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Cor(p)s et cris

Paris
Ircam
02/09/2012 -  
György Ligeti : Etudes (Premier livre): n° 2 «Cordes à vide» et n° 5 «Arc-en-ciel»
Gilbert Amy : Cors et cris (création) (#)
Florence Baschet : La Muette (création) (*)

Donatienne Michel-Dansac (soprano), Julien Le Pape (piano)
Thomas Goepfer (#), Serge Lemouton (*) (réalisation informatique musicale Ircam), Ensemble TM+, Laurent Cuniot (direction)


L. Cuniot


Une fois achevée la descente dans les entrailles de Paris pour rejoindre, au cinquième sous-sol, la salle de projection où l’Ircam organise ses différentes manifestations, difficile désormais de ne pas penser à Ligeti: c’est là en effet que le Quatuor Arditti, qui s’y produisait un soir de juin 2006, annonça au public la disparition du compositeur autrichien d’origine hongroise. Justement, deux de ses Etudes du Premier livre (1985) ouvrent ce programme coproduit avec l’ensemble TM+, dont le pianiste, Julien Le Pape (né en 1980) donne les Deuxième «Cordes à vide» et Cinquième «Arc-en-ciel», leur conférant la nostalgie et la profondeur de Klavierstücke brahmsiens.


Mais l’essentiel du concert était consacré à la création de deux commandes d’Etat. A soixante-quinze ans passés, Gilbert Amy n’a pas peur de se remettre en question: s’il a pratiqué l’électroacoustique, notamment dans Une saison en enfer, c’est la première fois, avec Cors et cris, qu’il aborde l’électronique en temps réel, tout en manifestant des préoccupations assez proches de celles de l’école spectrale (au travers des harmoniques du cor naturel). Mais le coup d’essai est concluant, sans abuser du recours au traitement des sons en temps réel. Sous la direction de Laurent Cuniot, un petit ensemble – trois clarinettes (de la mi bémol à la contrebasse), violon, alto, violoncelle, contrebasse, piano, clavier électronique et percussion (deux exécutants) – entoure deux cors: après un hommage aux figures obligées du genre, façon Freischütz – «le soir au fond des bois», la chasse –, plusieurs séquences s’enchaînent avec une grande virtuosité et une belle diversité de climats: fantastique, ludique, dansant, nocturne, coloré (à la Messiaen).


Après l’entracte, avec Florence Baschet (née en 1955), dont le quatuor StreicherKreis avait été présenté en première audition en ce même lieu en 2008, ce sont encore des cris, mais plutôt cette fois-ci les corps. La Muette s’inspire en effet du roman éponyme de Chahdortt Djavann (née en 1967), écrit en français mais dont des extraits ont ici été traduits en persan par Baharé Khajdé-Nouri (la version originale étant projetée sur un long écran rectangulaire très allongé surplombant tout le plateau). Au fil des cinq «séquences», séparées par de brefs interludes instrumentaux, se fait le jour le destin d’une jeune Iranienne de quinze ans, condamnée à mort comme l’avait été sa tante: réfugiée dans son mutisme pour mieux défier le régime des mollahs, elle «avait fait de son silence son art de vivre, sa liberté». Dans sa sobre robe noire, pieds nus comme «La Muette», parfois baignée d’une lumière rouge de mauvais augure, Donatienne Michel-Dansac, toute d’émotion contenue, porte avec maestria les 35 minutes de l’œuvre, qui tire une partie de sa force du texte même, de son ton simple, de ses subtiles inflexions poétiques et de son refus du pathos. L’accompagnement du récit mêle, également en temps réel, un ensemble de douze musiciens (bois, cors et trompette par un, piano, harpe, percussion et trio à cordes) et diverses sortes de compléments électroacoustiques (transformation du timbre des instruments et de la soprano, voix de la narratrice en persan, «sons extra-musicaux»). La variété de l’écriture vocale – les mots sont tour à tour dits ou chantés, hurlés ou murmurés, énoncés lentement ou lancés comme des projectiles – compense la sensation d’un propos qui se renouvelle peu, à la fois monocorde et un peu vieilli, à base de clusters plus ou moins saturés et d’à-plats statiques parfois réveillés de quelques traits instrumentaux.


Le site de Gilbert Amy
Le site de Florence Baschet
Le site de TM+



Simon Corley

 

 

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