About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Coq-à-l’âne

Paris
Gaîté lyrique
11/05/2011 -  
Denis Schuler : In Between (création française)
Johann Sebastian Bach : Concerto pour clavier n° 1, BWV 1052 (arrangement pour mandoline)
Jean-Philippe Rameau : Zoroastre: Ouverture – Les Boréades: Contredanse en rondeau – Les Indes galantes: Air des sauvages
György Ligeti : Concerto pour violon

Hae-Sun Kang (violon), Avi Avital (mandoline)
L’Orchestre de chambre de Genève, David Greilsammer (direction)


D. Greilsammer et L’Orchestre de chambre de Genève
(© Bertrand Cottet)



En 1992, le Collegium academicum fondé en 1958 par Robert Dunand est devenu L’Orchestre de chambre de Genève (majuscule initiale comprise), dont David Greilsammer (né en 1977) est devenu le directeur musical en 2009. On reconnaît la signature du pianiste israélien aux baskets dorées dans cette série de quatre «résidences» de la formation genevoise à la Gaîté lyrique: le choix d’un lieu original, rénové de fond en comble et dédié depuis mars dernier aux «cultures numériques», et, surtout, une programmation rappelant celle de ses récitals où sont associés Bach et Cage, Frescobaldi et Nico Muhly. La thématique du dernier week-end (7-9 décembre 2012) n’est pas encore connue, mais le deuxième et le troisième seront respectivement intitulés «Musiques traditionelles, électro... et Mozart!» (27- 29 janvier) et «Made in the USA!» (4-6 mai). D’ici là, le premier mêle joyeusement «Baroque et contemporain», Couperin et Scelsi, Scarlatti et Cage, Leclair et Berio, Vivaldi et Crumb, dans les configurations les plus diverses (orchestre, bien sûr, mais aussi récital de piano et musique de chambre, du duo de violons au quintette à vent, et même danse) et avec, le dimanche à midi, un «atelier sur la matière sonore», le prix de ces différentes manifestations s’échelonnant entre 10 et 35 euros.


Même si derrière sa façade Second Empire superbement restaurée et son hall techno, l’endroit se révèle aussi avenant que l’espace de projection de l’IRCAM ou, pour prendre l’exemple d’un autre site récemment ouvert à l’initiative de la mairie de Paris, la salle 400 du CENTQUATRE, il est fonctionnel, avec ses gradins à forte déclivité. Il se révèle en revanche un peu étroit pour les forces en présence le samedi soir, les percussions étant placées sur la coursive surplombant l’arrière-scène. Et, outre le fait que le bruit d’une soufflerie se fait parfois entendre, l’acoustique, très mate, n’est guère flatteuse. La création française d’In Between (2010) de Denis Schuler (né en 1970) en fait les frais, peut-être aussi parce que l’essentiel des bois est placé au dernier rang, derrière les cuivres. Ainsi que l’indique Greilsammer dans une présentation liminaire suppléant l’absence de programme de salle, le titre évoque non seulement l’articulation entre le quatuor à cordes soliste, au premier plan, et le reste de l’orchestre, mais aussi l’opposition entre timbres habituels et modes de jeu originaux suscitant des bruitages et sons à hauteur indéfinie. Malheureusement, cette succession d’événements sans queue ni tête, de grincements, couinements et autres grognements d’une parfaite laideur reste bien loin des promesses d’une pièce à la Lachenmann.


Avec cette «résidence» à cheval sur les époques, le revers de la médaille, ce sont les changements de plateau, portant la durée du concert à près de deux heures et demie, mais aussi les coq-à-l’âne. L’objectif principal est certes de montrer ce que les compositeurs actuels doivent à l’héritage ancien, mais le moins qu’on puisse dire est que la venue de l’Israélien Avi Avital (né en 1978) dans le Concerto pour clavier en ré mineur de Bach contraste radicalement. Cela étant, son adaptation pour mandoline de la partie soliste n’est pas aberrante du tout: non seulement Vivaldi, dont il donne en bis le Largo du Concerto en ré RV 93, écrivait à la même époque des concertos pour cet instrument, mais on reste, comme le clavecin, dans le domaine des cordes pincées. Difficile en tout cas de rester insensible à ce défi technique, soutenu par les cordes sans vibrato, renforcées par un basson dans les mouvements impairs.


Trois zestes de Rameau ouvrent la seconde partie: l’Ouverture de Zoroastre (1749), la Contredanse en rondeau de l’acte I des Boréades (1763), avec tom-toms, tambour et mouvement perpétuel en diminuendo souligné par un trait de cymbale suspendue, et le fameux «Air des sauvages» des Indes galantes (1735). Si élancé, sec et ironique soient-ils, ces extraits restent en deçà de ce que les «baroqueux» obtiennent désormais dans ce répertoire et font ressortir les limites des vents de l’ensemble suisse. Après une présentation improvisée mais un peu flottante, le Concerto pour violon (1992) de Ligeti, très à l’honneur durant le week-end, conclut la soirée: Hae-Sun Kang en maîtrise la terrifiante difficulté technique et expressive avec une confondante autorité.


Le site de la Gaîté lyrique
Le site de L’Orchestre de chambre de Genève
Le site de David Greilsammer
Le site de Denis Schuler
Le site d’Avi Avital



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com