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Le Quatuor Danel, avocat de Weinberg Bruxelles Conservatoire 02/29/2012 - Mieczyslaw Weinberg : Quatuor à cordes n°6, opus 35
Igor Stravinski : Trois Pièces pour quatuor à cordes : «Cantique»
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Quatuor à cordes n°3, opus 30
Quatuor Danel : Marc Danel, Gilles Millet (violon), Vlad Bogdanas (alto), Guy Danel (violoncelle)
Le Quatuor Danel (© Derek Trillo)
Au contraire de ses Symphonies, au nombre de vingt-deux, les dix-sept Quatuors à cordes de Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) sont relativement bien documentés au disque grâce au Quatuor Danel qui en a enregistré l’intégrale pour cpo (le cinquième volume vient de paraître). Depuis quelques années, le monde de la musique redécouvre l’œuvre vaste de ce compositeur d’origine russe et né en Pologne, ce qui n’est que justice comme le prouve l’écoute du Sixième Quatuor (1946) avec lequel les Danel débutent leur prestation. D’une durée d’un peu plus de trente minutes et découpé en six mouvements, cet ouvrage a été composé en Union soviétique, où il s’était réfugié pour fuir les Nazis, puis interdit par les autorités au prétexte qu’il évoque la musique klezmer. Le Quatuor Danel, qui l’a créé en 2007 à l’Université de Manchester, s’engage résolument en faveur de cette musique dense, tendue, expressive et qui a tout pour obtenir les faveurs du public et des interprètes. Le « Cantique » extrait des Trois Pièces (1914) de Stravinski apporte un peu de répit après ce concentré d’énergie, auprès duquel cette brève pièce peut même paraître anecdotique.
Après la pause, la formation, dont le premier violon n’a pas souvent les pieds sur terre (au sens littéral du terme), s’investit avec une passion identique dans le Troisième Quatuor (1876) de Tchaïkovski. Solidement échafaudée, son interprétation exprime sans retenue le contenu émotionnel de cette œuvre. Les musiciens développent une sonorité pleine et généreuse mais le degré de finition, aussi acceptable soit-il, n’atteint pas un niveau optimal. Malgré la limpidité des échanges, la mise en place et certaines interventions individuelles gagneraient à être plus précises. La justesse expressive et une prise de risque quasiment constante ont tôt fait de balayer cette réserve. Weinberg s’est lié d’amitié avec Chostakovitch, aussi n’est-il pas étonnant qu’une de ces pièces fasse l’objet d’un bis, en l’occurrence l’« Elégie », première des Deux Pièces de 1931.
Le cycle «Quatuors à cordes» du Bozar au Conservatoire se poursuit le 13 mars avec le Quatuor Bennewitz qui interprétera l’Opus 33 n°2 de Haydn, le Treizième Quatuor de Dvorák et, pour la petite touche d’originalité, le Troisième Quatuor de Schnittke.
Le site du Quatuor Danel
Sébastien Foucart
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