About us / Contact

The Classical Music Network

Nice

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un Enlèvement sauvé par les voix et l’orchestre

Nice
Opéra
01/17/2012 -  et 19*, 22, 24 janvier 2012
Wolfgang Amadeus Mozart: Die Entführung aus dem Serail, K. 384

Anna Kristina Kaapola (Konstanze), Maxim Mironov (Belmonte), Kristin Sigmundsson (Osmin), Joanna Mongiardo (Blonde), Peter Hoare (Pedrillo), Wolfgang Rauch (Selim)
Chœur de l’Opéra de Nice, Giulio Magnanini (chef du chœur), Orchestre Philharmonique de Nice, Leopold Hager (direction musicale)
Ron Daniels (mise en scène), Riccardo Hernandez (décors), Deidre Clancy (costumes), Mimi Jordan Sherin (lumières)


W. Rauch, A. K. Kaapola, M. Mironov, P. Hoare, J. Mongiardo (© Dominique Jaussein)


Comme second spectacle scénique de sa saison (après un intéressant couplage Le Château de Barbe-Bleue/La Voix humaine mis en scène par René Koering), l’Opéra de Nice propose une nouvelle production de L’Enlèvement au sérail, véritable singspiel qui alterne scènes parlées et pages musicales – mélange de théâtre et de musique – faisant toute la saveur de cet ouvrage délicieux. Malheureusement, le travail du metteur en scène brésilien Ron Daniels, sur un des opéras les plus populaires de Mozart, déçoit lourdement. Outre le fait que le décor unique – un hémicycle de tôle ondulée – soit d’une rare laideur (sans compter la symbolique appuyée de l’enfermement), la production irrite par sa constante insipidité, dénuée qu’elle est du moindre intérêt théâtral. Si au moins une direction d’acteurs digne de ce nom était venue racheter l’absence d’idées dramaturgiques... mais que nenni, les chanteurs seront tout le spectacle durant livrés à leurs seules ressources pour occuper l’espace. Autant dire que les récentes (et exaltantes) représentations in loco en simple version de concert de La Damnation de Faust et de Norma valaient bien mieux que cette production scénique dont Jacques Hédouin – désormais seul aux commandes de l’institution niçoise depuis l’éviction d’Alain Lanceron – aurait pu faire l’économie... dans tous les sens du terme!


Bonheur total, en revanche, avec un plateau vocal frisant l’idéal, épatant de jeunesse et de naturel. A commencer par la magnifique Konstanze d’Anna Kristina Kaapola qui, bien que dotée d’une voix certes légère pour le lyrisme de l’héroïne, n’en arrive pas moins à exprimer la plainte et le désespoir, par le seul fait de ses coloratures et de ses arabesques vocales (superbe «Traurigkeit»!). Car, avec à la soprano finlandaise, ces moments de pyrotechnie sont construits sur la nuance, sur la couleur, sur la qualité d’émission, et disent – avec un feu exceptionnel – les affects du personnage, la succession de ses troubles, de ses espérances, de ses dépits, de sa rage. Etonnante Konstanze, aérienne et pourtant si solidement incarnée, cinglante de perfection technique et pourtant si clairement fragile. Bref, une découverte!


Son partenaire masculin trouve en Maxim Mironov (Belmonte) un interprète évoluant sur les mêmes hauteurs. Pourvu d’un timbre séduisant, avec un vibratello charmant, le jeune ténor russe fait montre d’une ligne de chant sans faille et raffinée, rompue au style belcantiste le plus périlleux. Le lyrisme dont il pare également le redoutable air du II, «Wenn der Freude Tränen fliessen», offre un des grands frissons vocaux de la soirée. Aussi bon comédien que chanteur, Peter Hoare plie avec aisance sa belle voix de ténor, souple et nuancée, aux exigences du rôle buffo de Pedrillo. Blonde est elle incarnée par la pétulante et pulpeuse Joanna Mongiardo, au joli soprano fruité. Notons la parfaite fusion de ces voix dans le quatuor qui conclue le deuxième acte, un des sommets de l’ouvrage. Enfin, Selim et Osmin sont interprétés respectivement par le baryton allemand Wolgang Rauch, au timbre pétri d’humanité, et par l’excellente basse islandaise Kristin Sigmundsson, à la voix toujours aussi impressionnante par les couleurs et la profondeur des graves (le de l’air «Ha! Wie will ich triumphieren»!).


Dans les brèves interventions des janissaires, les chœurs préparés par Giulio Magnanini ont fait preuve d’une cohésion et d’une agilité méritantes. Indissociable de cette fête vocale, un Orchestre de l’Opéra de Nice éblouissant de vivacité, de fraîcheur, d’enthousiasme, sous la baguette alerte du grand chef salzbourgeois Leopold Hager, qui nous offre une ouverture survoltée, martelée par des cymbales très présentes, et insuffle – du haut de ses 75 ans – une éclatante jeunesse à la partition de Mozart.



Emmanuel Andrieu

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com