About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Inachèvements très achevés

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/26/2012 -  
Franz Schubert : Symphonie n° 8 «Inachevée», D. 759 – Der Hirt auf dem Felsen, D. 965 (orchestration Carl Reinecke)
Alban Berg : Lulu-Suite

Chen Reiss (soprano), Patrick Messina (clarinette)
Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


C. Reiss


Pour ce traditionnel jeudi du National au Théâtre des Champs-Elysées, la salle ne paraît pas très remplie mais le programme, assurément bien court (70 minutes), ne manque pas de cohérence: viennois, bien sûr – les musiciens sont d’ailleurs disposés comme là-bas, violons de part et d’autre du chef, contrebasses tout au fond (ou presque, devant les percussions). Et, surtout, il associe deux chefs-d’œuvre inachevés, mais on ne peut plus aboutis, encadrant paradoxalement une pièce achevée qui se trouve être la dernière de son auteur.


Car ce n’est pas à la mort, on le sait, qu’est dû l’inachèvement de... l’Inachevée (1822). Daniele Gatti l’aborde de façon assez allante, enchaînant d’ailleurs les deux mouvements quasi attaca, mais l’interprétation, assez terne et peu flattée par la sonorité de l’orchestre, n’est pas exempte de mollesse, comme dans le second thème de l’Allegro moderato initial, même si elle a le mérite de ne pas sombrer dans un romantisme excessif. Destinée à une formation inhabituelle (chant, clarinette et piano), l’ultime mélodie de Schubert, Le Pâtre sur le rocher (1828), est donnée ici dans une adaptation créée en 1887 et réalisée par le compositeur allemand Carl Reinecke, patron du Gewandhaus de 1860 à 1895, qui a orchestré la partie de piano pour un ensemble comprenant les bois (par deux, à l’exception d’une seule clarinette), quatre cors et les cordes. Patrick Messina (né en 1972), première clarinette solo du National depuis 2003, ouvre admirablement la voie à Chen Reiss (née en 1979), sereine et solide, au timbre clair mais pas trop perçant dans l’aigu et à l’expression décantée mais point trop neutre, agile, aussi, lorsque vient le moment du couplet final.


En seconde partie, Gatti renouvelle la forte impression produite lors de son premier concert avec le National, en mars 2005, dans les Trois Pièces opus 6 de Berg, qui lui réussit donc de nouveau, cette fois-ci dans la Suite élaborée par ses propres soins à partir de Lulu (1934), opéra dont il ne put mener à bien le troisième acte avant sa mort, l’année suivante. Le directeur musical du National en a dirigé plusieurs représentations en avril 2010 à la Scala et connaît donc l’œuvre à la perfection. Il le démontre en dirigeant par cœur et avec une parfaite aisance, mais, avant tout, en en offrant une version exemplaire et magnifique, d’un naturel confondant. Décidément, rien ne semble l’inspirer davantage que le théâtre – et quel théâtre! Au fil des cinq parties qu’il aborde moins comme une suite de numéros isolés que dans leur continuité, quasiment sans interruption, c’est la poésie et le lyrisme («Rondo» et «Hymne»), la terreur («Ostinato»), la truculence («Variations»), le désespoir mahlérien (dernière partie). Chen Reiss fait une courte apparition pour chanter le «Lied de Lulu» et revient in fine – non plus à l’avant de la scène mais au fond de l’orchestre et avec la partition – pour les quelques phrases de Geschwitz – encore moins audible, hélas, car le format de sa voix, approprié à Schubert, l’est moins face à un effectif plus étoffé, aussi opportunément contenu qu’il l’ait été par le chef.


Le site de Chen Reiss



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com