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Les Conjurées au piano Saint-Etienne
Opéra Théâtre (Théâtre Copeau)
12/08/2011 - et 9 décembre 2011 (Saint-Etienne), 10 janvier (Nancy), 13 avril (Rouen) 2012
Franz Schubert : Die Verschworenen, D. 787
Philippe Cantor (Le Comte Heribert von Lüdenstein), Stéphanie Revidat (La Comtesse Ludmilla), Xavier de Lignerolles (Astof von Reisenberg), Eric Chopin (Friedrich von Trausdorf), Marie-Hélène Ruscher (Hélène de Reisenberg), Florence Villevière (Camilla et les autres conjurées), Anne-Emmanuelle Davy (Isella), Svetli Chaumien (Udolin), Elisabeth Macocco (comédienne)
Philippe Cassard (piano), Bernard Tétu (direction musicale)
Jean Lacornerie (mise en espace), Robin Chemin (costumes), Patrick Millet (conception surtitrage et création vidéo)
Les opéras de Schubert n’ont généralement pas grande audience auprès des salles lyriques, faute d’une veine jugée suffisamment dramatique. Aussi la programmation du singspiel Les Conjurées à l’Opéra de Saint-Etienne suscite-t-elle un intérêt légitime, quand bien même il est donné dans un format chambriste, en réduction pour piano. La présente production est issue d’une tournée des Solistes de Lyon, qui a été donnée entre autres dans le cadre du festival d’Ile-de-France.
L’idée consistant à projeter le texte sur un écran en arrière-fond de la scène ne manque pas d’intérêt, et contribue à donner une cohérence presque télévisuelle au spectacle. Le décor se limite en effet à l’indispensable pour une mise en espace, à savoir une table et des chaises, tout à fait adéquats dans les réunions et complots qui forment la trame du livret d’Ignaz Franz Castelli. Elisabeth Macocco, qui assume la narration, ne manque pas de présenter le cadre avec une fausse emphase emplie d’humour. Cependant, l’insistance des commentaires potaches en italique rosé finit par lasser. L’excès déictique de la distance s’avère à la fois pénible et attendu, quand bien même elle fait imperturbablement mouche auprès du public de la salle Copeau. De plus, le procédé consistant à confisquer les dialogues des acteurs pour les remettre à une comédienne donne à l’ensemble une allure de conte certes sympathique, mais passablement moralisant, d’autant que l’intrigue a subit la censure de Metternich – la version originelle semble perdue. Les talents d’Elisabeth Macocco ne sont nullement en cause; il reste que cela laisse une impression d’infantilisation. On peut au moins se consoler que le calendrier plaiderait en faveur d’un tel divertissement, car il faut bien amuser le monde comme des enfants, pour reprendre les mots de La Fontaine.
L’ensemble des solistes incarnent leurs personnages avec une fraîcheur certaine, reléguant le format parfois chambriste de la projection vocale – en accord avec l’esprit de la production. On retiendra le couple de domestiques, Isella et Udolin, servis par Anne-Emmanuelle Davy et Svetli Chaumien. La comtesse de Stéphanie Revidat impose une certaine autorité tandis que son époux, Philippe Cantor, abuse parfois des râles que lui a confiés une scénographie un peu serrée.
De manière assez symptomatique, on parvient assez aisément à oublier qu’il s’agit d’une condensation instrumentale, tant l’écriture harmonique et mélodique semble conformée aux exigences du clavier. Et ce n’est pas l’un des moindres bonheurs que d’avoir substitué à l’Ouverture le mouvement initial de la Sonate D. 850 (en ré majeur), d’autant que l’on peut reconnaître des tournures apparentées dans le corps de l’ouvrage. Le Steinway de Philippe Cassard sonne avec une souplesse et une rondeur très agréables, à l’instar de cette belle partition, qui pourrait peut-être se passer de support visuel. Chef de chœur, Bernard Tétu surveille ses solistes, plus qu’il ne semble avoir besoin de les diriger, incarnés qu’ils sont dans leurs personnages.
Le site des Chœurs et Solistes de Lyon
Gilles Charlassier
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