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Un chef sous-estimé

Bucharest
Athénée roumain
09/13/2011 -  
Charles Ives : Holidays Symphony: «The Fourth of July»
Leonard Bernstein : Symphonie n°2 «The Age of Anxiety»
Georges Enesco : Suite n°3 «Villageoise» en ré majeur op. 27
Benjamin Britten : Variations et fugue sur un thème de Purcell op. 34

Dana Ciocarlie (piano)
Orquestra Gulbenkian, Lawrence Foster (direction )


L. Foster (© Alexandra Jitariuc)


Beau concert que celui de l’Orchestre de la Fondation Gulbenkian. Le « Quatre Juillet » de Charles Ives révèle un Lawrence Foster vif et précis, débroussaillant les incroyables collages du compositeur américain – on regrette seulement que l’ensemble sonne trop fort dans une salle faite pour accueillir des phalanges plus modestes. La Deuxième Symphonie de Bernstein donne ensuite un exemple d’équilibre entre l’orchestre et le piano, auquel Valery Gergiev n’avait pu parvenir la veille dans le Prométhée de Scriabine. Dana Ciocarlie a ainsi le champ libre pour libérer son jeu coloré, puissant mais jamais massif, percussif mais jamais dur dans les passages jazzy, trouvant la balance juste entre la tradition européenne et les accents américains, soutenue par un chef fidèle à la double dimension, mystérieuse et jubilatoire, de la partition. En bis, une éblouissante Toccata de Paul Constantinescu, un des chevaux de bataille de la pianiste.

Mais c’est dans la Troisième Suite d’Enesco que Lawrence Foster donne le meilleur de lui-même. Rien d’étonnant : qui connaît aujourd’hui mieux que lui, hors de Roumanie, une œuvre qu’il a étudiée en profondeur et enregistrée avec tant de soin ? L’opus 27 n’est pourtant pas facile, souvenirs d’enfance transcendés par la maturité d’un musicien se hissant ici au niveau d’un Bartók par ses audaces en tout genre. « Renouveau champêtre » sonne dru, plein de verdeur et de fraîcheur, avant un « Gamins en plein air » bondissant et pétillant, où les percussions n’ont rien à envier à Bernstein, où les alliages de timbres inédits s’imposent aussitôt. Un lyrisme intense parcourt « La vieille maison de l’enfance », aux sonorités parfois si étranges, avec son cor anglais venu tout droit de Tristan, sans que jamais diminue la clarté des plans sonores. « La Rivière sous la lune » baigne dans un mystère irréel, brisé par l’âpreté dionysiaque des « Danses rustiques » – pas seulement roumaines au demeurant – finales. Parfait exemple de l’identification d’un interprète à un musicien qui n’a plus de secrets pour lui – on se dit du coup que Gergiev, la veille, ce n’était pas tout à fait ça… Cela dit, l’identification n’est pas moindre avec les Variations de Britten, pourtant si différentes : signe de l’éclectisme d’un chef de haut rang fréquentant volontiers l’école buissonnière, souvent sous-estimé.



Didier van Moere

 

 

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