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Liszt chez les jeunes

Paris
Amphithéâtre Bastille
12/02/2011 -  
Franz Liszt : Mélodies et Lieder
Andreea Soare, Ilona Krzywicka (sopranos), Agata Schmidt, Anna Pennisi, Marianne Crebassa (mezzo-sopranos), Cyrille Dubois, João Pedro Cabral (ténors), Florian Sempey, Michal Partyka (barytons), Philip Richardson, Alissa Zoubritski, Jorge Giménez, Françoise Ferrand (piano)


(© Opéra national de Paris/Mirco Magliocca)



Pas faciles pour un chanteur, la mélodie et le lied. Ceux de Liszt n’échappent pas à la règle. Pourquoi se font-ils si rares au concert, alors que le compositeur y témoigne souvent d’une hauteur d’inspiration digne d’un Schumann ? Merci donc à l’Atelier lyrique et d’avoir relevé le défi et de leur avoir consacré, bicentenaire oblige, toute une soirée. Une belle soirée au demeurant, grâce à ces jeunes voix, qui ont chacun interprété entre un et trois morceaux. S’ils sont déjà entrés dans la carrière, leur talent s’affermit à l’Atelier lyrique, où la sélection est sévère.


La Polonaise Agata Schmidt inaugure le concert, authentique mezzo aux couleurs chaudes, assez typiquement slave, qui a le sens du texte et dramatise sans outrance le célèbre « Es war ein König in Thule ». Dans « La Lorelei », Andreea Soare paraît encore un peu verte, non sans quelque dureté dans le timbre, mais la voix de la soprano roumaine s’arrondit ensuite, se révèle longue et homogène, maîtrisant le souffle et la ligne, terminant sur un « Oh quand je dors » séduisant. On retrouve toujours avec plaisir le baryton d’opéra qu’est Florian Sempey, la richesse de ses harmoniques, l’aisance de son aigu, sa capacité à alléger son émission pour la nuance, « J’ai perdu ma force et ma vie » confirmant son sens de la déclamation. Plus discrète, plus appliquée, plus timide même s’avère la mezzo-soprano italienne Anna Pennisi : « La Perla » appelle une voix qui se projette plus aisément. Mieux connus à travers leur version pianistique de la Deuxième Année de pèlerinage, les « Trois Sonnets de Pétrarque » se destinent à un ténor à la Nourrit ou à la Duprez, ne redoutant pas les notes suraiguës et familier des grâces du bel canto : Cyrille Dubois, fort d’une émission haute et d’une maîtrise du registre de tête, répond à ces critères, impressionnant par son aisance à dominer sa voix bien timbrée, péchant seulement ici ou là par une légère tendance au vérisme là où il ne faudrait penser qu’à Bellini.


Ténor lui aussi, le Portugais João Pedro Cabral a des moyens plus modestes. Après un « Hohe Liebe » peu assuré, sans doute à cause du trac, « Kling leise, mein Lied » montre heureusement que la voix peut être joliment conduite. Quelle présence, quelle maturité, en revanche, chez le baryton polonais Michal Partyka, que son timbre mordant destine aux grands rôles d’opéra… et au très dramatique « Vergiftet sind meine Lieder », dont il exalte la noirceur. Un peu gênée par la rapidité d’un « Es rauschen die Winde » qui distend ses registres, sa compatriote Ilona Krzywicka affirme ensuite, dans « Freudvoll une leidevoll » la souplesse rayonnante de son aigu. Il revient à Marianne Crebassa de clôturer la soirée : déjà remarquée en Orphée de Gluck, prix de l’Arop 2011, la mezzo française frappe une fois de plus, dès un superbe « Mignons Lied » par la richesse de son timbre, l’homogénéité de sa tessiture, avec des graves bien assis, la profondeur et l’intensité vibrante qu’elle met dans ses interprétations.


Quatre jeunes pianistes aussi pour accompagner. Assez inégaux à vrai dire, alors que le clavier est un partenaire : si Alissa Zoubritski est la plus inventive et la plus colorée, Jorge Giménez le plus éloquent, la sécheresse de Philip Richardson ne s’accorde guère au piano de Liszt et Françoise Ferrand ne chante pas assez à l’unisson des voix.



Didier van Moere

 

 

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