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Noir, c’est noir

Antwerp
Vlaamse Opera
02/09/2012 -  et 12*, 15, 21, 23 février (Antwerpen), 2, 4, 7, 10 mars (Gent)
Giuseppe Verdi : La forza del destino
Jaco Huijpen (Il marchese di Calatrava), Catherine Naglestad (Donna Leonora), Vladimir Stoyanov (Don Carlos di Vargas), Mikhail Agafonov*/Erik Fenton (Don Alvaro), Viktoria Vizin (Preziosilla), Christof Fischesser (Padre Guardiano), Josef Wagner (Fra Melitone), Anneke Luyten (Curra), Gijs Van de Linden (Trabuco), Igor Bakan (Alcade, chirurgo)
Chœur de l’Opéra de Flandre, Yannis Pouspourikas (chef du chœur), Orchestre symphonique de l’Opéra de Flandre, Alexander Joel (direction)
Michael Thalheimer (mise en scène), Henrik Ahr (décors), Michaela Barth (costumes), Franck Evin (lumières)


(© Annemie Augustijns)


Une couleur domine cette Force du destin : le noir. Le dispositif scénique, terme ici plus approprié que «décor», opte pour une monochromie quasiment absolue qui finit par lasser. Le dépouillement est extrême : une multitude de chaises et une immense croix inclinée, creusée dans la paroi frontale et par moment en relief grâce à un jeu de lumières étudié – durant l’entracte, les plus attentifs remarqueront des projections de petites croix dans le foyer, initiative prise sans doute dans un souci de cohérence dramaturgique. Impossible de situer l’action dans l’espace mais les costumes, triviaux, poussiéreux et tachés de sang, s’inscrivent dans notre époque.


Michael Thalheimer se concentre sur l’essence même du drame et, refrain connu, sur la psychologie des personnages, mais il évacue ce que l’œuvre comporte de comique (Fra Melitone) et de détente (scène de l’auberge). Sa mise en scène souffre d’immobilisme : choristes assis ou allongés dans des poses figées, personnages principaux amidonnés quand ils n’adoptent pas un de ces comportements stéréotypés vus mille fois – la lente montée de Leonora sur la croix produit cependant un bel effet. Le spectacle paraît dépourvu de matière et de contrastes mais reconnaissons-lui une réelle logique formelle et dramatique, peut-être aidée, dans une certaine mesure, par le recours à la version originale de 1862, dite «de Saint-Pétersbourg» (montée semble-t-il pour la première fois en Belgique), alors que celle, définitive, de 1869 s’est davantage imposée.


A défaut d’adhérer entièrement à la vision du metteur en scène, au moins convient-il de saluer la prestation saisissante du chœur aux troisième et quatrième actes ainsi que celle, persuasive, de l’orchestre sous la direction d’Alexander Joel. Les musiciens affichent une rigueur, une fermeté et un élan qui profitent au mieux à cette musique (remarquable clarinette solo dans l’air d’Alvaro au troisième acte). Autre motif de satisfaction, la distribution vocale, qui réunit quelques solides gosiers, honore de façon satisfaisante l’art du chant verdien. Catherine Naglestad (Leonora) ne dispose pas du timbre le plus typé et le plus avenant qui soit mais le chant a de la tenue, de la constance et de la consistance. Viktoria Vizin incarne de façon irréprochable une Preziosilla au regard pénétrant, presque maléfique : la voix est séduisante, le chant fouillé. Josef Wagner et Christof Fischesser s’imposent positivement dans le rôle, respectivement, de Fra Melitone et du Padre Guardiano, sombres, rudes, inquiétants. Vladimir Stoyanov (Don Carlos), chanteur plus survitaminé que stylé, s’investit à fond, au même titre que Mikhail Agafonov (Don Alvaro) : ce ténor possède un physique de Siegfried, chante avec puissance et maîtrise (même les aigus) mais il diversifie peu les registres. Dans sa courte apparition au premier acte, Jaco Huijpen parvient à marquer les esprits (prestance, profondeur) dans le rôle du marquis de Calatrava.



Sébastien Foucart

 

 

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