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Maîtres d’hier et d’aujourd’hui

Paris
Salle Pleyel
10/15/2011 -  
Igor Stravinsky : Scènes de ballet – Symphonie en ut
Jörg Widmann : Concerto pour violon et orchestre (création française)

Christian Tetzlaff (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, John Storgårds (direction)


J. Storgårds (© Heikki Tuuli)


Tandis que la violoniste bavaroise Carolin Widmann se produisait à l’Auditorium du Louvre, était créé, salle Pleyel, un concerto pour violon écrit par son frère, éminent clarinettiste et compositeur encore peu connu au concert en France (voir toutefois ici, ici et ici), Jörg Widmann (né en 1973). L’œuvre, créée en 2007 à Essen, puis présentée en 2009 à Londres et en septembre dernier à Stockholm est, disons-le nettement, passionnante de bout en bout. Le soliste est constamment présent durant les vingt-sept minutes qu’elle dure, et son discours est en permanence inventif, intense et lyrique. Le début pourrait faire penser à Prokofiev, certains passages à Korngold, mais la référence qui s’impose à l’évidence est celle du Concerto à la mémoire d’un ange (1935) d’Alban Berg, la citation n’étant parfois pas loin. L’écriture est toujours tendue, avant comme après cet étonnant moment, au milieu du concerto, où soliste, chef et orchestre se figent comme pétrifiés. La partie soliste fait clairement appel à la virtuosité de l’instrumentiste, comme pour jouer avec les frontières du possible, alors que la partie orchestrale, fruit d’une vaste culture musicale, appuie son discours presque rhapsodique de manière toujours brillante et sans jamais l’écraser même lorsque le compositeur joue sur les contrastes entre les graves des six contrebasses et les aigus extrêmes du violon.


Evidemment, le violoniste allemand et créateur de l’œuvre Christian Tetzlaff (né en 1966) rend pleinement justice à ce concerto: il y déploie un jeu expressif exceptionnel ainsi qu’une palette de couleurs impressionnante. Il est vraiment regrettable que le public n’ait pas été plus nombreux pour l’entendre. Les présents obtiennent néanmoins un bis tout d’élégance et de simplicité: l’Andante de la Deuxième Sonate de Bach. D’effusif, le violon se fait alors remarquablement recueilli.


L’œuvre de Jörg Widmann était encadrée par des pièces d’un tout autre univers: en première partie, par les Scènes de ballet (1944) d’Igor Stravinsky (1882-1971) et, en seconde partie, par sa Symphonie en ut (1940). La musique de ballet, néoclassique, conçue pour Broadway et rappelant parfois Pulcinella et L’Oiseau de feu, n’est pas la meilleure de son auteur – on sent les formules – mais l’orchestre dirigé par le violoniste et chef finlandais John Storgårds (né en 1963), plus soucieux du détail que du rythme et du sens de la vitesse, en offre malgré tout une belle version, racontant une histoire s’achevant dans une ample et puissante apothéose sans que son fil soit au demeurant toujours clair. La symphonie, éminemment classique, peut rappeler la rigueur de Haydn mais aussi – osons – la Symphonie en ut (1855) de Georges Bizet par sa tonalité, sa vigueur juvénile (alors que Stravinsky a près de soixante ans au moment de sa création) et sa formidable unité. Elle est interprétée avec le même souci du détail que le ballet, avec un brin de lenteur, mais paraît moins convaincante, notamment du côté des cuivres, leurs attaques n’étant pas toujours tirées au cordeau (notamment au début du Largo final). Le deuxième mouvement (Larghetto concertante), ne manque néanmoins pas de charme pour ne pas dire de lyrisme. C’est le mouvement le plus réussi.


Le site de Jörg Widmann
Le site de John Storgårds
Le site de Christian Tetzlaff



Stéphane Guy

 

 

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