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Parasitages divers et variés

Paris
Salle Pleyel
11/09/2011 -  
Olivier Messiaen : Les Offrandes oubliées
Robert Schumann : Concerto pour piano en la mineur, opus 54
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, épisode de la vie d’un artiste, opus 14, H. 48

Dang Thai Son (piano)
Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)


Dang T. S.


En prévision d’une tournée asiatique qui, du 18 novembre au 3 décembre, va prochainement le conduire de Tokyo à Beijing en passant par Fukuoka et la Corée du Sud, l’Orchestre de Paris donnait ce soir un programme que l’on peut qualifier de «grand public» et qui comportait notamment, comme d’ailleurs le concert du lendemain (seule la première partie étant modifiée), la Symphonie fantastique, cheval de bataille de toutes les phalanges françaises.


Bien que ne s’inscrivant pas expressément dans le triptyque ouverture/concerto/symphonie, les œuvres données ce soir pouvaient en tenir lieu puisque ce concert débutait par les brèves Offrandes oubliées (1930-1931) d’Olivier Messiaen (1908-1992). Partition plus difficile qu’elle ne peut le sembler de prime abord, les trois séquences de cette «méditation symphonique» permettent ainsi de mettre à rude épreuve les différentes facettes d’un orchestre, la partie centrale requérant l’ensemble des instrumentistes tandis que la dernière, tout en finesse, fait seulement appel aux cordes. Enlevée avec fougue et beaucoup de soin, l’interprétation de l’Orchestre de Paris et de son chef Paavo Järvi a malheureusement été gâchée par une incroyable profusion de toux, d’éternuements, de bruits de toutes sortes qui n’auront fait que polluer le concert d’un bout à l’autre. Pollution pour l’oreille donc (notamment à la fin de la dernière partie, «L’Eucharistie»), distraction de l’œil également puisque, le concert étant retransmis en direct sur Arte Live Web, le public aura pu voir trois cameramen parcourir en tous sens la scène pour fixer le meilleur angle possible, à l’image par exemple de ce technicien qui s’est précipité (sûrement alerté par sa régie) pour aller faire un gros plan sur le triangle dans la deuxième séquence («Le Péché»).


On espérait donc un peu de répit, au sein de toute cette agitation, avec le célébrissime Concerto pour piano (1845) de Robert Schumann (1810-1856), aboutissement d’une longue gestation créatrice qui ne trouva son dénouement que dans le mariage avec Clara Wieck, prélude à une période particulièrement heureuse dans la vie du compositeur. L’attente était d’autant plus fébrile que le soliste de la soirée, qui faisait là ses débuts avec l’Orchestre de Paris, était Dang Thai Son, pianiste vietnamien rendu célèbre pour avoir notamment été le premier Asiatique à remporter le prestigieux premier prix du concours Chopin de Varsovie, en octobre 1980. On en sera malheureusement pour ses frais puisque l’interprétation se révéla globalement tout juste acceptable. On se raidit dès le premier (et attendu) accord, où la précipitation élude toute solennité et instaure au contraire un climat brouillon. Les décalages entre le soliste et l’orchestre sont nombreux, notamment dans les premier et troisième mouvements, témoignant peut-être d’une certaine fébrilité de Paavo Järvi qui peine à accorder l’ensemble. Doué d’un toucher d’une légèreté et d’une finesse admirables, Dang Thai Son, par ailleurs non avare de fausses notes dans le premier mouvement (Allegro affetuoso), ne distille pour autant pas beaucoup d’émotion, confondant peut-être réserve et intimité, ne donnant le meilleur de lui-même que dans l’Intermezzo (Andantino grazioso). Seul le bis, lui aussi émaillé de bruits venant d’un public plus qu’inattentif, aura permis de rééquilibrer cette impression d’ensemble, Dang Thai Son livrant une magnifique Mazurka de Frédéric Chopin (1810-1849), la Quatrième de l’Opus 17.


Pour un orchestre français, donner la Symphonie fantastique d’Hector Berlioz (1803-1869), qui plus est dans le cadre d’une tournée à l’étranger, relève du lieu commun. On peut d’autant plus le dire pour l’Orchestre de Paris, héritier de la Société des Concerts du Conservatoire qui créa la symphonie en 1830, que le programme, détaillant ses prestations passées, met en évidence le fait qu’elle a été à l’affiche chaque année sans discontinuer depuis sa création en 1967. En tant que chef titulaire, il appartenait logiquement à Paavo Järvi de donner à son tour cette œuvre emblématique: là aussi, le bilan aura été plus que mitigé. Certes, que de beaux moments: des clarinettes (Pascal Moraguès, Olivier Derbesse à la mi bémol), des bassons, une flûte solo (Vicens Prats), un cor anglais dans la «Scène aux champs» (Gildas Prado), des percussions à vous faire chavirer, qui témoignent encore une fois de la bonne forme des phalanges parisiennes en ce début de saison. On mentionnera également la dextérité des cordes mais on s’étonne néanmoins de leur manque de cohésion et de plénitude sonore. Surtout, on se demande quelle est la conception de Järvi dans cette œuvre. S’il dirige très bien ses musiciens techniquement parlant, sa battue, souvent raide et métronomique, ne laisse à aucun moment l’orchestre respirer. Totalement bridé, celui-ci donne une vision trop mécanique d’une partition qui, au contraire, demande à être plus extravagante et plus libre en certains endroits, plus méditative et plus nonchalante en d’autres. Comme si cela ne suffisait pas, on aura de nouveau droit au ballet des cameramen qui, pour l’un, court filmer en gros plan les percussions lors de la «Marche au supplice», pour l’autre renverse les partitions d’un musicien en s’approchant trop près des contrebasses.


En conclusion, et en dépit d’un public enthousiaste (nombreux sont les spectateurs qui se lèvent au moment des applaudissements), on ne peut qu’être circonspect du résultat ainsi obtenu qui demande à être franchement perfectionné en vue de la prochaine tournée de l’orchestre en Extrême-Orient.


Le site de Dang Thai Son


Le concert en intégralité:






Sébastien Gauthier

 

 

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