. Roustem Saïtkoulov confirme, au contraire, de grandes affinités avec le compositeur polonais (qu’il a enregistré pour EMI et Dinemec Classics). Le piano chante enfin – dès une Première Ballade (1835) remplie de cantabile et de legato, aux tempos très libres mais à l’engagement convaincant. Sommet de ce concert, la Quatrième Ballade (1842) prend également des libertés avec le texte pour exprimer une voix très personnelle, hautement narrative et d’une admirable fluidité. En lieu et place des Deuxième et Troisième Ballades annoncées dans le programme vendu en salle, l’interprète apporte sa sensibilité sincère et exigeante aux deux Nocturnes de l’Opus 27 (1837) – un ut dièse mineur sombre et concentré (d’une belle lenteur dans les parties extrêmes, mais dont l’exaltation centrale n’évite pas une certaine raideur) et un ré bémol majeur serein et inexorable à la fois – mais délaye quelque peu le propos du Quatrième Scherzo (1842), échouant à donner son unité à cette partition qu’il traite comme une succession d’épisodes improvisés et qui le trouve moins à l’aise, notamment avec le texte.



Gilles d’Heyres

 

 

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