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Fraîcheur et simplicité

Toulon
Théâtre municipal
11/13/2011 -  et 15, 18 novembre 2011
Wolfgang Amadeus Mozart : Der Schauspieldirektor, K. 486 – Bastien und Bastienne, K. 46b [50]

Manuel Nunez Camelino (Monsieur Vogelsang/Bastien), Olivia Deray (Mademoiselle Silberklang/Bastienne), Luigi de Donato (Buff/Colas), Julia Kogan (Madame Herz), Ged Marlon (Un comédien)
Orchestre de l’Opéra de Toulon, Pascal Verrot (direction musicale)
Frédéric Bélier-Garcia (mise en scène et dramaturgie), Jacques Gabel (décors), Sarah Leterrier (costumes), Roberto Venturi (lumières)


(© Frédéric Stéphan)


Le singspiel est un genre qui a accompagné toute la carrière de Mozart, de son premier essai dans le genre, Bastien et Bastienne, écrit à douze ans, à La Flûte enchantée. Contemporain des Noces de Figaro, Le Directeur de théâtre narre les avanies d’un régisseur et les surenchères des artistes, croquant un tableau du monde impitoyable des planches. Plutôt que de présenter successivement ces deux ouvrages brefs, Frédéric Bélier-Garcia a eu l’idée d’insérer les amours contrariées de Bastien et Bastienne dans le cadre dramatique de la pièce de la maturité. Davantage qu’une mise en abyme traditionnelle, les airs et les ensembles de chacun sont mêlés, alternant ainsi les coulisses et l’espace de la représentation – l’ouvrage que le directeur va monter est de fait le singspiel de jeunesse. Le pari accouche ainsi d’un spectacle hybride, tendant parfois ostensiblement la main aux nombreux enfants présents dans le public.


Les dialogues ont été traduits – plutôt adaptés dirons-nous – afin de retrouver l’immédiate connivence entre les acteurs et les spectateurs. L’intervention des trois figurants ajoute une dimension anecdotique qui n’est pas pour déplaire, si elle ne mettait d’emblée les deux pieds dans la caricature: on propose au directeur un enfant sans voix pour le chanteur, un monsieur corpulent pour la danse, et un troisième dont on ne dit pas le rôle – on se saurait que penser de cette répartition au comique démagogique, se substituant aux rôles secondaires du livret originel du Directeur de théâtre. Les effets de magie pour l’air d’invocation de Colas, «Diggi, dagi», ne manquent pas leur cible. Le troupeau de moutons finit quant à lui par lasser. Nonobstant ces réserves, le spectacle se laisse regarder, et ne sollicite point inutilement la réflexion. Un resserrement de la scénographie aurait été cependant bienvenu, en préservant un peu de la prétention intellectuelle originelle.


Les quatre solistes réunis s’avèrent justement calibrés aux dimensions des ouvrages et de la production. Olivia Deray séduit en Bastienne éperdue et un peu gauche. Les couleurs déployées sont idéalement celles requises. On perçoit une tendre innocence qui se change en rivalité furieuse dans l’affrontement des deux prime donne. Julia Kogan lui donne la réplique avec vigueur. La projection décidée du soprano colorature américano-ukrainien confère à madame Herz une exubérance sapide. Le timbre agréable de Manuel Nunez-Camelino fait des rôles de Bastien et monsieur Vogelsang un écrin pour ses partenaires féminines. Quant à Luigi de Donato, il s’acquitte fort honnêtement de la sympathique habileté de Colas et de Buff. A la tête de l’orchestre de l’Opéra de Toulon, Pascal Verrot ne cherche nullement à malmener les tempi au nom de quelque originalité musicologique.



Gilles Charlassier

 

 

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