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La vie sans la scène

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/25/2012 -  et 18 (Dortmund), 21 (Bremen), 22 (London) février 2012
Wolfgang Amadeus Mozart : La clemenza di Tito, K. 621

Michael Schade (Titus), Alice Coote (Sextus), Malin Hartelius (Vitellia), Rosa Feola (Servilia), Christina Daletska (Annius), Brindley Sherratt (Publius)

Deutscher Kammerchor, Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, Louis Langrée (direction)


A. Coote


Problématique dramatiquement, La Clémence de Titus constitue, au concert, un véritable défi. On pouvait compter sur Louis Langrée, lui qui connaît ses opéras de Mozart comme peu, pour le relever. Direction sans complaisance, très théâtralement tendue, parvenant au second acte à corriger la sécheresse des sonorités de son orchestre, donnant vie à des récitatifs que Gérard Condé, dans sa présentation, réhabilite à juste titre : on ne s’ennuie jamais à écouter le dernier seriamozartien, pas réduit ici à une succession de numéros. Un drame se joue par le miracle de la musique, conflit douloureux entre l’amour et l’amitié, la fidélité et la trahison.


Vocalement, les choses s’avèrent plus mêlées. On ne reconnaît pas dans le Titus de Michael Schade, en évidente méforme, le mozartien souvent apprécié à Salzbourg : dureté nasale de l’émission, ligne erratique, récitatifs oscillant, pour faire vrai, entre des notes violemment assénées et des pianos totalement détimbrés, le chanteur doit mobiliser toutes ses ressources pour maintenir son Titus au dessus de l’eau – après la contre-performance de Klaus Florian Vogt à Garnier, à croire que Paris porte malheur aux délices du genre humain. Ce Titus se trouve, de plus, flanqué d’un Publius chenu et charbonneux, que Brindley Sherratt ne risque pas de sortir de l’ombre où on l’a relégué. La Vitellia de Malin Hartelius tient beaucoup mieux le coup, même si le timbre semble peu amène, la voix trop courte pour la tessiture redoutable de l’hystérique Romaine : après un premier acte moyen, le second révèle un phrasé plus élégant, un legato plus séduisant, avec un beau « Non più di fiori ».


Le reste de la distribution, heureusement, appelle les plus grands éloges, de même que le chœur. L’opéra est porté par le Sextus d’Alice Coote, écorché vif au timbre mâle et cuivré, techniquement très sûr – on entend rarement aussi justes les vocalises de « Parto, parto ». Les registres se soudent, la tessiture reste homogène, le style est impeccable : on ne regrette pas Elina Garanca, initialement prévue. On parierait presque, à entendre la Servilia si présente, si mûre, si mozartienne de Rosa Feola, qu’elle pourrait, un jour, devenir Vitellia – elle remplaçait, de son côté, Malin Christensson. Et Christina Daletska, pour sembler encore un peu verte de timbre, ne cesse de s’affirmer au fur et à mesure du concert, notamment dans un très réussi air du second acte, promettant elle aussi beaucoup.


Fallait-il pour autant, à défaut de mise en scène, esquisser une minimale mise en espace, avec des talons qui claquent quand les dames regagnent la coulisse ? Cela ne remplace pas une direction d’acteurs et lasse très vite. Et c’est, finalement, faire bien peu confiance à Mozart.



Didier van Moere

 

 

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