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Images d’Espagne et d’ailleurs Paris Théâtre du Châtelet 11/06/2011 - Marc-Olivier Dupin : Habanera (création)
Claude Debussy : Images: «Gigues» et «Rondes de printemps»
Manuel de Falla : Noches en los jardines de Espana
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition (orchestration Maurice Ravel)
Anne Queffélec (piano)
Orchestre Pasdeloup, Wolfgang Doerner (direction)
L’Euro(pe) est mal en point, mais pas à l’Orchestre Pasdeloup, qui, toujours avec Patrice Fontanarosa comme conseiller artistique, a placé 2011-2012 sous le signe des «EuropeS», insistant ainsi sur une pluralité qui était aussi celle des Amériques de Varèse. Fondée en 1861, l’association symphonique la plus ancienne de la capitale fête ses cent cinquante ans, ce dont témoigne un ouvrage tout juste paru chez Symétrie («Jules Pasdeloup et les origines du concert populaire» de Yannick Simon, prochainement chroniqué dans nos colonnes), en donnant dix concerts le samedi ou le dimanche après-midi à Pleyel, au Châtelet ou à Gaveau, dont quatre avec Wolfgang Doerner, qui demeure ainsi premier chef invité de facto.
Comme tous les concerts de cette année, le troisième est introduit par l’une des Danses d’Europe, brefs préludes commandés à Marc-Olivier Dupin: avec un rythme caractéristique et des harmonies prévisibles, sa Habanera revendique le premier degré et a tout d’une carte postale, ce qui est tout à fait en situation dans un programme intitulé «Images». Des Images (1912), justement, de Debussy, le volet central, «Iberia», est curieusement omis, au profit des plus rares «Gigues» et «Rondes de printemps». La mise en place est remarquable, l’exécution techniquement satisfaisante, mais on rêve de textures plus aériennes, aérées et raffinées.
Les Nuits dans les jardins d’Espagne (1915) de Falla sont à l’affiche à quatre reprises à Paris cette saison, conjonction astrale exceptionnellement favorable à ces «impressions symphoniques» réservées à des pianistes sachant faire preuve de modestie, puisque la partie soliste, comme dans la Symphonie cévenole de Vincent d’Indy, ne présente pas tout à fait un caractère véritablement concertant. C’est Anne Queffélec qui ouvre cette série, sachant s’effacer quand il le faut, demeurant dans la filiation qu’on appellera, faute de mieux, «impressionniste», plus réservée (à la française) que hautaine (à l’espagnole), l’exubérance et le panache étant l’apanage de l’orchestre, que Doerner mène avec vigueur. Le public le plus mou de Paris n’accorde qu’un maigre rappel à la pianiste, qui n’offre donc pas de bis et rejoint dare-dare les rangs des spectateurs pour entendre la fin du programme.
Pour conclure ces différentes évocations et descriptions, Doerner, dubitatif quant à la solidité de la rampe d’appui fixée à son estrade, dirige les Tableaux d’une exposition (1874) de Moussorgski, bien sûr dans l’orchestration (1922) de Ravel: sans refuser des effets de bon aloi, il prend son temps, s’attachant à faire ressortir la poésie – «Promenades» suivant «Gnomus» et «Bydlo», «Il vecchio castello» irréel – et la saveur – «Limoges. Le Marché» et «La Cabane sur des pattes de poule» – de l’œuvre. Si la finition instrumentale n’est pas toujours parfaite, la section des cuivres ne rate pas une occasion de se mettre en valeur.
Le site de l’Orchestre Pasdeloup
Simon Corley
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