About us / Contact

The Classical Music Network

Lyon

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Millepied, un talentueux éclectisme

Lyon
Opéra
12/17/2011 -  et 18, 19, 20*, 21, 22, 23 décembre 2011
George Balanchine : Concerto Barocco (1)
Johann Sebastian Bach : Concerto pour deux violons, BWV 1043


Benjamin Millepied : Sarabande (2)
Johann Sebastian Bach : Partita pour flûte seule en ré mineur, BWV 1013: Sarabande et Allemande – Sonate pour violon n° 2 en la mineur, BWV 1003: Andante – Partita pour violon n° 1 en si mineur, BWV 1002: Courante, Sarabande et Double – Sonate pour violon n° 1 en sol mineur, BWV 1001: Presto


Benjamin Millepied : This Part in Darkness (3)
David Lang : Pierced
Max Richter : Journey 5 – Infra 5



Julien Beaudiment (flûte), Nicolas Goubeix (violon)
Ballet de l’Opéra de Lyon, Georges Balanchine (1), Benjamin Millepied (2, 3) (chorégraphie)
Paul Cox (costumes), Roderick Murray (lumières), Benjamin Millepied et Olivier Simola (vidéo) (3)


This Part in Darkness (© Michel Cavalca)


Dans la biographie de Benjamin Millepied, Lyon occupe une place particulière. C’est au conservatoire de la capitale des Gaules qu’il a étudié, et c’est pour les élèves de ce même conservatoire qu’il réalisa dix ans plus tard sa première chorégraphie. Une décennie plus tard, c’est à l’Opéra de Lyon de le célébrer, dans un programme mettant en valeur l’éclectisme de celui qui fut nommé principal (l’équivalent d’étoile) au New York City Ballet.


La soirée s’inaugure par un hommage à l’initiateur de la célèbre compagnie, George Balanchine. Si les ballettomanes parisiens ont l’habitude de voir ses chorégraphies sur la scène de Garnier, les amateurs lyonnais les découvrent pour l’occasion in loco. Les performances des chorégraphies de «Mister B» sont en effet soumises à l’accord du George Balanchine Trust, qui commandite un répétiteur – en l’occurrence une répétitrice en la personne de Nanette Glushak – chargé de s’assurer de la conformité de l’interprétation. Dans Concerto Barocco, le maître exprime la quintessence de son style épuré. Ecrite pour onze danseurs sur le Concerto pour deux violons de Bach, la pièce se place dans la lignée des ballets dits «en noir et blanc», où les interprètes apparaissent en tenue de répétition, concentrant l’attention sur les figures, le visuel chorégraphique essentiel, et non sur les costumes, le corrélatif. Tandis que le premier Allegro joue sur les effets de miroir des deux groupes de quatre danseurs auxquels s’ajoutent deux solistes, le Largo ma non tanto, véritable duo d’amour entre les deux violons solistes, fait intervenir le seul homme de l’effectif, dans un pas de deux où l’entremêlent des voix du concerto de Bach s’incarne dans des portés diaphanes et aériens. Le finale renoue avec les figures d’ensemble, dans une métrique sensible à l’ivresse de la partition baroque. Dans ce grand standard de l’école néoclassique où se croisent l’héritage de l’école russe et la rythmicité que Balanchine a découverte aux Etats-Unis, les solistes du Ballet de l’Opéra de Lyon montre une fluidité certaine. La réverbération excessive du plancher, plus idoine pour la projection vocale, accentue cependant le manque de légèreté des pas; insuffisamment aériens, ils distillent parfois une discrète impression de raideur.


Seconde entrée au répertoire de la maison de la soirée, Sarabande, de Benjamin Millepied, utilise également la musique de Bach. A l’inverse des ballets qui l’encadrent, il s’agit d’une pièce pour solistes – quatre. Le chorégraphe français rend ici un hommage évident à Jerome Robbins – le successeur de Balanchine à la tête du New York City Ballet. Les deux premiers morceaux sont interprétés par un seul danseur, sur la Sarabande et l’Allemande de la Partita pour flûte, dans des éclairages très intimistes, un peu comme un prélude austère. La suite, sur les pages pour violon, est une succession de combinaisons à deux, trois ou quatre danseurs, dans un esprit qui rappelle la fugue. Comme chez Balanchine, on retrouve cette visualisation de la musique. La pièce s’achève sur un Presto enlevé, que n’aurait pas renié Robbins, et témoigne d’un sens de la construction certain.


La dernière pièce, This Part in Darkness, pour seize danseurs, est une nouvelle version d’une création donnée à Philadelphie en avril dernier. Délaissant le grand répertoire, Benjamin Millepied fait ici appel à trois partitions minimalistes, enregistrées comme l’était le Concerto de Bach. Pierced de David Lang développe un crescendo hypnotique, dans des couleurs tonales, digne de Philip Glass. Les pages de Max Richter, dans la seconde partie du ballet, se montrent plus percussives, plus violentes. La structure répétitive est portée par un rythme serré et oppressant. La chorégraphie exprime d’ailleurs cette sensation croissante d’oppression. La virtuosité des ensembles et le vocabulaire visuel employé fait davantage référence à William Forsythe ou Mats Ek. L’énergie qui se dégage de cet espace – qui se libère au milieu de projecteurs mobiles au début de l’ouvrage – fait une impression évidente sur le public. A trente-quatre ans, Benjamin Millepied révèle une maîtrise remarquable, fondée sur l’assimilation des divers courants de la danse du XXe siècle.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com