Back
Piano récalcitrant Paris Institut national d’histoire de l’art (Auditorium Colbert) 03/14/2012 - Ludwig van Beethoven : Sonate n° 17 «Der Sturm», opus 31 n° 2
Serge Prokofiev : Quatre Pièces, opus 4: «Suggestion diabolique»
Claude Debussy : Images (Première Série): «Reflets dans l’eau» – Estampes: «Jardins sous la pluie»
Henri Dutilleux : Sonate: «Choral et Variations»
Franz Liszt : Rhapsodie hongroise n° 13
Eric Artz (piano)
E. Artz
La soprano Maïlys de Villoutreys devait se produire à l’invitation de «Jeunes talents» à l’Institut national d’histoire de l’art, mais elle a déclaré forfait in extremis. C’est donc finalement Eric Artz (né en 1983), prix spécial au concours de Genève (2006), quatrième prix au concours d’Epinal (2007) qui a été appelé à la rescousse quasiment au pied levé: la série «Musique et voix» laisse donc place à «Piano des Champs» (la rue des Petits-Champs jouxte en effet l’auditorium Colbert).
En quelques mots simples et, surtout, avec un humour volontiers décalé, il introduit successivement les œuvres. De la fantaisie, il y en a également dans son approche plus spontanée que réfléchie de la Dix-septième Sonate «La Tempête» (1802) de Beethoven, comme une sœur des deux sonates «Quasi una fantasia» de l’Opus 27: les trois mouvements sont enchaînés presque sans interruption (et sans leurs reprises) dans un ton rhapsodique et des climats très contrastés. Malheureusement, l’écart entre ses intentions et la réalisation est sans doute assez considérable, car il doit batailler avec un abominable Blüthner au clavier bien récalcitrant, à la sonorité bien vilaine – on évoque généralement dans ce cas un ustensile de cuisine comportant également une queue – et à l’accord bien incertain. Il finit d’ailleurs par le déplorer explicitement – et à bon droit, car le gâchis est manifeste, à en juger par les formidables moyens qu’il déploie dans la dernière des Quatre Pièces de l’Opus 4 (1912) de Prokofiev, la fameuse «Suggestion diabolique».
L’instrument, on s’en doute, n’est pas idéal pour servir la couleur debussyste de «Reflets dans l’eau», la première des trois Images de la Première Série (1905), et c’est peut-être pour cette raison qu’Artz substitue à «Jardins sous la pluie», la dernière des trois Estampes, le Nocturne en ut dièse mineur (1830) de Chopin, où il fait apprécier un jeu franc, sans fioritures ni alanguissement intempestifs. Le finale («Choral et Variations») de la Sonate (1948) de Dutilleux, président d’honneur de «Jeunes talents», ne laisse qu’un seul regret, celui de ne pas avoir entendu les deux premiers mouvements. Concluant avec la Treizième Rhapsodie hongroise (1853) de Liszt, il conserve une belle tenue dans la partie lente et, après s’être signé, s’impose sans encombre dans la partie rapide, pleine de mordant et de verve.
Le bis est assez inattendu, puisqu’il fait intervenir Ralph Szigeti, qui trouve ainsi une occasion de se préparer dans des conditions proches de celles d’un concours qu’il doit bientôt passer: le jeune altiste présente avec non moins d’humour que son partenaire la Première Sonate (1894) de Brahms, dont il donne l’Allegro appassionato initial.
Le site d’Eric Artz
Simon Corley
|