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De Budapest à New York

Paris
Salle Pleyel
09/30/2011 -  
Zoltán Kodály : Galántai Táncok
Samuel Barber : Concerto pour piano, opus 38
Béla Bartók : Concerto pour orchestre, sz. 116

Garrick Ohlsson (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


G. Ohlsson (© Paul Body)


Public un peu clairsemé en ce vendredi à Pleyel, car on peut comprendre que tous les spectateurs n’aient malheureusement pas le même enthousiasme ni la même curiosité que cette spectatrice qui explique à ses voisins: «Moi, j’aime bien découvrir les compositeurs que je ne connais pas». Pourtant, intitulée à l’origine un «concert de concertos», la soirée prend une tournure un peu plus familière que prévu: déjà attendue une première fois en mars dernier, la création du Concerto de Justin Dello Joio, commande conjointe de Radio France et de l’Orchestre symphonique de Boston, souffre d’un nouveau report, cette fois-ci à 2013.


La cohérence du troisième programme de la saison du Philharmonique de Radio France aurait toutefois pu être préservée, puisque quitte à choisir Kodály comme entrée en matière, c’était l’occasion de s’intéresser à son rare Concerto pour orchestre, de durée tout à fait comparable aux célèbres Danses de Galánta (1933), qui lui ont été préférées bien que déjà dirigées par Gustavo Dudamel en mai 2008. Myung-Whun Chung, pour sa part, ne résiste pas toujours à la tentation de s’y livrer à une démonstration trop appuyée: la pâte orchestrale est certes séduisante, fondée sur un effectif fourni (cinquante-sept cordes) et de beaux solos (à commencer bien sûr par celui de Nicolas Baldeyrou à la clarinette), mais l’approche est résolument symphonique, «grand format», le fort est très fort, le lent très lent, le rapide très rapide.


Il faut rendre hommage à Garrick Ohlsson, dédicataire du Concerto de Dello Joio, d’avoir trouvé une solution de remplacement sortant des sentiers battus, tout en demeurant dans la musique américaine. Car le Concerto pour piano (1962) de Barber – pas plus que celui pour violoncelle, au demeurant – ne s’est pas imposé au répertoire comme son Concerto pour violon, avec lequel il partage pourtant au moins un point commun: une genèse assez mouvementée en raison d’un Finale contesté in extremis par ses destinataires. Moins suave et confortable pour l’auditeur, il n’en demeure pas moins d’essence romantique, sorte d’hybridation entre les épanchements d’un Rachmaninov et la sécheresse d’un Hindemith. Plus développé que les deux suivants réunis, le premier mouvement, introduit par le piano seul, renferme à la fois un long développement confié à l’orchestre et une cadence soliste. Un tantinet crapuleuse, la «Canzone» centrale, comme un nocturne sensuel, contraste avec l’Allegro molto final, rondo au refrain d’énergique toccata. Athlétique en diable, le pianiste américain se taille un beau succès, y compris auprès de l’orchestre. Il annonce ses deux bis avec une articulation méticuleuse: il ne fait qu’une bouchée du Prélude en ut dièse mineur, deuxième des cinq Morceaux de fantaisie (1892) de Rachmaninov, mais dans une bien complaisante Grande valse brillante opus 18 (1831) de Chopin, il y a de quoi se demander ce qu’est devenu celui qui remporte le concours de Varsovie (1970), devant Mitsuko Uchida, Piotr Paleczny et Eugen Indjic.


Pour la sixième fois en moins de douze ans, le Concerto pour orchestre (1943) de Bartók, emblématique de l’exil américain du compositeur hongrois, est à l’affiche du Philhar’, qui l’a déjà interprété en janvier 2000 avec Kent Nagano, en mai 2004 avec Peter Eötvös, en janvier 2006 avec Neeme Järvi et en février 2009 avec Philippe Jordan. C’est toutefois assez tardivement, en mars 2008, qu’il l’a abordé avec son directeur musical. S’il ne renouvelle peut-être pas pleinement la réussite d’il y a trois ans, Chung conserve cependant d’évidentes affinités avec cette œuvre brillante et expressive: ayant renforcé les cordes (dix musiciens supplémentaires), il prend le temps de faire sonner amplement et largement la matière, notamment dans l’introduction lente et dans la longue mélodie aux altos puis aux violons dans l’«Intermezzo interrotto». C’est le caractère plus narratif des trois mouvements centraux qui est sans doute le mieux mis en valeur, avec notamment un «Presentando le coppie» fin et léger puis une «Elegia» dramatique et intense. En cette rentrée, le seconde phalange confirme sa bonne santé: la mise en place ne pèche que marginalement – le Finale remplit pleinement son contrat virtuose – et c’est plutôt la cohésion, notamment des bois, qui mérite d’être saluée.


Le site de l’Association des amis de Samuel Barber



Simon Corley

 

 

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